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Les boxeuses françaises privées des championnats du monde: ce que dit la loi française (et européenne) sur les tests de féminité et génétiques

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Aucune boxeuse française ne participera aux Championnats du monde de boxe en Angleterre, qui débutent ce jeudi à Liverpool, en raison d'un imbroglio sur la réalisation de tests de féminité mis en place par la Fédération internationale. En France, ces tests ainsi que les tests génétiques sont interdits.

Une nouvelle polémique qui relance le débat sur les tests de genre. Alors que les Championnats du monde de boxe débutent ce jeudi à Liverpool (Angleterre), aucune des cinq Françaises qui devaient y prendre part n'a été inscrite à la compétition. En cause: un imbroglio sur les nouveaux tests de féminité mis en place par la Fédération internationale.

Le laboratoire dans lequel ces tests ont été effectués n'a, selon la Fédération française de boxe (FFB), pas remis les résultats à temps. Les boxeuses tricolores n'avaient pas pu faire ces tests en France car ils sont interdits, selon la loi relative à la bioéthique. "Le ministère des Sports a, début août, confirmé que ‘les examens des caractéristiques génétiques constitutionnelles d’une personne ne peuvent être entreprises qu’à des fins médicales, de recherche scientifique ou, de manière très encadrée, dans la lutte contre le dopage. Le cas d’espèce visant à vérifier l’éligibilité des athlètes en application d’un critère de sexe génétique ne relève, a priori, d’aucune de ces finalités. Sa réalisation serait donc interdite en droit français’", détaille la FFB.

Les Françaises obligées de se faire tester à l'étranger

Une interdiction qui contraste avec la législation des autres pays de l'Union européenne, où des tests génétiques sont réalisables en libre accès ou sur ordonnance, selon les pays. C'est également le cas aux Etats-Unis ou au Canada, où les tests ADN sont autorisés pour un usage personnel.

Si World Boxing a rendu obligatoires les tests de féminité fin mai, World Athletics a suivi la démarche et imposé des tests génétiques à ses athlètes souhaitant councourir dans les catégories femmes. La Fédération française d'athlétisme (FFA) avait donc prévu de faire passer ce test à ses athlètes lors des Championnats de France en août à Talence mais s'est heurté au refus du ministère de la Santé et des Sports. "Une fin de non-recevoir, les tests étant interdits par la loi de bioéthique promulguée en 1994", a indiqué la FFA. Les Tricolores ont donc dû se résoudre à effectuer ce test à l'étranger.

Si le président de World Athletics a insisté sur "la protection et la promotion de l'intégrité du sport féminin", la directrice de recherche émérite au CNRS Joëlle Wiels a rétorqué auprès de France Info en estimant que ces tests "ont seulement pour but de discriminer les femmes qui n'ont pas des caractéristiques sexuelles considérées comme typiques, sans preuve que cela ait un rôle dans leurs performances." "On ne peut pas dire que seul le Y ou seule la testostérone confère à ces femmes un avantage physique", appuie de son côté Anaïs Bohuon, socio-historienne du corps, du sport et du genre à la Faculté des Sciences du sport de l'université Paris-Saclay.

LP