Tsonga reçu cinq sur cinq

Premier affrontement entre les deux hommes et première victoire pour le Français. - -
Il faut bien reconnaître que ça manquait à son CV. Lui qui n’aime rien de plus que les bras de fer, où le mental devient au moins aussi important que le physique, Jo-Wilfried Tsonga n’avait encore jamais goûté aux sensations d’une rencontre en cinq sets. C’est chose faite depuis lundi et la victoire arrachée en trois heures et demie contre Nicolas Almagro (6-3, 6-4, 4-6, 6-7, 9-7), en huitième de finale de finale de l’Open d’Australie.
« Un dépucelage réussi ! » Les mots sont du Français lui-même, qui attendait avec impatience de vivre l’expérience. Et il n’a pas été déçu. « C’était magique, exulte le dernier rescapé français à Melbourne. C’était long mais c’était bon. J’aime ce tennis où chaque joueur lutte jusqu’au bout. Chacun se dit qu’il n’a pas fait tout ça pour rien. »
Heureux hasard, Tsonga avait évoqué, en rigolant, la possibilité de « faire exprès » pour enfin jouer cinq sets après sa victoire en quatre manches au tour précédent contre Tommy Haas. Il n’a évidemment pas mis sa « menace » à exécution contre Almagro, même si le scénario pourrait faire penser le contraire. Menant deux sets à rien, le n°10 mondial s’est un peu mis dans le pétrin tout seul. D’abord en lâchant la troisième manche suite à une double faute, sur la première balle de break de l’Espagnol. Puis en récidivant à 5-5 dans le jeu décisif du quatrième set, en servant une deuxième balle kamikaze à plus de 200 km/h. L’appel de l’inconnu ? « J’aurais pu finir plus vite mais je n’étais pas seul sur le court, plaide-t-il. Il m’a bien mis à l’amende pendant les troisième et quatrième sets. Je suis déjà content de m’en être sorti. »
Retrouvailles avec Djokovic
Il a fallu se montrer solide au cours d’un acte final étouffant. Notamment sur les trois balles de break qu’Almagro s’est procuré à 3-3 et 6-6, toutes effacées par des services gagnants et un coup droit monstrueux. « Il n’a pas laissé la décision à son adversaire, apprécie son entraîneur Eric Winogradsky. Il est allé chercher le match en avançant. Ce n’est pas facile de le faire au cinquième set, après trois heures de jeu. » Privé de balle de break depuis le deuxième set, Tsonga a saisi son unique occasion, à 8-7, en allant conclure au filet. « C’est sympa que Jo s’en soit sorti. Maintenant, je vais commander au Père Noël un match en cinq sets en étant mené deux sets zéro ! », plaisante (à moitié) Winogradsky.
Ce sera peut-être pour le prochain tour face à Novak Djokovic. Qualifié pour la troisième année de suite en quart de finale de l’Open d’Australie, Tsonga va retrouver son bourreau de la finale 2008. « Mais depuis, je l’ai battu quatre fois (en cinq rencontres) et la donne a changé, fait-il remarquer. Mais oui, ce sera forcément une revanche. » Et peu importe combien de sets ça prendra.