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Forget : « Ça me manque déjà »

Guy Forget

Guy Forget - -

En larmes face aux journalistes, le désormais ex-capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis est revenu sur ses 14 années aux commandes des Bleus.

Guy, que ressentez-vous après cette fin d’aventure en quarts de finale de la Coupe Davis et surtout la fin de votre capitanat ?

Ça me manque déjà. La Coupe Davis, c’est toute ma vie. Si je suis là aujourd’hui, c’est grâce à la Fédération, à mes entraîneurs, à ma famille (il se met à pleurer). Je suis « addict ». C’est une histoire d’enfant. Mon père était entraîneur. J’ai rêvé grâce au tennis. J’ai vécu des moments magiques en tant que joueur et capitaine. Avec tous ces joueurs que j’adore. Je suis triste que ça s’arrête comme ça. Je suis ému. C’était chouette. C’était des beaux moments.

Vous avez tout de suite réalisé que c’était fini ?

D’abord, j’ai eu la déception. Et puis quand j’ai vu les gens commencer à chanter, les joueurs me regarder, le staff avoir les larmes aux yeux, je me suis dit : « ils vont me faire chialer ces cons-là »… C’est là que j’ai réalisé que c’étaient mes derniers moments avec eux, devant le public français.

La France n’a pas fait illusion face aux USA…

J’y ai cru jusqu’au bout. J’ai trouvé « Jo » (Tsonga) vaillant, très bon par moments. Il peut sortir la tête haute. Malheureusement, Isner a été énorme. Il a livré le match que je craignais. Il faut reconnaître que les Américains, et Isner en particulier, ont été époustouflants ce week-end.

« Cette histoire de surface est un détail »

Regrettez-vous d’avoir choisi la terre battue comme surface ?

Non. Je vais être clair là-dessus. Je n’ai jamais remis en question ce choix. On l’a choisie à l’unanimité. Les conditions étaient idéales et les garçons ont pratiqué un tennis d’attaque à outrance. Cette histoire de surface est un détail. Si on avait joué les Américains chez eux, on aurait joué en indoor, sur une surface intermédiaire voire rapide. Le match aurait été le même. On a perdu à la régulière.

De quoi êtes-vous le plus fier après quatorze années de capitanat ?

De mes joueurs. De l’attitude dont ils ont fait preuve ce week-end même si on n’a pas été assez bons. Dans le sport, il faut accepter de perdre. J’espère qu’ils seront encore plus forts à Roland-Garros. Et qu’ils remporteront vite ce trophée dès 2013. Ils en ont le potentiel. La génération suivante n’a pas encore pointé le bout de son nez. Alors mettez le paquet les gars ! Il y a peut-être encore de belles pages à écrire.

Si vous deviez vous définir en tant que capitaine…

J’ai été honnête, sincère et passionné. J’ai sûrement fait des erreurs mais je les ai commises en étant persuadé, à chaque fois, en étant persuadé que c’était les bons choix.

Quel héritage pensez-vous laisser à votre successeur ?

Yannick m’avait transmis le flambeau avec une belle équipe, des valeurs que je trouvais belles. Je leur ai transmis ce témoin à mon tour. Quand je vois les larmes sur le visage des joueurs, leurs marques de soutien les uns envers les autres, je me dis que je laisse cette équipe un peu comme je l’avais trouvé. J’espère qu’ils seront capables de rester dans cette voie-là. C’est la seule qui mérite d’être empruntée pour vivre pleinement la Coupe Davis. Si c’est pour venir, comme dans d’autres équipes, avec son propre staff de façon égoïste et individualiste, autant faire du golf.

Propos recueillis par Rodolphe Massé, à Monte-Carlo