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"On est tombés de haut": test de féminité, législation... l'incroyable imbroglio qui a privé les boxeuses françaises de championnats du monde

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Aucune boxeuse française n’a été inscrite aux championnats du monde de boxe qui débutent ce jeudi à Liverpool (Angleterre). En cause: un imbroglio sur la réalisation des tests de féminité mis en place pour cette compétition. Dominique Nato, le président de la Fédération française de boxe, revient pour RMC Sport sur les raisons de cet énorme couac.

Romane Moulai (-48kg), Wassila Lkhadiri (-51kg), Melissa Bounoua (-54kg), Sthélyne Grosy (-57kg) et Maëlys Richol (-65kg) sont déjà sur le chemin du retour. Les boxeuses françaises, qui devaient débuter ce jeudi les Mondiaux à Liverpool, en Angleterre, n'ont pas pu être inscrites pour disputer la compétition. Un problème lié aux tests de féminité mis en place par la Fédération internationale.

Des résultats des tests de féminité pas arrivés à temps pour valider l'inscription des Françaises

Contacté par RMC Sport ce jeudi, le président de la Fédération française de boxe, Dominuque Nato, retrace les raisons de cet énorme imbroglio en expliquant être "tombé de haut" mercredi, lorsqu'on lui a communiqué la nouvelle.

"En juillet, World Boxing nous a signalé que les filles qui devraient participer aux championnats du monde à Liverpool devaient passer des tests de féminité", raconte-t-il. "On s'est renseignés, en France ces tests sont strictement interdits par la loi. On s'est arrangés, j'ai contacté le président de World Boxing (Boris Van der Vert) qui nous a orienté vers un laboratoire afin de leur faire passer le test lors de leur arrivée en Angleterre. Après être arrivées à Manchester lundi après-midi, elles sont parties à Leeds pour passer ces tests dans le laboratoire. Celui-ci, agréé par World Boxing, a garanti que les résultats arriveraient à temps. Et hier (mercredi), en arrivant au tirage au sort, le DTN et les entraîneurs ont constaté que les filles avaient été retirées et n'étaient pas qualifiées parce que les avocats de World Boxing n'ont pas souhaité qu'elles participent."

Le président de la Fédération française de boxe dénonce des tests mis en place "dans la précipitation"

Selon lui, cette décision a été prise en écho à l'affaire Khelif. La boxeuse algérienne - non-inscrite pour ces championnats du monde, a en effet attaqué World Boxing devant le Tribunal arbitral du sport pour dénoncer la mise en place de ces tests. "Les avocats de la Fédération internationale ont décidé que toutes les filles qui n'avaient pas les résultats ne pouvaient pas participer, pour ne pas laisser la moindre ouverture", poursuit Dominique Nato. "C'est un désastre, ça a été fait dans la précipitation... Je pense surtout aux athlètes et à leurs clubs. Je me suis entretenu longuement avec le président de World Boxing mercredi soir, il m'a dit être impuissant par rapport aux affaires légales. Je suis dégoûté, comme les filles, leurs entourages et l'encadrement de l'équipe de France."

Quant à savoir si un recours est tout de même possible afin de permettre aux boxeuses tricolores de tout de même participer, Dominique Nato écarte tout de suite l'idée: "c'est trop tard, les filles rentrent aujourd'hui. Le tirage au sort a été effectué, les tableaux ont été déterminés et sont définitifs."

"Je me sens trahi par World Boxing"

Frustré et remonté, le président de la Fédération française de boxe regrette cette prise de décision "précipitée" sur ces tests de féminité. "Je suis pour l'égalité de traitement pour les filles, mais ces tests sont totalement rejetés par le ministère des sports et la loi française (...) Personne ne leur demandait de mettre en place cela aussi rapidement." Et de pointer les responsabilités de World Boxing: "c'est une Fédération très jeune, qui arrive aux manettes avec peu d'expérience dans ce genre de grosses compétitions. Une gouvernance pas affirmée, des prises de décision par des avocats et non par le président... On s'est battus pour que cette nouvelle Fédération émerge, là je me sens un peu trahi et je suis vraiment désolé pour les filles, pour leur engagement pour en arriver là. On leur enlève un rêve, c'est triste et inadmissible."

CMP avec J.Ri