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Proisy : « L’atmosphère sera très pesante à Belgrade »

Patrick Proisy

Patrick Proisy - -

Joueur majeur de l’équipe de France de tennis dans les années 70 (21 matchs dont 12 victoires), proche de Yannick Noah, le finaliste de Roland-Garros en 1972 ouvre la boite aux souvenirs. Savoureux.

Patrick, quel est votre plus beau souvenir de Coupe Davis ?
Il s’agit d’une victoire face à la République Tchèque à Prague avec Patrice Dominguez. Nous avions permis à la France de revenir à 2-1 en remportant le double contre la paire Hrebec et Kodes, qui était largement favorite. J’en garde un souvenir particulier car nous étions menés deux sets à un devant un public déchaîné.

Est-ce davantage la performance ou l’ambiance qui reste ancrée dans la mémoire quand on parle de Coupe Davis ?
L’atmosphère des rencontres dépasse mes souvenirs de matches. Jouer la Coupe Davis est très particulier, la pression est infiniment plus grande qu’en match « classique » car on représente sa nation. Malgré le talent, la peur de mal faire peut inhiber n’importe quel grand joueur comme ce fut le cas pour Gaël Monfils lors de la rencontre face aux Néerlandais (défaite face à De Bakker en barrage du groupe mondial, en septembre 2009).

« Paraguay 85, c’était véritablement l’enfer »

Quelle est la pire atmosphère que vous ayez eue à supporter ?
Je me rappelle d’un enfer, en 1977, face à l’Italie au Foro Italico de Rome. Jouer dans ces conditions ne serait plus possible actuellement, nous avions perdu 4-1 dans une ambiance indescriptible. Un an avant, Adriano Panatta avait remporté le Masters de Rome de manière scandaleuse. Il avait battu Guillermo Vilas et José Higueras alors que les gens lançaient des objets sur le court.

Une rencontre est également restée célèbre, dans les années 80 au Paraguay...
C’était à Asunción, en 1985. Noah et Leconte avaient perdu contre Pecci et Gonzalez sur bois ultrarapide face à un public survolté et des arbitres… paraguayens. Le journaliste français Hervé Duthu s’était pris des chaises balancées par les supporters. C’était véritablement l’enfer. Désormais les pays qui reçoivent doivent garantir la sécurité des joueurs et tenir leur public sous peine de sanction. Les arbitres sont maintenant issus de pays neutres.

A quelle ambiance les joueurs français peuvent-ils s’attendre en Serbie ?
L’atmosphère sera très pesante à Belgrade, la salle est immense, tous les billets ont été vendus en quelques heures. En Serbie, cette finale dépasse le cadre du sport, il s’agit d’un véritable enjeu patriotique. La ferveur populaire me fait craindre des débordements en cas de défaite serbe.

Propos recueillis par Jérôme Sillon