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Boxe: Rivalités et talent, pourquoi Shields-Marshall et Mayer-Baumgardner sont des chocs bouillants

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Enorme soirée pour la boxe féminine ce samedi (à suivre à partir de 21h sur RMC Sport 1). A Londres, deux unifications mondiales sont au programme dans des combats sur fond de rivalités explosives avec quatre boxeuses d’élite: Claressa Shields contre Savannah Marshall d’un côté, Mikaela Mayer face à Alycia Baumgardner de l’autre. RMC Sport vous explique pourquoi cette carte historique est immanquable si vous aimez le noble art.

Parce que Shields et Marshall sont deux des meilleures boxeuses de la planète

Attendu depuis longtemps, et reporté de cinq semaines entre septembre et octobre suite au décès de la reine Elizabeth II, le combat entre Claressa Shields et Savannah Marshall réunit deux des membres du top 10 pound-for-pound (toutes catégories confondues) du magazine de référence The Ring. Deuxième de ce classement, derrière l’Irlandaise Katie Taylor, Claressa Shields fait partie de ce qui se fait de mieux dans la boxe féminine depuis plusieurs années. Double championne du monde (2014 et 2016) et double championne olympique (2012 et 2016) chez les amateurs, l’Américaine de 27 ans a poursuivi sa domination chez les pros avec douze victoires en autant de combats.

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Championne WBC-IBF des super-moyens dès son quatrième combat en 2017, la "GWOAT" – pour greatest woman of all time, la plus grande femme de tous les temps, surnom attribué par elle-même, en toute simplicité – est ensuite devenue la plus rapide de l’histoire hommes et femmes confondus à conquérir des titres dans deux puis trois catégories différentes, respectivement à ses septième et dixième combats. Au passage, Shields a unifié les quatre ceintures (et même cinq avec la prestigieuse version The Ring) chez les moyens puis les super-welters, devenant la première de l’histoire hommes et femmes confondus à le réaliser depuis l’avènement de l’ère à quatre ceintures.

Du très lourd, quoi. Seul un léger manque de puissance et donc la capacité à mettre des KO – elle n’en compte que deux, le dernier en date en 2017 – empêche sans doute celle qui fait également du MMA professionnel en parallèle, avec pour l’instant un bilan de 1-1 dans l’organisation PFL, de devenir une plus grande star sur la planète sport. De l’autre côté, Savannah Marshall, neuvième du classement pound-for-pound de The Ring, présente elle aussi un immense talent et une carrière solide.

Championne du monde 2012 chez les amateurs, titre au centre de sa rivalité avec Shields comme on va le voir plus tard, la Britannique de 31 ans surnommée "Silent Assasin" (l’assassine silencieuse) affiche elle aussi douze succès en autant de combats dans son parcours pro entamé à l’été 2017. Depuis octobre 2020 et victoire par TKO sur Hannah Rankin, elle porte la ceinture de championne WBO des moyens auparavant propriété de… Shields avant d’être rendue vacante. A Londres, ce samedi, celle qui affiche bien plus de KO (dix) mais contre une opposition globalement inférieure ara l’occasion de piquer tous les autres titres de la catégorie à sa rivale.

"Elle va essayer de me mettre un gros coup car c’est tout ce qu’elle a, a souri l’Américaine en conférence de presse. Mais c’est un combat de boxe. Je vais être touchée mais si elle pense qu’elle ne va pas l’être, elle se trompe. Si elle pense être meilleure boxeuse que moi, elle se trompe. Mais on la laisse croire ce qu’elle veut car je saurai m’adapter à tout pour me rendre le combat facile." "Je pense être la meilleure boxeuse de nous deux, et je le pense depuis longtemps, répond la Britannique. Elle peut essayer de me mettre KO. Mais quand vous avez des poings en mousse, ça n’arrivera. Il n’y a plus rien à dire. Il y a juste à combattre." L’O2 Arena peut s’attendre à des étincelles tant ces deux-là veulent s'arracher la tête.

Parce que leur rivalité explosive remonte à loin

Tout remonte à dix ans. En mai 2012, lors des championnats du monde quelques mois avant les JO de Londres où elle prendra l’or, Claressa Shields subit la seule défaite de sa carrière amateur (contre 64 victoires) aux mains de… Savannah Marshall. Qui remporte ensuite le tournoi. Depuis, leurs chemins ne se sont plus croisés sur le ring. Mais aucune des deux n’a oublié. La Britannique prend depuis des années un malin plaisir à rappeler la chose chaque fois qu’on lui pose une question sur "T-Rex" (l'autre surnom de l'Américaine).

Elle répète aussi à l’envi combien elle est persuadée qu’elle sera celle qui prendra tous les titres des moyens à Shields. Qui ne se prive pas non plus pour pointer encore et encore le fait qu’elle a pour l’instant accompli beaucoup plus de choses que sa rivale dans les rangs professionnels. Les deux se promettent une "revanche" depuis longtemps. Marshall en a même joué, accusant Shields de l’esquiver par peur d’un nouveau revers face à elle. Avec le temps, l’animosité a continué de grandir et les conférences de presse ou interviews communes avant ce choc ont été émaillées de punchlines et d’attaques verbales très personnelles où le ressentiment ne se cachait pas.

Shields et Marshall se détestent, on l'a bien compris. Au point de voir leurs fans s’écharper eux aussi sur les réseaux sociaux et raviver la rivalité, classique dans la boxe, entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Connue pour bloquer à tout-va sur les réseaux sociaux, Shields a multiplié depuis des années les messages façon tacles les deux pieds décollés où elle répond aux supporters trop sûrs d’eux de Marshall. Tout ça va se régler dans le ring de l’O2 Arena, devant un public londonien forcément derrière la boxeuse locale.

Shields, favorite à 11 voix contre 7 pour les experts interrogés par The Ring, saura-t-elle faire parler ses qualités – supérieures, selon nous – face à un public hostile? "Je suis une star chez moi, je n’avais pas à venir ici l’affronter mais je l’ai fait car elle ne me fait pas peur", annonce l’Américaine. Marshall, coachée par Peter Fury, oncle de Tyson, saura-t-elle profiter de l’élan populaire derrière elle pour déjouer les plans de son adversaire et devenir championne unifiée et incontestée chez les moyens? La boxe féminine, qui a déjà eu droit à un chef-d’œuvre cette année avec le choc entre Katie Taylor et Amanda Serrano fin avril au Madison Square Garden, va vivre un des combats les plus bouillants de son histoire ce samedi soir dans la capitale anglaise.

Parce que Mayer-Baumgardner est un autre gros choc entre boxeuses qui ne s’aiment pas

Au-delà du très attendu Shields-Marshall, l’O2 Arena de Londres va proposer une soirée historique avec 100% de combats féminins au programme, dont deux unifications mondiales. Le second gros choc mettra en lumière une autre des meilleures boxeuses de la planète, Mikaela Mayer (32 ans; 17-0 en carrière, 5 KO), numéro 4 du classement pound-for-pound de The Ring, dans une autre rivalité explosive. Championne WBO des super-plumes depuis octobre 2020, l’Américaine a ajouté les ceintures IBF-The Ring à sa collection en battant notre Maïva Hamadouche nationale en novembre dernier.

Dans sa quête d’unification totale de la catégorie, celle qui a joué de la basse dans un groupe de rock féminin à l’adolescence – avec concerts et festivals, du sérieux quoi – s’attaque désormais au titre WBC détenu par sa compatriote Alycia Baumgardner (28 ans; 12-1 en carrière, 7 KO) depuis onze mois. Et là encore, les esprits sont très, très échauffés. Des surnoms ont été trouvés, "Bumgardner" par Mayer, "horse face Karen (on vous laisse traduire, c’est violent) par Baumgardner.

On a même dû les séparer lors d’une interview commune et de la confrontation face aux médias lors de la conférence de presse. Où les paroles ont continué à exacerber une rivalité moins historique mais tout aussi intense que celle entre Shields et Marshall. "Je veux l’embarrasser, a lancé Mayer. Je veux la faire passer pour stupide pour tout ce qu’elle a dit dans ce combat." "Je ne la respecte pas, a répondu Baumgardner. Elle parle trop. Et quand quelqu’un parle trop, il faut lui faire fermer la bouche et c’est ce que je vais faire. Pour une fois, elle a quelqu’un en face qui vient vraiment pour combattre et gagner. Je lui dis que je vais la battre, que je vais lui casser la mâchoire. Je lui tiens tête et elle n’aime pas ça."

La Californienne Mayer, toujours coachée par le légendaire Al Mitchell (ancien entraîneur olympique américain) à qui elle a redonné le goût pour son métier, avance comme grande favorite des bookmakers. Mais pas question de sous-estimer Baumgardner même si elle ne l’aime pas. "Elle n’est pas championne du monde pour rien, reconnaît Mayer, mais je suis la boxeuse la plus complète. Je suis efficace dans toutes les situations alors qu’elle a une seule zone de confort dont je compte la faire sortir. Je vais la mener en eaux profondes et on va voir si elle peut résister à la pression."

Parce que la boxe féminine continue de grandir

Dans un sport où les meilleurs ne s’affrontent pas toujours chez les hommes, voir dans une même soirée Shields-Marshall et Mayer-Baumgardner pour des unifications et sur fond de rivalités bouillantes fait un bien fou et rappelle combien la boxe féminine a grandi – et continue de le faire – ces dernières années. "C’est ce qu’on attendait toutes, s’extasie Baumgardner. Le spectacle dans la boxe féminine est meilleur que jamais. C’est ce qui construit notre sport. Deux championnes qui se moquent l’une de l’autre et prêtes à tout envoyer dans le ring."

"Je ne pense pas qu’on aurait pu voir une telle carte il y a cinq ans, rappelle Mayer. J’y ai cru, même si beaucoup pensaient que nous étions folles, car nous devions y croire pour y arriver." Et de pousser l'analyse: "C’est le premier camp où tous mes sparring-partners étaient des femmes, ce qui est une autre preuve d’un niveau global en augmentation. Ce qu’on fait donne un ton nouveau à la boxe. Les promoteurs, les diffuseurs et les boxeuses savent se rassembler pour proposer les gros combats. Nous créons pour la première ces grosses rivalités et ça aide à faire grandir notre sport. Je suis heureuse de partager l’affiche avec Shields-Marshall. Les gens sont excités pour ces deux combats et c’est iconique d’avoir deux aussi gros championnats du monde féminins au programme. Ce sont de combats d’élite qui vont tous les deux être à la hauteur des attentes."

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport