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Taekwondo: "J'ai perdu ma liberté une nouvelle fois", le poignant témoignage de Marzieh Hamidi, réfugiée afghane menacée de mort en France

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Depuis qu'elle a publiquement dénoncé l'insoutenable loi de son pays natal qui réduit les femmes au silence, Marzieh Hamidi, championne afghane de taekwondo réfugiée en France depuis 2021, est harcelée et menacée de mort sur le territoire français. Elle a raconté son calvaire au micro de BFM.

"Je ne sais même pas comment le traduire tellement c'est violent". Marzieh Hamidi peine à mettre des mots sur ce qu'elle vit depuis la fin août et sa prise de position contre une nouvelle loi de son pays natal qui réduit les femmes au silence. "Il dit qu'il me cherche pour m'attaquer avec un couteau, puis il détaille des parties de mon corps. C'est sauvage", poursuit la taekwondoïste afghane, réfugiée en France depuis 2021 et le retour au pouvoir des talibans, dans un reportage de BFMTV diffusé dimanche.

Des menaces de ce genre, la jeune femme de 21 ans en reçoit tous les jours depuis le 26 août. Ce jour-là, elle avait publié une vidéo dans laquelle elle dénonce la nouvelle loi interdisant aux femmes d'Afghanistan de montrer le moindre bout de leur peau, du visage jusqu'aux pieds. "Ce n’est pas la seule chose qui arrive aux femmes afghanes", poursuit-elle. "Elles ne sont pas autorisées à aller à l’école, à faire du sport, à travailler. Elles n’existent pas en Afghanistan, il y a un apartheid de genre." Elle avait également lancé le hashtag "LetUsExist" (laissez-nous exister) pour défendre le droit des femmes.

3.000 numéros l'appellent en deux jours

Mais après une première vague de messages haineux, le harcèlement s'intensifie par téléphone. Tout commence par un premier appel. Au bout du fil, un homme "très en colère." "Il disait qu'il avait mon adresse à Paris et qu'il allait me trouver. Alors, j'ai raccroché et ça m'a fait peur. Et après, j'ai reçu des appels sans arrêt", témoigne-t-elle. Dans les deux jours qui suivent, plus de 3.000 numéros différents vont l'appeler, tandis que les menaces continuent d'abonder sur les réseaux sociaux.

Le 3 septembre, Marzieh Hamidi décide de porter plainte et, face à la gravité de la situation, elle est placée deux jours plus tard sous protection policière pour une durée indéterminée. La plainte vise précisément les infractions de divulgation d'informations à caractère privé, appels téléphoniques malveillants, menaces de mort ou de viol, harcèlement en ligne et harcèlement en ligne à caractère sexuel.

"Je ne me sens plus en sécurité. Et il n'y a pas que ça, j'ai aussi perdu ma liberté une nouvelle fois. A Paris, ils veulent me tuer, me violer, alors imaginez ce que vivent les femmes en Afghanistan", déplore la combattante, qui n'a pas réussi à se qualifier dans sa catégorie (-57kg) pour les Jeux olympiques de Paris.

Le pôle national de lutte contre la haine en ligne est saisi de l'affaire. "On attend une réponse pénale et, surtout, une identification des auteurs. Il y avait des numéros français dans ce raid téléphonique. On espère qu'ils seront rapidement identifiés", déclare son avocate, Me Inès Davau.

LP