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Forget : « Cette équipe est perfectible »

Le capitaine Guy Forget n'est pas parvenu à inverser la tendance d'une équipe de France de Coupe Davis d'emblée menée par les Tchèques.

Le capitaine Guy Forget n'est pas parvenu à inverser la tendance d'une équipe de France de Coupe Davis d'emblée menée par les Tchèques. - -

Le capitaine de l’équipe de France avance l’inexpérience de ses joueurs pour expliquer la défaite en République tchèque (3-2), au premier tour de la Coupe Davis.

Guy Forget, qu’a-t-il manqué à l’équipe de France ce week-end, l’envie ?
L’envie ? Non, je pense que l’envie y était. Malheureusement, il faut reconnaître que les Tchèques ont été une nouvelle fois plus solides que nous. On pouvait imaginer Stepanek, pour son troisième match, une éventuelle fatigue et ça n’a pas été le cas. Il a fait le match parfait contre Gilles, alors que Gilles fait le break au troisième set, je pensais qu’à ce moment-là, Stepanek aurait un petit coup de barre. Mais il a bien servi et quelque part, on n’a pas réussi à emballer le match. On est déçu une nouvelle fois même si c’était une première fois pour Gilles en Coupe Davis, car on se rend compte que l’autre était un peu plus roublard par moments. Il a prouvé que c’était l’homme de la situation.

Vous avez multiplié les essais, avec Gilles Simon en simple et Richard Gasquet en double…
Je crois que, comme on l’a dit depuis longtemps, cette équipe de France est une nouvelle équipe. Elle est ambitieuse, elle est jeune, elle a beaucoup de talent mais est encore perfectible. Que ce soit le double ou le simple, il n’y avait que des nouveautés d’une certaine manière. Il y a quelques jours, on parlait de l’inexpérience de mes joueurs que j’essayais de temporiser compte-tenu du fait que certains d’entre eux évoluent au sein du Top 10, avaient fait de grosses victoires auparavant et puis finalement, on se rend compte que ce sont des petits détails qui ont fait la différence. On a tous appris beaucoup de choses aujourd’hui. Moi le premier mais eux aussi. Je crois que si je me projette dans le temps, cette équipe gagnera la Coupe Davis. C’est une question de temps. Aujourd’hui, c’est trop tôt. Il y a un travail à effectuer, des tas de petits détails à régler pour être performant. On peut avoir cinq joueurs de très bon niveau, on se rend compte aujourd’hui que les Tchèques en ont deux et que ça suffit. Stepanek a joué trois jours de suite et a été bon du premier au dernier jour et nous, sur certains aspects, on a été encore un petit peu tendre. Le potentiel est là mais il y a encore un petit peu de travail à faire. Moi, je sais observer l’avenir avec optimisme même si c’est la déception qui prime.

N’avez-vous pas des regrets concernant le choix du double ?
Vous savez, c’est toujours facile de critiquer une fois la rencontre terminée. Je vois venir les questions. Est-ce que je n’aurais pas du faire jouer Jo (Jo-Wilfried Tsonga, ndlr) en double ? Jo, pour moi aujourd’hui, c’était l’un des piliers du simple. Vous connaissez aussi bien que moi sa forme physique, il a connu beaucoup de pépins récemment et la grande force de ce groupe, c’était justement de se dire que ce groupe était homogène et composé de joueurs de talent. Gilles est numéro un français, 8e à l’ATP. On a un spécialiste du double avec Mickaël Llodra. Richard (Gasquet, ndlr) est un joueur dont on ne vantera pas le talent, qui a déjà gagné des titres en double. Chacun avait un rôle bien défini. On n’allait pas partir dans cette rencontre en se disant un tel va jouer trois matches et pour le reste on verra. Vous pourrez poser la question à Jo, je crois qu’il n’y avait aucun doute concernant les capacités de Richard en double. Je ne suis pas persuadé que Jo aurait fait mieux que lui, compte-tenu de son inexpérience et de son manque de repères. J’accepte la critique. Après, oui, on peut dire que Richard aurait pu faire mieux. Je ne suis pas certain que cela aurait suffi pour gagner ce double-là.

Avez-vous néanmoins des regrets ?
Une fois que les matches sont perdus, on peut toujours se dire si j’avais fait cela, les choses auraient été différentes. Je ne le saurais jamais. Maintenant, oui, j’aurais peut-être fait les choses différemment. Je ne sais pas vous dire quoi. J’aurais modifié une petite chose. Mais je trouve que ce serait très maladroit et très irrespectueux vis-à-vis des joueurs de se lancer sur ce débat-là. Je dois faire mon analyse en tant que sélectionneur et préparer le prochain match de barrage que l’on aura à jouer.

Cette défaite finalement n’est-elle pas un mal pour un bien ?
Il n’y a que dans le combat qu’on arrive à voir ce qui est perfectible. Je l’avais dit lors d’une conférence de presse à Roland-Garros que la Coupe Davis était une loupe, un miroir grossissant de nos forces et de nos faiblesses. On a vu exactement où on en était. Les joueurs, en tant que technicien et moi en tant que sélectionneur. Il va falloir faire un débriefing pour mettre le doigt sur ce qui nous a manqué. Ce qui serait triste, c’est de se dire qu’on a été bon partout. Non, ces garçons sont jeunes et ont une grosse marge de progression. Je pense que dans trois, six mois, ils seront encore plus forts. Là, on va préparer le match de barrage pour rester dans le groupe mondial. On mérite vraiment d’être dans le groupe mondial.

La rédaction - Eric Salliot