Pourquoi Povetkin est un défi encore plus grand que Klitschko pour Joshua

On ne pourra jamais savoir si la chose confine à la posture ou à la réalité. Mais le camp "AJ" n’en démord pas. Pour ceux qui se posaient la question, Anthony Joshua n’a pas regardé son compatriote Tyson Fury battre l’Italo-Allemand Francesco Pianeta mi-août à Belfast pour le deuxième combat du "Gipsy King" depuis son retour sur les rings en juin. La confession vient de la bouche d’Eddie Hearn, promoteur du Britannique. Manque d’intérêt? Dîner prévu de longue date? Vous n’y êtes pas. Le garçon, qui défend ses titres WBA Super, IBF, WBO et IBO des lourds le 22 septembre à Wembley face au Russe Alexander Povetkin, a juste d’autres chats à fouetter.
"J’ai demandé à Anthony s’il avait regardé, raconte le patron de Matchroom Boxing à Sky Sports. Il m’a répondu : ‘‘Quoi ?’’ Je lui ai dit que je parlais du combat de Fury et il m’a lancé : ‘‘Non, qu’est-ce qu’il s’est passé ?’’ Vu son état d’esprit du moment, il ne pense à rien d’autre qu’à Povetkin. Il ne s’intéresse pas à ce qui se passe en dehors de ce combat car il a conscience de ce qui est en jeu." A savoir son or, les titres IBF, WBA Super, WBO et IBO. Mais aussi son avenir pugilistique. Car on ne va pas se mentir, le monde de la boxe et le grand public n’espèrent qu’une chose : "AJ" face au "Bronze Bomber", l’Américain Deontay Wilder, détenteur de la ceinture WBC, pour le combat le plus attendu de la catégorie reine depuis Mike Tyson-Lennox Lewis en 2002.
Un choc lucratif à souhait qui n’aura pas lieu avant au mieux 2019 mais qui oblige ses deux futurs protagonistes au bilan immaculé. Pour Joshua face à Povetkin, comme pour Wilder face à Fury (sans doute en décembre à Las Vegas si le combat se confirme), l’obligation s’écrit en six lettres: gagner. Vaincre pour rester champion et garder intact l’espoir d’un combat qui ferait (encore plus) pleuvoir les millions de dollars sur eux. Vaincre pour maintenir en vie cette étincelle censée enflammer le noble art quand la mèche s’allumera. Vaincre, quoi, peu importe comment. Et face à un garçon de la qualité de Povetkin, ancien champion WBA de la catégorie et ancien champion olympique des super-lourds (en 2004) chez les amateurs, dont la puissance n’est plus à démontrer et qui ne présente qu’une seule défaite chez les pros (34-1, 24 KO) face à un certain Wladimir Klitschko, la chose est loin d’être gagnée d’avance.
>> Pour suivre Anthony Joshua et les plus grands combats de boxe sur RMC Sport, c'est par ici
La superstar venue de Watford s’avancera en favori mais le droit à l’erreur n’existera pas. Bref, si le défi sportif était sans doute plus grand face à Klitschko, roi des lourds pendant plus de dix ans qu’il avait battu à Wembley en avril 2017 dans un fabuleux combat qui avait réveillé l’attrait autour de la catégorie des plus gros cogneurs, le défi global proposé par Povetkin est bien le plus grand de la carrière de Joshua. Klitschko était un meilleur boxeur, certes, mais perdre face au géant ukrainien n'aurait fait que dérailler un train qui aurait pu reprendre sa route vers les sommets. Perdre face à Povetkin serait plus problématique, pour sa légende comme pour la suite.
"Il est concentré à fond sur sa préparation car il sait qui est Povetkin, confirme son promoteur à Sky Sports. Tous les gens de la boxe savent qui est Povetkin et vous diront que c’est un combat très compliqué. De son point de vue, c’est vraiment le combat le plus difficile de sa carrière à cause de tout ce qu’il y a autour, à cause de ce dont les gens parlent pour la suite. Jusqu’ici, c’est le combat où il a le plus de pression de toute sa carrière." Joshua doit gagner, encore, comme toujours, dans un combat où il a tout à perdre, son statut, ses titres, son futur. Presque une habitude désormais, mais pas toujours facile à assumer.
Et s’il a besoin d’une dernière source de motivation, le Britannique pourra la trouver dans le passé de son adversaire. Au-delà de ses faits de gloire, le Russe possède en effet la particularité d’avoir été pris deux fois par la patrouille antidopage, la dernière au meldomium au printemps 2016 alors qu’il devait défier… Wilder pour le titre WBC. Deux ans et quelques mois plus tard, le garçon retrouve une chance mondiale.
De quoi booster l’envie de Joshua? "Je pense que cette situation n’est pas bonne, tranche l’intéressé au micro de Sky Sports. Je ne ferme pas les yeux sur les tricheurs, je ne leur pardonne pas, mais je ne fais pas les règles. Je me dois juste de rester propre de mon côté." Gros chat échaudé, Joshua a pris les devants en exigeant que Povetkin s’engage pour un programme indépendant de tests antidopage… payé par le camp "AJ". On ne néglige rien quand on fait face à un défi qu’il faut absolument surmonter pour s’en offrir un plus grand.