Dopage : accusé à son tour, Noah se défend

Yannick Noah - -
Une semaine après avoir provoqué un véritable séisme dans le monde du sport après ses propos sur le dopage (édition du Monde du 19 novembre), Yannick Noah passe de nouveau pour l’arroseur arrosé. Choqué par les propos de l’ancien numéro 1 tricolore, Milan Sterba, ex-juge arbitre de tennis international, affirme dans l’édition suisse du jour de 20 Minutes que le Français était dopé lors de sa victoire à Roland-Garros en 1983 : « C’était de notoriété publique que Noah prenait des produits. J’ai été témoin de ses pratiques lors de son succès à Roland-Garros. Une victoire qu’il n’aurait jamais dû conserver. »
Sterba se souvient du quart de finale remporté par le Français face à Ivan Lendl. Selon lui, le tennisman s’est dopé pendant le match. «J’étais juge de ligne, affirme-t-il. Il s’est absenté du terrain à de nombreuses reprises et revenait à chaque fois avec les yeux explosés. C’était difficile de ne pas le remarquer. Quelque temps après le match, j’en ai directement parlé à Ivan Lendl. Il m’a dit: « Je ne comprends pas. A chaque fois qu’il revenait de pause, il cognait plus fort. Je ne sais pas ce qu’il a bien pu prendre. »
« L'objectif qui était le mien : soulever cette chape de plomb qui pèse sur le dopage. »
Quelques heures plus tard, Noah donnait son point de vue de nouveau dans les colonnes du Monde : « Je n'ai jamais fait appel à un médecin ou à quiconque pour me fournir en produits, explique la personnalité préférée des français. A mon époque, on prenait tous des petits trucs, j'avalais par exemple des cachets pour dormir dans l'avion parce qu'en arrivant il fallait bien jouer. C'était anecdotique (…) Sinon, oui, j'ai carburé quelques matches au café cognac ! Soyons sérieux. Pour tous les matches que j'ai disputés, je me suis entraîné comme une bête, et tous ceux qui ont travaillé avec moi le savent, les entraîneurs et mes adversaires. »
Et de revenir, enfin, sur la vague d’indignation suscitée par ses propos sur la légalisation du dopage dans le sport. « Quand j'écris : "Arrêtons l'hypocrisie. Plus personne n'est dupe. La meilleure attitude à adopter est d’accepter le dopage. Et tout le monde aura accès à la potion magique", il s'agissait bien entendu d'une démonstration par l'absurde. Mon intention n'était pas de dire : "A partir de maintenant, la bonne idée serait de mettre tous les gamins sous perfusion !" Mais entre ceux qui font semblant de ne pas comprendre, ceux qui ne savent pas lire, ceux qui n'ont pas d'humour et ceux qui sont motivés parce que, tout d'un coup, ils ont droit à la parole, on perd de vue l'objectif qui était le mien : soulever cette chape de plomb qui pèse sur le dopage. »