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UTMB - Manon Bohard: "J’ai un temps mais je ne le dirai pas parce que j’ai peur d’être déçue"

Manon Bohard

Manon Bohard - RMC SPORT

A 30 ans, Manon Bohard va disputer son tour premier Ultra Trail du Mont-Blanc. L’an dernier elle avait remporter la TDS, une course de 145 km. Cette fois-ci elle se mesure à l’épreuve la plus prestigieuse dans le monde du trail.

C’est votre premier UTMB, comment vous sentez-vous?

Il y a un mélange de plein d’émotions, de plein de sensations. Je suis très excitée, je suis impatiente. Et un peu de stress forcément. On a toujours des doutes, est-ce que la préparation était bonne ? Est-ce que je vais être en forme le jour J ? Est-ce que la météo va être avec moi ? Est-ce que le parcours me convient ? Il y a plein de questions comme ça qui me viennent. Mais l’idée est de rester concentrée, sur les choses que l’on maitrise. Prendre le maximum de plaisir, le maximum d’expérience pour un premier UTMB et me donner envie de revenir.

171 kilomètres, 10 000 mètres de dénivelé, est-ce que vous vous sentez prête?

Moi la distance et le dénivelé ne me font pas forcement peur. Faut être concentré, avoir fait une bonne préparation, bien dormir en amont, une bonne nutrition et la santé. Il faut que ça aille avant un départ pareil. Ça demande beaucoup au corps, à la tête, aux muscles. Il faut que tous les feux soient au vert. Faut être bien dans ses baskets ce jour-là.

Beaucoup de paramètres entrent en jeu, est-ce qu’on arrive à faire le vide?

Faut se faire confiance, y aller aux sensations. Si y a des moments où on se sent très bien pendant la course, il ne faut pas hésiter à en profiter, en gardant une intelligence de course. Faut profiter des hauts et bien passer les bas. C’est ce que j’aime dans l’ultra, il n’y a pas que les jambes pour courir, il y a beaucoup de facteurs et beaucoup de choses que l’on peut optimiser. Et plein d’imprévus qui peuvent arriver. Le dépassement de limites c’est ce qu’on cherche tous quand on prend le départ d’un tel évènement

Et comment on gère les paramètres extérieurs notamment la météo?

Ce sont des choses que l‘on ne maitrise pas. Mais qu’on travaille à l’entrainement. Quand il pleut des cordes, je ne vais pas changer la séance qui est prévue, par une séance de home trainer, non, c’est pas prévu comme ça. C’est « allez on y va ! ». Il faut aller s’entrainer aussi sur les heures chaudes. Les heures froides, la nuit, tester sa nutrition vraiment à l’entrainement. Faire des fois des sorties longues avec un peu de rythme aussi, prendre part à des courses en étant très fatigué. C’est en fait chercher l’inconfort dans l’entrainement, et on sera plus armé le jour J. Et bien sûr avoir une capacité d’adaptation. Il ne faut pas se laisser envahir par ce que font les autres, où ce que fais là ou le coureur d’à côté. Il faut rester dans sa course, sa stratégie.

Justement, quelle sera votre stratégie?

Les 2-3 premiers kilomètres, il ne faut pas se leurrer on va partir vite. Mais par contre, il faut très vite retrouver un rythme qui soit le mien. Surtout dans la première partie qui est roulante et pas forcément mon profil. La deuxième partie est plus à mon avantage. L’idée est de ne pas trop me décrocher de la tête de course pour rester dans le jeu.

Est-ce que vous vous fixez un horaire d’arrivée?

Oui j’ai un temps mais je ne le dirai pas parce que j’ai peur d’être déçue. En effet si la météo est un peu cata, s’il y a des facteurs imprévus, je ne veux pas me raccrocher à ce temps. C’est qu’un chiffre. Donc je veux faire le mieux possible et être satisfaite de ma course. On verra c’est quand même de l’inconnu aussi.

Par Lena Marjak