Bartoli: "Quand tu prépares Polytechnique, ce n’est pas comme si tu préparais le BEPC…"

Marion Bartoli à Wimbledon - AFP
Depuis l’annonce de votre non come-back, transmettre, coacher devient comme une évidence?
Ah oui absolument. Je n’étais pas prête à le faire auparavant car je n‘avais pas définitivement tourné la page de joueuse de tennis. Mon come-back, j’aurais dû le tenter plus tôt. Cinq ans d’écart, c’est trop. Surtout après la perte de poids que j’ai vécu. Mon corps ne pouvait pas.
Maintenant, je peux passer à autre chose. Je me sens prête. J’ai eu de la chance d’apprendre plein de choses avec mon père, à travers mes matches. Amélie Mauresmo m’a aussi beaucoup apporté lors de mon titre en 2013, dans la manière de gérer les moments de tension, de pression. J’ai envie de transmettre à quelqu’un qui va être motivé.
Il faut venir vous chercher ou vous proposez vos services?
(rires) Je ne sais pas. Ce n’est pas à moi d’aller voir un joueur en lui disant: "Hey, je pourrais te coacher!" Tu commences à faire passer le message aux agents… En tennis, les choses se font en fin d’année. En novembre, certains pourront se dire: "Tiens, je pense à elle". En tout cas, ce sera dommage que j’aille travailler à l’étranger…
Caroline Garcia, qui sera peut-être 5e mondiale lundi, semble avoir du mal à franchir les paliers en Grands Chelems…
Caro a son système de fonctionnement avec son papa et ce n’est pas facile de s’immiscer. Je pense que je pourrais fonctionner avec Louis-Paul. Mais je ne veux pas casser ça, il faut venir en appui. Je pense que m’investir chez les jeunes en France, ça m’intéresserait. Il y a du potentiel. J’aimerais bien que la Fédération réfléchisse et se dise que ce que je dis n’est pas trop idiot.
Votre interview dans L’Equipe a occasionné des retours de part de la FFT?
Non, pas du tout.
Vos paroles étaient destinées à donner un grand coup de pied dans la fourmilière?
Bien sûr. J’ai toujours été franche et honnête. Dire les choses de façon ‘faux-cul’, ce n’est pas moi. Après, on peut me dire que j’ai tort, ça peut être un débat. Mais vu les résultats du tennis français aujourd’hui, on pourra difficilement m’expliquer que j’ai tort.
Vous avez repéré des espoirs?
Je les ai vues sur les tournois du Grand Chelem ou quand je m’entraînais cet hiver au CNE. Je me répète: ce n’est pas le potentiel tennistique qui manque, c’est l’attitude. Certains ont une bonne attitude mais ils sont déjà presque trop âgés. Le train est quasiment déjà passé. Pour les autres, il faut radicalement changer de comportement sinon ça ne le fera pas.
Ça vous fait enrager intérieurement?
Oui, forcément. Ce n’est pas ce que j’ai vécu, pas ce que j’ai observé au plus haut niveau. Ils sont tellement dans le faux… Quand tu prépares Polytechnique, ce n’est pas comme si tu préparais le BEPC… Il faut être en phase par rapport à ce que tu vas devoir affronter. Si tu te voiles la face, généralement, tu ne vas pas passer.