
Fed Cup: "Je ne suis pas liée au Canada à vie", confie Nathalie Tauziat
Pourquoi avoir choisi la fédération canadienne?
Cela fait longtemps que je travaille pour le Canada, j’ai commencé avec Eugénie Bouchard lorsqu’elle avait 14-15 ans, il y a pas mal d’années. J’avais envie de travailler avec la fédération française mais je ne pouvais pas le faire. J’ai discuté avec Luigi Borfiga (un ancien formateur de nombreux joueurs français comme Benneteau, Monfils, Simon), le Directeur technique national, je lui ai dit que cela m’intéressait, je voulais former des jeunes. Au départ, j’ai commencé avec Eugénie, j’ai eu aussi Aleksandra Wozniak (21e mondiale en 2009) qui revenait de blessure, j’ai aidé aussi Bianca Andreescu (70e mondiale, 18 ans) qui est encore en formation. J’ai eu pas mal de joueuses et je suis aussi entraîneure de l’équipe canadienne de Fed Cup.
Quelle est votre philosophie en tant qu’entraîneure?
Moi, c’est beaucoup la formation. Je suis toujours en train de dire aux joueuses qu’elles sont en formation surtout chez les jeunes comme aux Petits As à 13, 14 ans. On voit des potentiels, c’est sûr, mais la route est encore longue. Il y a beaucoup de choses à voir, à faire, à travailler. J’essaie de me servir de mon expérience d’ancienne joueuse de haut niveau pour éviter qu’elles fassent trop d’erreurs dans leur carrière, pour essayer d’avancer le plus vite possible. Je regarde comment le jeu évolue, et je sais pertinemment que plus on sait faire de choses, mieux c’est. Il y a un travail de fond que l’on peut faire à cet âge-là et un peu plus tard aussi. Mon rêve, ce serait d’avoir une joueuse qui sait un peu tout faire, vraiment tout faire, et qui serait capable de répondre à tous les jeux qu’il peut y avoir aujourd’hui.
Selon vous, il faut avoir une palette élargie aujourd’hui pour le top niveau plutôt qu'un jeu stéréotypé?
Je rêverais d'avoir une joueuse qui joue bien à la volée, ça c’est sûr (sourires)! Il y en a quelques-unes qui le font pas mal, mais elles n’osent pas trop y aller. Après il y a des bases à respecter dans le jeu. Et cela a toujours été comme ça. Le retour, le service, il faut aujourd’hui avoir un bon service, un bon retour. Et ces choses-là il faut les travailler très tôt, très jeune. En tout cas, une fois que la joueuse a pris un bon physique. Mais la technique est très importante pour ne pas se blesser, bien évoluer.
On pourrait vous voir entraîner une joueuse française un jour?
Je me sens bien au Canada, après je m’occupe d’une joueuse française aussi quand j’ai le temps, en dehors de la Fédération canadienne: Harmony Tan (301e mondiale, 21 ans). Comme j’étais chez moi en décembre et janvier on a fait une période foncière. Quand je peux, ou si on me demande, je suis ouverte à tout, je ne suis pas liée au Canada à vie. Mais c’est vrai que ce sont des gens qui m’ont reçue quand j’en avais besoin, je trouve que c’est normal que je leur rende l’ascenseur et que je réponde présente quand on me demande quelque chose.
Quel est votre avis sur les jeunes joueuses françaises et la relève du tennis tricolore féminin?
Je n'ai pas vu beaucoup d'entre elles jouer, je vous avoue. Fiona Ferro, que j’ai vue un peu plus souvent, avance bien. La jeune Clara Burel joue bien, elle a quelque chose, je trouve. Elle a bien progressé cette année, par rapport à Roland-Garros où je l’avais vue, elle a franchi un cap, elle a pris de la maturité dans son jeu, elle est plus agressive, elle change bien les rythmes. Ce sont des joueuses qui ont un potentiel mais après il faut savoir aussi bien l’exploiter. Il faut qu’elles fassent leur part. Et peut-être qu’on les verra plus haut, je l’espère en tout cas pour elles. Moi, je suis française avant tout et je suis toujours ravie quand une Française joue bien.