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"On regarde le tirage sur Youtube, et on se rend compte qu’il n’y a pas nos noms": la désillusion de Maëlys Richol, boxeuse française privée des Mondiaux à cause de l'imbroglio sur les tests de féminité

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Maëlys Richol (-65kg) fait partie des cinq boxeuses françaises qui n’ont pas pu s’aligner aux Mondiaux qui ont débuté jeudi à Liverpool. Les résultats d’un test de féminité effectué lundi, réclamé par World Boxing, ne sont pas arrivés avant le tirage au sort de mercredi. La Grenobloise, toujours à Liverpool, revient sur ce coup de tonnerre.

Maëlys Richol, racontez-nous les circonstances de ce test de genre. Vous saviez en arrivant sur ces Mondiaux que vous deviez en passer un.

C’était prévu en amont (d’effectuer un test sur place). Nous sommes arrivées à l’aéroport lundi et nous avons fait tout de suite les deux heures de trajet pour aller dans ce fameux laboratoire puis deux autres heures de trajet pour rejoindre notre hôtel près du site de la compétition.

Aviez-vous confiance dans la procédure ?

Quand on a parlé du test de genre j’avais confiance au point de ne pas me poser de questions. La situation me semblait sous contrôle. J’abordais même le sujet sur le ton de la rigolade. Pour moi, il était impensable de rater les Mondiaux à cause de ça.

Comment avez-vous découvert, avec les autres Françaises, que vous n’étiez pas dans les tableaux ?

C’était terrible. Généralement, la journée du tirage au sort c’est une journée d’affutage. On se prépare pour être au poids, on ne mange pas spécialement, on se projette sur le premier combat, on se demande qui on va boxer. Pour la première fois, les tirages au sort étaient divulgués en direct sur Youtube. On regardait et on attendait de voir les tableaux. Au moment où doivent apparaitre les catégories avec les Françaises on se rend compte qu’il n’y a pas nos noms. On ne fait pas le lien directement (avec le test). Une fois qu’on fait le lien on n’arrive pas à y croire. On se dit qu’il va y avoir une solution, que ce n’est pas possible que cela se passe comme ça.

Comment a réagi le groupe ?

On était bouleversées. On était un peu choquées, anéanties. Ce n’était pas facile. C’était la plus grosse compétition. Avec les Jeux olympiques c’est l’échéance majeure. On reste soudées, on reste ensemble, il n’y a pas le choix.

Qui est reponsable ?

Je n’en veux pas à quelqu’un en particulier. On essaye encore de comprendre comment on a pu en arriver là. C’est certain que des fautes graves ont été commises. À ce jour , c’est encore flou. On a un rendez-vous prévu avec la fédération à la fin des Mondiaux (après le 14 septembre, NDLR).

Envisagez-vous des suites à cette histoire ?

On attend cette réunion afin d’en savoir plus sur la suite et d’obtenir des éclaircissements. Pour l’instant, j’ai seulement l’impression que nous les boxeuses sommes des dommages collatéraux de la situation. On voulait simplement boxer. Les histoires administratives c’est un peu des choses qui nous dépassent. Nous on monte sur le ring et on se donne à fond.

Il va ensuite falloir penser à retourner à l’entraînement...

C’est spécial. Il ne va pas falloir trop s’apitoyer sur notre sort. On ne va pas rester sur cet échec même si c’est difficile à accepter.

Propos recueillis par Morgan Maury