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"Je suis allé dans un frigo pour m'entraîner à -20°C": Mathieu Blanchard raconte sur RMC son exploit sur la Yukon Arctic Ultra

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Dans le Super Moscato Show sur RMC, l'aventurier français Mathieu Blanchard s'est confié sur la Yukon Arctic Ultra, ultra-trail de plus de 600 kilomètres qu'il a remporté début février dans un froid glacial.

"Le plus chaud que j'ai eu, c'était -25°C. Là, on était bien!" Début février, Mathieu Blanchard accomplissait l'exploit de remporter la Yukon Arctic Ultra, l'incroyable marathon de plus de 600 kilomètres qui se déroule dans un froid sec extrême au Canada. Cette course a la réputation d'être l'ultra-trail le plus dur au monde. "On est descendus à -42°C", raconte l'aventurier français de 37 ans, invité jeudi 20 mars du Super Moscato Show sur RMC.

"Si t'es bien protégé au niveau des vêtements, ça va", ose Mathieu Blanchard, qui devait faire au minimum 60 kilomètres par jour pour ne pas être hors délai. Avec tout son matériel dans une luge pour tirer son matériel: "Je faisais 18 minutes par kilomètre. C'est à peu près à une vitesse de marche rapide. Mais tu cours tout le temps. Quand tu cours, la luge glisse. Quand tu marches, ça fait un à-coup".

"On ne peut jamais se préparer pour un truc pareil", assure-t-il. "Tu ne te prépares pas à courir 600 bornes à moins 50. T'essaies de reproduire un peu ce que tu vas ressentir là-bas, alors j'allais dans la montagne et je tirais un pneu sur la route. J'avais l'air un peu idiot, mais bon. Je suis aussi allé dans un frigo pour m'entraîner à -20°C. C'est horrible, pas agréable".

"L'impression d'inspirer du feu"

Pendant ses sept jours et vingt-deux heures de course, les moments de repos étaient maigres et peu nombreux. "Je faisais un peu au feeling. C'était une très grosse erreur. Quand j'étais vraiment fatigué et que je tombais, c'est là que je m'arrêtais pour essayer de dormir. Mais quand tu te mets dans un sac de couchage, par terre, sans tente, par moins 40 degrés, ce n'est pas un sommeil réparateur".

Sauf que dans un état d'épuisement, le cerveau peut jouer des tours avec des hallucinations. "Si on est dans un bon mood, ça va être de belles petites hallucinations. Dans un bad mood, tu peux voir des monstres, des trucs qui t'attaquent", explique-t-il. Heureusement pour lui, aucune frayeur à ce niveau là.

Par contre, son corps a bien failli le trahir. Un problème important aux poumons l'a obligé à s'arrêter pendant 15 heures: "Je ne pouvais plus respirer. Le froid avait coupé les poumons. J'ai eu très très peur. C'est affreux, t'as l'impression d'inspirer du feu dans deux ballons de baudruche crevés". Pour d'autres, le problème a été les doigts: "Première nuit, la moitié des participants, soit une vingtaine, a sauté parce qu'ils avaient les mains gelées. Ceux qui ont déjà les doigts noirs, ils vont à l'hôpital pour essayer de les sauver".

Bientôt un film

Mais pourquoi s'infliger tout ça? "Je ne fais que de me le répéter, admet-il. Tout le temps. Je me mets dans cette situation pour avoir ce questionnement. C'est quand je l'ai que je me dis que je suis au bon endroit. J'ai besoin d'intensifier ma vie. Je m'emmerde un peu à la maison, j'ai besoin de vivre des émotions!"

Un goût du risque et de l'aventure qui ne rapporte rien. Du moins directement, car la Yukon Arctic Ultra ne prévoit aucune dotation financière. Mais Mathieu Blanchard vise autre chose: "Ce que j'aime bien faire, c'est raconter des histoires. Ce qui coûte le plus cher, c'est de produire un film. J'essaie d'avoir des sponsors pour payer les mecs qui vont filmer et casser leur caméra parce qu'il fait trop froid". Les images seront disponibles prochainement. En hiver, évidemment.

https://twitter.com/julien_absalon Julien Absalon Journaliste RMC Sport