Trips psychédéliques, souffrance décuplée, hallucinations... Mathieu Blanchard raconte son aventure dans le froid extrême

Son prochain défi? La moustache givrée mais le sourire intact, Mathieu Blanchard l'admet volontiers: "Ça va être difficile de faire plus fou que ça parce que, en termes de distance et de froid, on ne peut pas faire plus extrême", reconnaît-il sur BFMTV. Depuis la ville de Whitehorse, dans le sud du Yukon canadien, l’ultra-traileur français se remet à peine de son impensable exploit réalisé dans un froid glacial (les températures ont atteint -50°c). Mathieu Blanchard a remporté cette semaine le 600 km à pied de la Yukon Arctic Ultra, une épreuve de l’extrême qui met le corps à très rude épreuve. "Le froid, c’est ce qu’il y a de plus dangereux. L’intégrité physique est vraiment mise en péril, on peut mourir", confie-t-il.
"Au moment où je vous parle, ça fait déjà deux jours que c’est fini, je récupère un petit peu, mais je dois vous avouer que ça laisse des traces. Je ne dors pas beaucoup la nuit, je suis encore très fatigué physiquement et mentalement. Je vais avoir quelques semaines de repos. C'est ce que je suis venu chercher ici, c’est une part d’instinct animal, d’instinct sauvage, qu’on a tous en nous", se livre Mathieu Blanchard à BFMTV. Cet exploit XXL, cet ancien ingénieur l'a réalisé au prix de nombreux sacrifices et en bravant maints dangers. Les péripéties rencontrées auraient pu coûter la vie à cet aventurier dans l’âme, toujours en quête de nouveaux défis.
Son prochain défi? La voile
Dans la dernière ligne droite de son périple, le trentenaire s’est mis à faire des hallucinations. "Pour faire ces 600-650 km, on ne dort pas beaucoup, parce que la nuit, quand il fait -45, même dans le sac de couchage, il fait très froid. Ce qui nous fait survivre, c’est le mouvement, c’est de toujours bouger. C’est vrai que je n’ai pas beaucoup dormi, donc j’avais énormément d’hallucinations, ça fait faire des trips un peu psychédéliques. C’est dangereux dans ces milieux d’avoir ça. C’est toute une gestion à avoir, entre essayer de manger, bouger, se nourrir pour survivre."
Et le bonheur, dans cet océan de souffrances, comment le trouver? "Le bonheur, il va être décuplé, x12, x20 quand on fait un truc comme ça, un peu comme quand vous allez faire un bon restaurant ou un bon film au cinéma", jure Mathieu Blanchard. "Par contre, ce qui vient avec le contraste, c’est que la souffrance est x10 aussi. C’est ça qu’il faut comprendre. On va avoir des moments d'euphorie, de joie incroyable qui sont décuplés. Par contre, les moments de souffrance et de douleur sont décuplés aussi. Il faut savoir l’accepter aussi sinon on abandonne assez vite dans ce genre d’aventure." Sa prochaine aventure, Mathieu Blanchard l’imagine sur l’eau: "J’aimerais faire une course de voiliers sur des IMOCA, la fameuse transat Jacques Vabre. Sauf que je n’ai jamais fait de voile de ma vie, ça pourrait être marrant."