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Tennis: Pouille raconte pourquoi il a failli arrêter définitivement le tennis

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Dans un entretien touchant accordé à L'Equipe, Lucas Pouille raconte les saisons galères qui l'ont vu sombrer psychologiquement au point d'avoir pensé à tout arrêter. Plongé dans les tréfonds du classement, le Français s'accroche et vise désormais une participation aux Jeux de Paris 2024, le dernier grand objectif de sa carrière.

Lucas Pouille a apporté au tennis français son lot d’émotions ces dernières années. Sorti vainqueur d’un combat dantesque contre Rafael Nadal pour se qualifier en quart de finale de l’US Open en 2016, le Français avait atteint le dernier carré de l’Open d’Australie en 2019. Entretemps, il avait permis à la France de remporter sa 10e Coupe Davis grâce à sa victoire contre Steve Darcis au cinquième match. Tout le monde se souvient du Français s’effondrant sur le court, en larmes, bientôt enseveli sous ses coéquipiers.

Pouille: "J"ai commencé à voir tout en noir"

Et depuis? Depuis, le Français a souffert de blessures à répétition et vécu plusieurs saisons noires, plongeant dans le quasi-anonymat. Top 10 il y a encore cinq ans, Lucas Pouille a dégringolé à la 459e place mondiale. Les sponsors ont déserté, le train de vie de célébrité a radicalement changé. Son objectif n’était même plus de jouer au tennis il y a quelques mois, les raquettes remisées au fond d'un placard, seulement de rester en bonne santé. Car le Français a sombré dans la dépression après une nouvelle blessure. "À partir de là, j'ai commencé à voir tout en noir", raconte l’ancien protégé d’Amélie Mauresmo au quotidien L’Equipe.

"Impossible de fermer l'œil (...) Je rentrais dans ma chambre et je regardais le plafond, confie-t-il au quotidien sportif. Je m'enfonçais dans un truc glauque (...) Je m'enfermais, je n'en parlais à personne. Comme je ne suis pas le mec qui parle le plus... Tu arrives crevé à l'entraînement, plus irritable aussi. J'étais dans une sale phase. Et j'ai pris la décision de dire stop. Sinon, j'aurais fini à Sainte-Anne, chez les fous. Pour ma santé mentale, il fallait arrêter. J'allais prendre le mur. Ce n'était pas me respecter en tant que joueur. Je ne pouvais pas montrer cette image de moi. L'élément déclencheur, c'est en pleine nuit, je reçois une notification sur mon portable et je vois une photo de ma fille. Là, je me dis: 'Ce n'est pas possible. Ciao!'"

Encore une blessure et c'est fini

Une nouvelle vie s’offre alors à Lucas Pouille, lui ouvre de nouvelles perspectives, le spectre de la dépression s’éloigne peu à peu, et fait place nette à plus de légéreté: "C'était vacances, les copains, la famille. Du golf, du surf, profiter de mes parents, de mes frères, de ma fille, de ma femme. M'intéresser à d'autres choses. Nous, on est un peu dans une bulle. Tu ne te rends pas forcément compte de ce qu'est la vie. C'était hyper intéressant. Sortir de tout ça, ne plus parler de tennis, ça m'a fait beaucoup de bien à la tête."

Puis le tennis s’invite de nouveau dans sa vie à l’occasion d’un séjour à Paris. Pierre-Hugues Herbert lui permet alors de remettre le pied à l’étrier. Les deux hommes tapent la balle au CNE, sans pression.

"Et pour la première fois depuis un bon moment, je prends beaucoup de plaisir. Je ne m'entraîne pas, je joue au tennis. Puis Mathias Bourgue me propose à son tour de jouer. OK. Et arrive Bercy. Je croise la presse. On m'interroge sur les Jeux olympiques que je n'ai jamais disputés. Ça me travaille. Et en partant de Bercy, je dis à ma femme: 'Je reprends le tennis'."

Devenu un joueur de challengers, une situation qu'il a fini par accepter, Lucas Pouille est aujourd’hui focalisé sur cet objectif des Jeux olympiques de Paris 2024, un défi ancré dans sa tête et pour lequel il est prêt à consentir les sacrifices nécessaires. Mais il prévient: "Si demain j'en reprends pour quatre mois, ce sera sans doute la blessure de trop. si je me refais un truc grave, je ne sais pas si j'aurai le courage et la force de repartir au charbon."

QM