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France-Suisse : les raisons d’un échec cuisant en double

Julien Benneteau et Richard Gasquet

Julien Benneteau et Richard Gasquet - AFP

Dominés par meilleurs qu’eux, Richard Gasquet et Julien Benneteau ont subi la loi de la paire Wawrinka-Federer et concédé le double (6-3, 7-5, 6-4) ce samedi au deuxième jour de la finale de la Coupe Davis. Explications alors que la Suisse mène désormais 2-1 avant un dimanche décisif.

Tsonga, l’absent de dernière minute

L’annonce est tombée au dernier moment possible, une grosse heure avant le début du match. Avec l’entraînement du matin, on attendait une paire tricolore Richard Gasquet - Jo-Wilfried Tsonga. Mais ce dernier ne tiendra finalement pas sa place, remplacé par Julien Benneteau. Souci physique (avant-bras) ? Blocage psychologique devant la pression ? Si rien n'a encore été confirmé, à voir le garçon en larmes au moment de la Marseillaise, on pencherait plutôt vers la seconde explication. Le choix des tripes. Confirmé par Arnaud Di Pasquale, le DTN du tennis français : « Jo s’est rétracté au dernier moment et a préféré laisser la place à Julien, qui lui est très en forme, et se préserver pour demain. Il n’a pas joué à son meilleur niveau vendredi. Il se sent forcément un peu moins bien il a pris un petit coup derrière la tête. Le collectif doit primer sur l’individualité. Et c’est ce qui s’est passé. »

Et Patrice Hagelauer, ancien DTN, d’appuyer : « Dans sa tête, il s’est dit que ce n’était pas la peine. Qu’il allait essayer de rester concentré pour essayer d’être bien dimanche pour le simple. » Appelé de dernière minute, Benneteau a dû tout de suite reprendre ses repères auprès de Gasquet, le dernier match des médaillés de bronze olympiques 2012 remontant à plus d’un an et demi. Peut-être une explication d’un premier set où les Bleus n’ont pas su se procurer la moindre balle de break, Benneteau cherchant ses marques car devant retourner côté droit (le revers de Gasquet oblige à le faire retourner à gauche, où Benneteau évolue habituellement en double). « Les Français ne font pas peur sur les retours », jugeait alors Sarah Pitkowski. La membre de la Dream Team RMC Sport avait raison. Ce sera mieux par la suite. Mais toujours insuffisant, surtout avec les nombreuses occasions de break manquées.

Gasquet s’écroule

Est-ce la bise appuyée de Monfils avant le match ? Les frissons de l’hommage rendu aux Bleus vainqueurs de la Coupe Davis 1991 ? Les larmes de Jo pendant la Marseillaise ? La ferveur du public ? Difficile de pointer une cause exacte. Mais plus aisé de saisir la conséquence : comme trop souvent dans sa carrière, Richard Gasquet n’a pas été à la hauteur du grand rendez-vous de ce double de finale. Trop emprunté, incapable de se lâcher, le Biterrois a multiplié erreurs et mauvais coups. « On attendait une meilleure performance de Richard, commente Patrice Dominguez, membre de la Dream Team RMC Sport. Il avait pourtant été le meilleur à l’entraînement depuis quinze jours. Mais là, il a fait un peu petit garçon par rapport aux autres. Il n’est pas à l’aise dans un rôle de leader. » A ses côtés, Benneteau, numéro 5 mondial en double, aura tenu la baraque tant qu’il l’aura pu (le kiné interviendra pour lui dans le troisième set). « Julien a pris le match en mains, c’était lui le leader », confirme Patrice Dominguez. Mais difficile, dans ces conditions, de renverser une paire Federer-Wawrinka qui évolue à son meilleur niveau (ou tout proche).

Federer et Wawrinka au rendez-vous

Il a suffi de quelques instantanés. Une extension par-ci, un smash appuyé par là. Des fragments de jeu suffisants pour un constat : Roger Federer va bien mieux, merci pour lui. A l’issue de sa défaite contre Gaël Monfils, vendredi, le numéro 2 mondial avait confié s’être senti « de mieux en mieux au fil du match » sur le plan physique. Intox ? Info. La preuve ce samedi lors du double avec un Roger impérial, efficace en retour comme au service, précis à la volée, qui n’a jamais baissé de pied sur le plan athlétique. En milieu de deuxième set, alors que Stanislas Wawrinka connaissait un léger trou d’air tennistique, l’homme aux 17 titres du Grand Chelem a même pris la rencontre sur ses épaules, à l’image de cette volée smashée sur Benneteau comme un leader frapperait du poing sur la table pour montrer qui est le patron. Même s’il n’évolue certainement pas à 110%, un Federer à ce niveau reste une montagne à escalader.

Mais Wawrinka dans tout ça ? Hormis cette période un peu creuse, le numéro 4 mondial a encore évolué, comme vendredi, à un très haut niveau. Trop haut pour les Bleus, sans doute. Si elle avait perdu ses quatre derniers doubles en Coupe Davis, la paire helvète médaillée d’or olympique à Pékin a su répondre présent au moment où il le fallait. Leur expérience des grands rendez-vous, même si elle vient surtout du simple, aura fait une partie de la différence. La preuve avec ces multiples balles de break sauvées au deuxième set. Federer-Wawrinka, c’est du lourd. Du très lourd. Sur Twitter, Serena Williams a même osé la comparaison : « Quand je vois jouer Stan et Roger, ça me rappelle Venus et moi ».

Alexandre Herbinet