Tsonga : « Un bonheur infernal »

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C'est un Jo-Wilfried Tsonga très ému qui s'est présenté en conférence de presse, après sa victoire en finale du tournoi de Paris-Bercy face à l'Argentin Nalbandian (6-3, 4-6, 6-4). Le Français se souvient des moments difficiles par lesquels il est passé, et ne compte pas s'arrêter là.
Jo-Wilfried, quel est votre premier sentiment après cette magnifique victoire ?
C'est un bonheur infernal, je n'ai même pas de mots pour décrire cette victoire. Ce qui s'est passé cette semaine est incroyable. Je suis entré dans le tournoi avec des douleurs partout. J'avais mal à la cuisse, à l'épaule, à la tête parce que je souffrais de ne pas pouvoir me donner à fond. J'ai tenu le coup, je suis resté très solide. Je me suis dit que je devais jouer ma chance, que je pourrai peut-être gagner un ou deux matchs, que mon corps se stabiliserait, et que je pourrai peut-être tout péter. Et c'est ce qui s'est passé. J'ai gagné un tournoi que tous les Français rêvent de gagner, très prestigieux. Je suis juste comblé.
Aviez-vous rêvé de cette victoire ?
Avant d'aller sur le cours, j'ai fait une sieste. Et en m'endormant, j'ai rêvé que je gagnais et que je remerciais toute ma famille. Maintenant, je vais pouvoir le faire de vive voix, dire combien j'aime ma famille.
Quel regard portez-vous sur votre progression ces dernières années ?
J'ai gravi des montagnes pendant toutes ces années. J'ai eu des moments difficiles, des moments où on m'a presque dit que ça allait être dur de rejouer au tennis. J'ai connu des moments où je jouais bien et où je retombais dans les blessures. Ce titre vient concrétiser toutes ces années où j'ai été solide dans la tête. C'est la victoire d'un collectif, de tous ceux qui m'ont soutenu depuis que je suis petit : mes parents, ma famille, mes entraîneurs, mes amis. C'est génial. Aujourd'hui, c'est un tourbillon incroyable. Il y a moins de deux ans, j'étais 250ème mondial, je traînais mes baskets dans les petits vestiaires des petits tournois, mais j'avais l'ambition d'arriver à ce niveau. Aujourd'hui, j'y suis, et je vais pouvoir aller à Shanghai lutter contre les huit meilleurs joueurs du monde.
Que vous apporte ce titre ?
Ce titre me donne la confiance. Comme à chaque victoire, je repousse les limites. Cette semaine, j'ai battu quatre ou cinq « Top Ten ». Radek Stepanek, au premier tour, c'est un enfer à jouer. Ensuite, j'ai enchaîné sur Djokovic, qui jouait très bien et ne m'a pas laissé le match. J'ai joué contre Andy Roddick, un match fabuleux, à retournements. Je suis allé chercher le match très profond, dans les viscères. Hier j'ai joué incroyablement bien, et aujourd'hui j'ai encore très bien joué contre un Nalbandian qui joue le feu.
Et que dire de votre relation avec le public de Bercy, si intense...
Ce qui se passe avec le public, c'est juste incroyable. Mais je l'attendais, parce je me sentais capable de faire de grandes choses. Ils ont été sur-présents, et je vous avoue que plusieurs fois dans mes matchs, j'ai eu des frissons. Ils m'ont vraiment poussé.
Avez-vous conscience d'être devenu une star ?
Je ne sais pas si je suis une star. Je n'ai pas fait mieux que les autres joueurs français. J'ai encore beaucoup de chemin. J'ai envie de gagner la Coupe Davis, des Grands Chelems. Je suis très heureux aujourd'hui, mais j'espère revenir fort l'an prochain. Pour la première fois de ma vie, j'intègre le Top 10, c'est un rêve. Toutes les semaines, je rêve de devenir numéro un mondial, c'est ce qui m'aide à avancer tout le temps. Je vais continuer à penser comme ça pour aller le plus haut possible.
Retour sur une finale de rêve
Dans un Bercy surchauffé, où les stars étaient venues nombreuses (les champions olympiques Alain Bernard et Olivier Girault étaient notamment présents), Jo-Wilfried Tsonga n’a pas tremblé à l’heure de remporter le premier Masters Series de sa carrière. Grâce à un service énorme, le Français s’est imposé en trois sets (6-3, 4-6, 6-4). D’entrée, Tsonga impose son jeu. Le finaliste du dernier Open d’Australie réalise un jeu blanc sur le premier jeu du match, et breake dans la foulée son adversaire. S’appuyant sur une très bonne première balle, Tsonga réalise de nombreux aces (sept dans la première manche). Nalbandian n’aura qu’une balle de break, que le Français efface. Au moment de servir pour le gain de la première manche, Tsonga ne tremble pas et l’emporte sur un nouveau service gagnant. D’entrée dans la seconde manche, Tsonga s’offre l’occasion de prendre le service de l’Argentin, mais il n’y parvient pas. Les deux joueurs se rendent ensuite coup pour coup, et conservent leurs mises en jeu. A 4-3 en sa faveur, Nalbandian obtient trois balles de break. Mais le Français retrouve son service au bon moment et sauve sa mise en jeu grâce à ses 15èmes et 16èmes aces. Tsonga harangue le public, et égalise à 4-4 sur un nouvel ace. Mais ce n’était que partie remise pour « El Mago », qui met une nouvelle fois Tsonga en difficulté sur son nouveau jeu de service. Cette fois, Tsonga ne peut effacer les trois balles set à son encontre. Nalbandian empoche la deuxième manche (6-4) et relance complètement le match.
Mais Tsonga n’a pas le temps de tergiverser. A 1-1 dans la dernière manche, il obtient deux balles de break sur le service de l’Argentin. Le Manceau ne se fait pas prier et saisit l’occasion de faire le break. Quand l’Argentin a l’opportunité de refaire son retard, Tsonga efface les balles de break. Au moment de servir pour le match, Nalbandian obtient trois possibilités de prendre le service de Tsonga. Mais le Français fait preuve d’une force de caractère exceptionnelle, revient au score, et s’impose sur sa première balle de match. Grâce à cette victoire, le Français obtient son ticket pour le Masters de Shanghai.