UFC 285: Quel Jon Jones face à Ciryl Gane? La question au cœur du choc des lourds

Quelques clichés qui font parler. En dévoilant ces dernières heures la séance photos de Jon Jones en tenue de combattant, avec un ventre un peu bedonnant, l’UFC a alimenté des discussions sans fin. Est-il trop gros? Sera-t-il le même? Trois ans après sa dernière apparition dans l’octogone, Jon Jones revient aux affaires pour un premier combat chez les lourds, ce week-end à Las Vegas contre Ciryl Gane, ceinture en jeu. S’il a déjà connu trois absences de plus d’un an depuis ses débuts professionnels en 2008 en raison de suspensions, "Bones" n’a plus mis les pieds dans une cage pour un combat depuis février 2020.
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Pour monter chez les lourds, l’ancien roi des mi-lourds – où il devait se présenter à 93 kilos maximum à la pesée – a dû prendre de la masse. Heureux de pouvoir enfin "manger tout ce qu’(il) veut(t)", il raconte avoir ingurgité "beaucoup de riz" pour faire pencher la balance. Il est monté jusqu’à 121 kilos mais il "n’aimai(t) pas (s)on endurance " à ce poids sera plutôt entre 111 et 113 pour le choc contre Gane. Il n’arbore plus ses abdos bien dessinés comme à sa grande époque, où il avoue qu’il aimait regarder son propre physique dans une glace, mais semble en avoir fait son deuil: "Je suis un poids lourd désormais et c’est normal".
Mais les questions se posent. Pourra-t-il garder sa vitesse d’exécution? S’essoufflera-t-il plus vite avec ces kilos en plus? L’intéressé se veut rassurant. "Je me sens extrêmement bien. Je bouge très bien, j’ai beaucoup d’endurance. J’ai l’impression d’être une version plus puissante de moi-même. L’important n’est pas à quoi tu ressembles mais comment tu performes. J’ai failli mettre KO des gens pendant mon camp d’entraînement, ce qui n’est jamais arrivé dans le passé. Et quand je décide que je veux amener les gars au sol, c’est ce qui se passe."
Plus vieux, plus lourd, absent depuis trois ans, Jones peut-il rester Jones? Il conclut comme une promesse: "Je suis à peu près certain d’être encore le même. Je me suis entraîné très dur et j’ai beaucoup appris. (…) J’espère que ce sera la meilleure version de moi-même car j’ai travaillé dur et je pense mériter cette victoire. Je me suis mis à bosser à fond, j’ai étudié plus qu’il ne faut. J’ai ajouté pas mal de choses à ma panoplie depuis trois ans. Je pense avoir de nouvelles cordes à mon arc." Ciryl Gane ne semble pas avoir imaginé autre chose. "On s’attend à un beau Jon Jones, rapide comme avant, avec les mêmes qualités et plus puissant, énumère le combattant français. On a travaillé sur cette hypothèse."
En face, Jones fait du Jones. Ces derniers jours, il titille "Bon Gamin" au micro. Il explique qu’il "ne peu(t) pas perdre comme un mec qui dit qu’il ne sera pas là très longtemps" et que Gane est "le combattant le moins complet du top 5 de la catégorie". Il répète que le MMA est "son monde", qu’il est destiné à être le plus grand de tous les temps malgré cette casserole, qu’il "le doi(t) aux fans". Comme s’il essayait de se persuader qu’il restait "Bones", l’homme devenu en 2011 le plus jeune champion de l’histoire de l’UFC à vingt-trois ans (le record tient toujours), et que la victoire est le seul chemin possible pour un talent comme le sien. On attend de voir avant de se prononcer…
Mais à le regarder et à l’écouter, on peut être certain d’une chose : le garçon a retrouvé un feu perdu depuis longtemps. Lors de ses trois derniers combats, où il a été mis en difficulté avec des arguments à faire valoir chez ceux qui pensent que Thiago Santos et/ou Dominick Reyes auraient dû obtenir la victoire face à lui, l’Américain n’a pas montré son meilleur visage. "Il semblait battable", résume Chris Weidman, ancien champion des moyens tombeur de la légende Anderson Silva en 2013, dans le RMC Fighter Club. Mais on peut aussi interroger sa motivation lors de ces trois sorties dans la cage.
Champion depuis si longtemps (même s’il a lâché la ceinture plusieurs fois au gré de ses suspensions), Jones n’affichait plus cette flamme intérieure qui pousse à l’excellence. Pour l'homme torturé par ses démons, il s’agissait juste d’une défense de ceinture de plus. Cette fois, avec la possibilité de conquérir une deuxième catégorie et de régler pour de bon le débat sur le GOAT (le plus grand de tous les temps) selon lui, sa motivation est revenue. Peut-être comme jamais depuis le premier ou le second combat contre son grand rival Daniel Cormier, en 2015 et 2017.
"Dans ces trois derniers combats, ce n’est pas que je m’ennuyais, mais je voulais plus, détaille Jones. Je voulais de plus grands challenges. Ces gars n’étaient pas vraiment connus et je n’étais pas satisfait de ma paie, ce qui était très important pour moi. Je me demandais comment provoquer l’intérêt des fans. J’ai compris qu’il fallait monter chez les lourds chercher un autre challenge, que c’était ce que les fans voulaient et que c’est là que les combats à beaucoup d’argent se trouvaient. J’étais à un âge où j’étais prêt à plus manger, plus soulever et devenir un grand garçon." Le nouveau "grand garçon" contre l'ovni "Bon Gamin". Le choc s’annonce explosif, avec un Jones qui promet "un feu d’artifice". On a tellement hâte d’y être.