Forget : « Pas la fin d’une épopée »

Guy Forget - -
Guy, quelle déception, quelle frustration...
On n’était pas euphoriques hier soir, mais à 2-1, on était bien placés. C’est peut-être le travail de sape qu’ils ont effectué avec le public pendant deux jours qui a commencé à porter ses fruits aujourd’hui. Car dans le premier match avec Djokovic et dans le deuxième avec Troicki, à aucun moment, on est en position de gagner. On est vraiment dominés sur les deux matches. Et c’est ça qui est un peu frustrant. Même si on doit accepter la défaite face à une équipe qui a été, aujourd’hui, bien au dessus de nous.
Comment expliquez-vous que les joueurs français aient été inexistants face aux Serbes aujourd’hui ?
Novak Djokovic a mis la barre très haute. Quand on joue le numéro 3 mondial, chez lui, devant son public, on peut faire le match de ses rêves et espérer gagner à l’extérieur. De toute évidence, ni Gilles et ni Gaël n’y sont parvenus. Après, la surprise, c’est Troicki. « Mika » était pourtant en grande forme. Mais Troicki a retourné son service comme si c’était un junior. Troicki fait le match parfait aujourd’hui. C’est dur, même à froid, de trouver une explication à ça. On n’a pas été assez bons dans les deux matches aujourd’hui. Sans pour autant être mauvais, on a été largement en-dessous des autres.
On ne peut pas négliger la pression de l’enjeu. Les Français l’ont ressentie plus que les Serbes...
Probablement. Pour ce qui est de Gaël, il était un peu tendu. Mais je ne crois pas que la tension ait pris le pas sur tout le reste. Djokovic est aujourd’hui au-dessus. C’est comme lorsque l’on joue Nadal en Espagne ou Federer en Suisse. On est tous déçus aujourd’hui car c’est une longue campagne qui a commencé à Maastricht aux Pays-Bas, il y a un peu plus d’un an. Elle s’achève, aujourd’hui, alors qu’on menait 2-1 le samedi soir. C’est dur d’en parler car on y a cru jusqu’au bout. On s’incline face à des joueurs qui nous ont archi dominés dimanche.
Quelles leçons pour l'avenir tirez-vous de cette rencontre ?
D’une part, on a un groupe formidable. Je ne veux pas chercher des excuses, mais « Jo » n’était pas avec nous ni en quarts, ni en demies, ni en finale. Aujourd’hui, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’avec un « Jo » en forme, comme il l’était à Montpellier, les choses auraient pu être différentes. C’est un groupe jeune. Il est en train de prendre de la bouteille. Ils l’ont prouvé. Pour une première année, car je pense que c’est une première année, ce n’est pas la fin d’une épopée. C’est le début d’une nouvelle aventure avec un groupe qui a été soudé tout au long de la saison. Donc il y a matière à voir les choses en bleu dans les années à venir. Imaginez l’équipe serbe sans Novak Djokovic. Je ne peux pas penser qu’on aurait perdu. « Jo » nous a peut-être un peu manqué sur cette finale, mais ceux qui ont joué aujourd’hui ont qualifié l’équipe de France jusqu’ici.
Un mot sur l’ambiance et l’atmosphère. Cela vous a gêné ?
En Coupe Davis, l’ambiance est toujours électrique surtout quand on joue dans ces pays là à l’extérieur. J’ai dit une seule chose au juge-arbitre et je le défendrai lors de la réunion des capitaines de Coupe Davis. Il y a en effet un aspect de cette rencontre qui a été très désagréable, ce sont les spectateurs qui, trois fois sur cinq lorsque l’équipe de France servait, ont sifflé lorsque la balle était en l’air. Il y a eu des sifflets en quasi permanence. Et ça, franchement, je trouve ça intolérable. Le juge-arbitre ne peut pas se réfugier sur le fait que les joueurs ne s’en plaignent pas trop. Moi, j’avais demandé aux joueurs de se taire. Ils ont tenu le coup. Mais au bout de trois jours de rencontre, quand vous sentez en permanence une volonté de la part d’une petite minorité du public de gêner, ce n’est franchement pas agréable. Cela ne se voit pas dans les autres rencontres de Coupe Davis, même dans les pays d’Amérique du Sud où le public peut être chauvin, très « border line ». Ça été, avec le recul, très fatigant nerveusement. Cela peut expliquer le coup de pompe qu’ils ont pu avoir aujourd’hui, notamment « Mika ». Lors du double, si on perd les deux premiers sets, c’est aussi à cause de ça. Lorsque tu dois jouer contre les adversaires et contre les imbéciles dans la salle, c’est fatigant. Maintenant, je ne cherche pas à trouver des excuses car cela n’explique pas tout.