Coupe Davis: Paire le néophyte, Benneteau le retraité, Noah justifie ses choix pour l’Espagne

Son appel du pied (ou plutôt de la raquette) ne sera pas resté lettre morte. Pour la première fois de sa carrière, Benoît Paire va intégrer l’équipe de France de Coupe Davis. Une décision annoncée ce mardi matin par Yannick Noah, le capitaine des troupes tricolores, qui a livré aux médias sa liste pour la demi-finale face à l’Espagne à Lille (14-16 septembre) avant de justifier ses choix. Alors, pourquoi maintenant Paire et son caractère volcanique qu’on a longtemps dit incompatible avec l’esprit d’équipe cher à la Coupe Davis?
Question de motivation, assure cap’tain Noah, heureux de voir le garçon clamer publiquement son envie de participer à l’aventure. "Je l’avais eu avant qu’il évoque la chose dans les médias, explique le vainqueur de Roland-Garros 1983. On s’était parlé, on a eu l’occasion d’échanger depuis quelques temps et il m’avait déjà dit qu’il était motivé, intéressé, qu’il avait envie. C’était il y a quelques mois et on a continué d’échanger pendant l’été."
De l’envie, donc, mais pas que. Noah n’a pas sélectionné le 56e joueur au classement ATP pour lui faire plaisir mais bien pour ce qu’il est capable d’apporter sur le court. "Il a un profil intéressant par rapport à nos adversaires et il me tarde de travailler avec lui", assure le capitaine. Pour le lancer face à un Rafa Nadal qu’il peut enquiquiner avec son jeu, par exemple? "On est à neuf-dix jours du match et on s’attend à jouer l’équipe-type, à savoir Nadal, Carreno Busta et leur double, rappelle Noah. Et par rapport à cette configuration, je pense que Benoît peut nous être très utile en troisième joueur. Sur cette rencontre, comme vous pouvez le voir, il n’y a pas d’équipe-type qui sort naturellement. On a différentes options en fonction de qui sera en face."
Reste la question que les mauvaises langues adoreront poser. Paire l’électron libre saura-t-il adopter l’esprit collectif nécessaire aux grandes réussites dans la quête du Saladier d’argent? "Je pense, oui. On a eu l’occasion d’échanger avec les gars depuis que j’ai officieusement donné la composition de l’équipe et je ne suis pas du tout inquiet à ce niveau-là", rassure Noah. Qui serait plutôt tracassé par un de ses adversaires, un certain Nadal: "Moi, ce qui m’inquiète par-dessus tout, c’est le gaucher espagnol. Pas mal, bon joueur, coriace, physique, un mental d’acier et motivé pour venir. Oui, c’est lui qui m’inquiète. Après, on va mettre tous nos atouts de côté. On n’est pas favori mais on a une belle carte à jouer et on va faire le maximum pour créer la surprise."
Il pourra pour cela, sauf changement de programme, compter sur un double Mahut-Benneteau. Une surprise, ce dernier ayant annoncé prendre sa retraite à l’issue de sa défaite au deuxième tour de l’US Open. Mais les circonstances et l’amour du maillot ont reporté de quelques jours son passage dans l’autre vie… "Mon premier choix était bien entendu de faire venir Pierre-Hugues Herbert, qui est important dans l’équipe et qui est motivé. Mais il a eu un problème au niveau des ischio-jambiers et il doit être au repos pendant quinze jours minimum. D’où le retour de Benneteau."
Qui n'est pas un cadeau, loin de là, ce serait mal connaître la maison Noah... "Ce n’est pas pour lui rendre hommage, confirme ce dernier. On a une rencontre à jouer et mon job est de mettre la meilleure équipe possible. Il m’a envoyé un texto après son dernier match où il m’a demandé s’il devait continuer à s’entraîner une semaine avant de prendre sa retraite. Je lui ai répondu qu’il pouvait se relaxer et boire un coup, qu’on allait fêter ça plus tard. Mais Pierre-Hugues étant blessé, je l’ai rappelé. Je suis vraiment triste pour Pierre-Hugues mais d’un autre côté, c’est un petit clin d’œil du destin. Il va avoir la possibilité de jouer à nouveau sur ce court. Pour la petite histoire, c’est assez rigolo. Mais je l’ai prévenu qu’il n’était pas sûr de jouer jusqu’à la dernière minute." Pas grave. L’ami Bennet’ ne pensait plus être tennisman pro. Quoi qu’il arrive, il profitera de ce rab avec plaisir.