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Tsonga : "S’ils ont envie de s’entretuer entre compatriotes, c’est leur problème !"

Jo-Wilfried Tsonga

Jo-Wilfried Tsonga - AFP

Blessé, le numéro 1 français Jo-Wilfried Tsonga n’aura pu disputer qu’un match lors de ce week-end de finale de Coupe Davis contre la Suisse. De quoi entraîner les sifflets d’une partie du stade Pierre-Mauroy. Une attitude que le joueur tricolore a du mal à comprendre.

Jo-Wilfried Tsonga, pouvez-vous nous en dire plus sur cette blessure qui vous a privé de court samedi et dimanche ?

Je ne sais pas vraiment. Je n’ai pas encore le diagnostic. Je suis triste car j’aurais aimé pouvoir aller sur le court et me battre autant que possible. Mais avec cette blessure, je n’étais pas capable de le faire et d’être la meilleure chance pour notre équipe.

Avez-vous hésité à jouer le premier simple du vendredi ?

Honnêtement, pas une seconde. Je me sentais beaucoup mieux. A Bordeaux, j’ai ressenti des petites douleurs, mais on a bien bossé avec les kinés pour être à 100% le vendredi. Quand je suis rentré sur le court, j’étais persuadé de pouvoir donner le meilleur de moi-même. Ça n’a pas fonctionné. J’ai donné tout ce que j’avais, mais l’adversaire a juste été meilleur. A la suite du match, à froid, j’ai commencé à sentir des douleurs un peu plus vives. Malheureusement, le samedi matin, je n’arrivais pas à serrer la raquette. Je n’étais pas capable de frapper proprement dans la balle. Julien (Benneteau, ndlr) savait qu’il y avait cette possibilité que je ne puisse pas jouer et malheureusement ça a été le cas. Je me suis encore posé la question de savoir si j’y allais ou pas samedi soir. Tout le monde m’a dit : ‘‘Stop, tu es blessé, tu ne peux pas y aller’’. Mais j’avais tellement envie de jouer, d’être présent, de contribuer à tout ça, que j’avais envie d’y aller même blessé.

Vous étiez forfait sur blessure pour la finale de la Coupe Davis 2010 en Serbie et votre physique vous fait encore défaut sur cette finale 2014. Vous devez vous sentir maudit…

Je ne me sens pas maudit mais oui, ça ne tombe pas bien. C’est le dernier week-end de la saison, mais c’est aussi celui où on a envie de tout donner, de tout lâcher. Mais j’ai fait partie de cette aventure, j’ai toujours tout donné pour cette équipe et privilégié la Coupe Davis dans mon calendrier par rapport à mes devoirs personnels. Je ne mets pas tout ça à la poubelle. On n’en parle pas beaucoup, mais on était quand même en finale. C’est honorable même si une finale, ça se gagne. Il faut féliciter nos adversaires, relever la tête et continuer à avancer. Il y a beaucoup de déception car je me suis toujours beaucoup investi dans cette équipe. J’aurais aimé jouer tous les matches mais on ne peut pas revenir en arrière. Donc je vais plutôt regarder devant.

Pourquoi avoir caché votre blessure ?

J’espère que maintenant, vous le comprenez. C’était pour laisser le doute à nos adversaires. Quand on est un professionnel comme Federer, on regarde des vidéos de ses adversaires, on prépare des plans, des schémas de jeu. Le fait qu’il ne sache pas ne lui donne pas tout ce temps. Ce n’est peut-être qu’un petit détail mais tous les détails qu’on peut prendre, on les prend. S’il faut faire ça pour semer un peu le doute dans la tête de nos adversaires, on le fait. On est désolé de laisser un doute comme ça auprès de tout le monde car le public n’est pas notre adversaire. Mais ça fait partie du jeu de ne pas donner d’infos à nos adversaires pour essayer de gagner.

Vous avez pleuré pendant la Marseillaise samedi. Que signifiaient ces larmes ?

Ça voulait dire que le week-end était terminé mais pire que ça, que l’équipe de France avait un petit coup dans l’aile. Ça s’est confirmé par la suite. Malheureusement, le double et Richard n’ont pas été capables de renverser le truc. C’est clair que j’en tire une grosse part de responsabilité. Je me sens responsable presque à 100% de tout ça. J’ai toujours été derrière cette équipe à 100%, toujours tout donné, dans les moments difficiles, à l’extérieur... Donc quelque part, je me sens un peu responsable de la défaite. J’aurais aimé ne pas être blessé et au moins défendre nos chances un peu plus.

Sur le podium, le public du stade Pierre-Mauroy vous a sifflé. Que vous inspire cette réaction des spectateurs ?

Tout le monde n’a pas sifflé. Ce n’est qu’une petite partie du public. Les gens qui sèment le trouble sont souvent une minorité. Là, c’était le cas. Ce sont des gens qui n’ont pas réfléchi au truc, qui n’ont aucune reconnaissance envers tout ce que j’ai donné à cette équipe au fil des années. Forcément, c’est décevant. Même si c’est une minorité et que ça ne compte pas trop, ça touche toujours. Je vais continuer à me battre pour mon drapeau et s’ils ont envie de s’entretuer entre compatriotes, c’est leur problème. Moi, je ne fais pas ça, je suis à fond derrière mon pays, derrière mon drapeau, et je donne tout ce que j’ai.

Vous êtes désormais en vacances. Quel est votre programme pour les prochains jours ?

Je vais faire des examens médicaux demain (lundi, ndlr). En fonction de ça, je gérerai la suite comme je l’entends.

La rédaction avec E.S. et J.Bo. à Villeneuve d'Ascq