UFC 277: Amanda Nunes, la défaite qui a rallumé le feu

Plus de six ans d’invincibilité, douze victoires de suite dont huit en finissant ses adversaire, deux ceintures conquises au passage, chez les coqs et les plumes, un festival de grand noms à son palmarès sur la période (Ronda Rousey, Cyborg, Miesha Tate, Valentina Shevchenko deux fois, Holly Holm), une concurrence éparpillée façon puzzle rivale après rivale… De début 2015 à fin 2021, Amanda Nunes a dominé la planète MMA féminin. Jusqu’à mériter le statut de meilleure combattante de la planète et celui de plus grande de l’histoire. Mais Julianna Pena a tout chamboulé.
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En décembre dernier, l’Américaine choquait le monde en soumettant la Brésilienne – qui n’avait plus perdu depuis septembre 2014 et sa défaite contre Cat Zingano – au deuxième round lors de l’UFC 269, après l’avoir malmenée debout, pour monter sur le trône des coqs. Une révolution mais aussi une forme de… soulagement. Car la couronne de reine peut parfois être très lourde.
"Ce qui s’est passé dans ce combat était bon pour moi, confie-t-elle à la journaliste spécialisée Laura Sanko sur sa chaîne YouTube One on One. J’ai perdu ma ceinture, bien sûr, mais ça m’a aussi enlevé la pression. J’ai été championne si longtemps, à préparer des gros combats et ce genre de choses. Pendant des années, tout s’est passé si vite dans ma vie. Je suis devenue ci, je suis devenue ça, ça fait beaucoup à porter pour une personne."
Et de reconnaître: "J’avais aussi nettoyé ma division. Il ne restait plus personne. Dans cette situation, c’est normal que vous ralentissiez un peu." Il y a quelques semaines, Dana White avait expliqué à ESPN que Nunes avait perdu sa ceinture car elle n’était plus cette "sauvage affamée" qui avait tout conquis à l’UFC. "La question pour Amanda est la même que celle qui touche tous les combattants d’élite, détaillait le patron exécutif de l’UFC. Elle est riche. Amanda est une multimillionnaire qui a désormais un confort financier très différent. Elle a aussi un bébé."
L’intéressé ne l’a pas mal pris. Au contraire. Elle assume. "J’étais devenue très à l’aise, oui, très confortable. Après avoir fait tout ce que j’avais fait, vous voulez apprécier la vie, voyager, aller voir votre famille, vous reposer un peu. Quand vous accomplissez tout ce que j’ai accompli, à un moment donné, vous allez vous relaxer. J’étais dominante, double championne, j’avais tué toutes les filles devant moi, donc j’ai un peu ralenti. Comme Dana l’a dit, il fallait que je me reprenne. C’est fait." Son retour dans le bon état d’esprit porte un nom: Julianna Pena. Un revers en forme de mal pour un bien. Sur lequel elle surfe pour son opération reconquête.
"J’en étais arrivée à un point où je me disais que personne n’allait me battre, avoue-t-elle à ESPN. Désormais, j’ai retrouvé l’excitation. J’ai envie d’y aller. C’est un challenge, quelque chose qui vous fait réfléchir, qui vous apporte l’adrénaline. C’est ce que j’aime ressentir. Quand je ne sens pas de challenge, je ralentis. J’aime me sentir menacée. C’est ce qui apporte l’excitation nécessaire pour me faire sortir mon meilleur, pour me réveiller tôt pour m’entraîner. Et j’ai retrouvé ça. Je suis très excitée par cette revanche."
Pena a allumé l’étincelle. Et son feu intérieur s’est ravivé. "Quand vous faites des erreurs, vous le payez, et c’est ce qui s’est passé pour moi, a appuyé celle qui reste toujours championne des plumes de l’UFC ces derniers jours en conférence de presse. J’ai perdu ma ceinture mais après ça, je suis rentrée à la maison et j’ai réglé ce que j’avais à régler. J’ai fait les ajustements nécessaires. Je vais récupérer cette ceinture. La perdre n’est pas quelque chose qui m’a rendu triste ou qui m’a mis la tête dans le sable. Ça m’a juste motivée, ça a rallumé le feu en moi. Julianna m’a apporté le challenge dont j’avais besoin. J’ai manqué de challenge pendant si longtemps… Là, je me retrouve dans une position que j’aime sentir. Ce sont les moments que je préfère."
"The Lioness" (son surnom) a faim, très faim, prête à rugir de nouveau: "Quand une lionne attaque sa proie, elle ne l’emporte pas toujours avec elle la première fois. La seconde fois, par contre, elle le fait à coup sûr. Je vais reprendre ma ceinture." Toujours favorite pour les bookmakers, mais beaucoup moins que la première fois, la Brésilienne (34 ans; 21-5 en carrière, 14-2 à l’UFC) doit répondre à une question : est-elle toujours la meilleure de la planète chez les coqs ou la concurrence l’a-t-elle rattrapée après six ans à pouvoir la disséquer sous toutes les coutures pour comprendre comment aborder le problème Nunes? Pour y répondre, elle abordera cette revanche dans de bien meilleures conditions.
L’ancienne championne a révélé à ESPN avoir subi des blessures aux deux genoux dans l’approche du premier combat contre Pena, ce qui l’avait empêché de faire un bon camp d’entraînement. Après avoir déjà reporté le combat en raison d’un Covid (il était d’abord prévu à l’UFC 265), Nunes ne souhaitait pas le faire une deuxième fois – sa femme Nina lui avait pourtant conseillé l’inverse pour revenir à 100% avant de monter dans la cage – car elle ne voulait pas voir l’UFC introduire une ceinture intérimaire dans sa catégorie. "J’ai fait une erreur, une grosse erreur. Beaucoup de choses se sont mal passées dans mon camp mais je me suis convaincue que c’était bon et j’en ai payé le prix. Il faut parfois avoir tort pour avoir raison la fois d’après." Pour cette fois, elle a même tout changé, quittant sa salle historique de l'American Top Team pour former son propre camp.
De l’autre côté, Pena veut prouver que son règne est tout sauf illégitime. Tout sauf juste la chance d’avoir pris la championne au moment idéal de décontraction. "The Venezuelan Vixen" (son surnom) compte le faire comme pour lors de sa conquête du titre : aller à la guerre avec Nunes, pourtant connue pour fracasser ses adversaires debout quand elle est à son top: "Les meilleures combattantes du monde vont s’affronter. Je ne peux pas vous dire que je vais sortir quelque chose de mon chapeau mais je peux vous dire que je vais rester debout face à elle, lui faire face, donner mon meilleur, et on verra qui a les plus gros ovaires. Je suis prête à parier que c’est moi." Flamme rallumée, Nunes devrait adorer le challenge.