"Je suis un peu morte à 12 ans": le témoignage très fort d'Angélique Cauchy, violée par son coach de tennis

Si un jour quelqu'un te fait du mal aux éditions Stock, c'est l'histoire d'une fille de 12 ans qui a pour passion le tennis et un prédateur pour entraîneur. Pendant deux ans, des centaines de fois, Andrew Geddes l'a agressée sexuellement, violée, torturée psychologiquement. Vingt ans plus tard, cet homme a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour ces faits mais aussi pour ses actes vis-à-vis d'autres victimes. Ce témoignage difficile est celui d'Angélique Cauchy.
"Ce livre, c'est pour tous les enfants qu'on était hier, pour tous les enfants d'aujourd'hui. C'est pour mon fils, qu'il ne devienne ni victime ni agresseur", dit-elle, invitée samedi 19 octobre de News Box sur BFMTV. "Ce livre me permet de mettre de la distance entre les émotions et les faits. Je peux aujourd'hui en parler sans être terrorisée, c'est une grande chance. Et ça me permet, parce que je suis hypermnésique, de me donner le droit à l'oubli", ajoute-t-elle, qui compte 400 viols infligés par celui qu'elle appelle "l'autre".
"À 12 ans, je pensais que ma vie ne valait rien"
"Aujourd'hui, je vais bien, assure Angélique Cauchy. C'est récent, je n'aurais pas pu dire ça il y a un an et demi. Le travail que j'ai fait, le travail que la société fait pour reconnaître davantage les victimes, la libération de la parole et les retours que je peux avoir avec l'association Rebond me permettent de continuer et de me réparer petit à petit. Je suis tellement reconnaissante de pouvoir en être là. Finalement, j'aurai deux morts et c'est une chance. Je suis un peu morte à 12 ans, mais je sais qu'il faut que je vive ma vie à fond. Parce qu'à 12 ans, je pensais que ma vie ne valait rien".
Face à une photo d'elle à l'époque, Angélique Cauchy confie vouloir la remercier "de s'être battue pour la vie". "Je voudrais lui demander, avec tout le courage dont j'essaie de faire preuve aujourd'hui, si je suis à la hauteur du courage qu'elle a eu. J'espère que je vais la rendre fière avec ce que je fais aujourd'hui pour essayer de protéger les enfants".
"La première chose que veut faire l'enfant, c'est protéger sa famille"
Le titre du livre, paru le 9 octobre, fait référence au début d'une phrase prononcée par son père quand elle était enfant. Une phrase lourde de sens: "Mon père disait toujours «Si un jour quelqu'un vous fait du mal, je n'attendrai pas que justice soit faite, je lui mettrai une balle entre les deux yeux, quitte à prendre 20 ans de taule». Mon père était policier, il parlait peu parce qu'il était du nord de la France et assez taiseux. J'avais le risque en parlant d'envoyer mon père en prison, d'envoyer ma mère qui était assez fragile psychologiquement en hôpital psychiatrique, d'envoyer ma petite soeur de 10 ans en foyer. C'était prendre le risque de détruire ma famille, alors j'ai fait le choix de ne pas parler pour les protéger. Mais je sais aussi que j'ai fait le choix de ne pas sauver les autres (victimes). Je sais aujourd'hui que c'est le mauvais choix. Tous les jours, j'ai cette culpabilité que je ne les ai pas sauvées en faisant ce mauvais choix".
"C'est une phrase que disent tellement de parents en pensant protéger. (...) On pense faire une preuve d'amour, mais on crée le silence. La première chose que veut faire l'enfant, c'est protéger sa famille. Finalement, cette phrase il faut juste changer la fin: «Si un jour quelqu'un te fait du mal, nous les adultes t'écouterons, te croirons et te protégerons»", plaide Angélique Cauchy.
Au procès à la cour d'assises, son père dira: "Je suis rentré dans la police pour protéger le citoyen. Je n'ai même pas été capable de protéger ma fille". Ce qui déclenche l'empathie d'Angélique Cauchy. "Peut-être que le plus mauvais rôle, ce n'est pas la mienne, mais celle de mes parents. En pensant ne pas réussir à me protéger, ils pensent avoir failli à leur premier rôle, celui de protéger son enfant. Ce livre, c'est aussi pour leur faire prendre conscience qu'ils n'y sont pour rien".