Tennis de table: l'UTTP, l’association de joueurs qui veut faire bouger le circuit mondial

Six joueurs du circuit international composent le comité de l’UTTP, l’United Table Tennis Players Association. Jusqu’alors, l’ensemble des noms n’avaient pas été entièrement communiqués. Ce qui avait, nous confie-t-on, poussé la WTT à critiquer ce "manque de transparence". Mais voilà, à l’issue d’une première réunion, les membres ont été dévoilés.
Il s’agit d’Hugo Calderano (Brésilien, 3e mondial), Jonathan Groth (Danois, 19e mondial), Dimitrij Ovtcharov (Allemand, 23e mondial), Alberto Mino (Equatorien, 93e mondial), Manika Batra (Indienne, 30e mondiale) et Bruna Takahashi (Brésilienne, 16e mondiale). Tous travaillent en lien avec Georg Silberschmidt, actuel organisateur de tournois en Europe et qui fait partie du comité de l’UTTP mais qui endosse aussi le rôle de secrétaire général de l’association.
Les Lebrun en sont membres
S’ajoute à ces joueurs et joueuses du comité, un ensemble de membres qui ont décidé de rejoindre l’UTTP. Selon nos informations, six des dix meilleurs joueurs au classement mondial y sont, notamment Félix et Alexis Lebrun. Ces derniers, contactés, ont tenu à confirmer leur présence en tant que membres.
"C’est une association indépendante, fondée par les joueurs du monde entier. Il n’y a aucun but politique. Le but de l’association est seulement de contribuer à améliorer l’avenir du tennis de table sur du long terme et défendre nos intérêts. On est très contents de contribuer à ce que les joueurs du monde entier puissent se réunir dans un but commun. Nous espérons que de nombreux nouveaux joueurs pourront rejoindre cette association afin que nous puissions échanger tous ensemble pour faire avancer le tennis de table."
Jules Rolland, 98e mondial, a lui aussi décidé d’intégrer l’UTTP. "Ça faisait quelques temps déjà qu'il y avait plusieurs plaintes de joueurs qui se plaignaient du circuit. Il n'y avait pas vraiment de voix unique pour représenter tous les joueurs. Je pense que c'était important qu'on se réunisse et qu'on soit tous ensemble."
L’UTTP est encore petite aujourd’hui, mais elle espère grandir vite. Aujourd’hui, elle compte 33 membres dans ses rangs. "Atteindre 200 membres d’ici cet été", est l’objectif, nous a-t-on dit. L’idée étant de pouvoir avoir un poids face aux instances actuelles. Mais pour cela, il faudrait aussi compter dans ses rangs des joueurs du continent asiatique dont la voix porte. On sait seulement qu’un joueur japonais dont nous ne connaissons pas le classement est lui aussi membre mais ne souhaite pas que son nom soit dévoilé. "C'est sûr qu'eux c'est une voix hyper importante, si eux ne se mêlent pas à tout ça, ça peut ne pas beaucoup bouger", s’inquiète Jules Rolland.
"Un dirigeant de l’UTTP m'a rassuré, il m'a dit qu'ils étaient en pourparlers avec différents joueurs asiatiques. Mais c'est vrai qu'eux ils ont une culture vachement différente, ils se plaignent beaucoup moins que nous, c'est ce qui est positif aussi. Mais bon, si on veut faire avancer certaines choses, je pense que parfois il faut se battre. Les meilleurs asiatiques, ils ont tout payé par leur fédération donc c'est un peu différent. J’espère qu'ils se joindront à nous et je n'ai pas de doute là-dessus, je pense que tout le monde est conscient qu'il y a des problèmes et qu'il faut avancer", détaille Rolland.
Prize money, calendrier, les premières choses à revoir
Lors de cette première réunion, de nombreux points étaient à l’ordre du jour. Notamment, porter d’une même voix pour une augmentation du prize money sur les compétitions et les accès aux logements sur les sites. Avec la WTT, l’organisation est particulière. Un joueur doit, presque à chaque fois, prendre l’offre d’hébergement proposée par la WTT, dans des hôtels, souvent, de hauts standings et à des prix élevés.
"Parfois on a l'impression de ne pas vraiment être respecté. Je pense notamment quand on est à partir de la 80e place au classement mondial, c'est très compliqué. Les prize money ne sont pas élevés, mais ça à la limite, j'ai envie de dire que c'est normal, c'est l'économie du ping. Mais par contre que ce soit nous qui finançons le système en payant des nuits d'hôtel qui sont extrêmement chères et surtout qu’on ne nous laisse pas le choix, on a l'impression d'être pris au piège et du coup c'est nous qui payons et ça ce n'est pas normal", s’insurge Jules Rolland.
Sur ses réseaux sociaux, il s’en est d’ailleurs plaint. Il en a encore fait les frais la semaine dernière lors du Contender de Tunis. "Il y avait un hôtel qui était un bon hôtel mais sans plus. Ils nous facturaient 210 dollars par personne la nuit en chambre double donc ce qui fait 420 dollars pour une nuit. C'est énorme. Alors que si je vais sur un site de réservation, pour le même hôtel c'est 100 euros la nuit, un truc comme ça. Donc la différence elle est énorme et ce n’est pas normal qu'ils se fassent autant de marge sur le dos des joueurs", explique Jules.
Des problèmes qu’une grande partie des joueurs sur le circuit dénonce. En plus de cela, l’UTTP voudrait revoir le calendrier qui est aujourd’hui trop chargé. Certains joueurs se retrouvent à faire des allers-retours entre l’Europe et l’Asie, ce qui n’est pas forcément bon pour l’organisme. "Il faudrait prendre exemple sur le tennis", nous confie-t-on. C’est-à-dire, concentrer les tournois sur un continent pendant plusieurs semaines afin d’éviter l’accumulation de voyages.