Federer, la passe de seize

Toujours aussi assoiffé de victoires, le numéro un mondial enlève en Australie son seizième titre en Grand Chelem. - -
Des larmes au rire
En pleurs après sa défaite contre Rafael Nadal l’an passé, Roger Federer a cette fois provoqué ceux d’Andy Murray. « Je peux pleurer comme Roger, mais c’est dommage que je ne puisse pas jouer comme lui », a admis le Britannique entre deux sanglots lors de la remise des prix. Il avait pourtant de quoi perdre son humour, l’Ecossais, après cette deuxième finale de Grand Chelem perdue contre le Suisse (6-3, 6-4, 7-6). Mais le prochain n°2 mondial n’aura fait jeu égal qu’au troisième set. Il y mena même 5-2 avant d’être poussé au tie-break. Et quel tie-break ! Tous deux au sommet de leur art, les joueurs ont bataillé 24 points, dont quelques uns fantastiques. Murray s’est ainsi procuré cinq balles de sets, dont une qu’il aurait dû conclure sur un coup droit à mi-court. A 12-11 contre lui, il offrait finalement le match à Federer sur une dernière frappe dans le filet. Au grand dam de la Rod Laver Arena, la rencontre s’achevait alors qu’elle semblait à peine débuter.
Des records, encore des records
A chaque trophée soulevé par Roger Federer ressurgit la même question : dans quelles nouvelles pages du jeu a-t-il inscrit son nom ? Ce quatrième succès à Melbourne lui permet d’égaler au palmarès local Jack Crawford, Ken Rosewall et Andre Agassi, deux longueurs derrière Roy Emerson. Premier papa sacré en Majeur depuis Agassi en 2003, Federer conforte ainsi ses records de victoires en Grand Chelem (16) mais aussi de finales (22) disputées à ce niveau. Plus qu’une victoire en tournoi et il égalera les 63 succès de Björn Borg. Mais il lui en faudra 46 de plus pour dépasser Jimmy Connors. L’Américain peut voir venir. Son compatriote Pete Sampras va en revanche probablement perdre son record de semaines en tête du classement ATP (286). Le Suisse vit aujourd’hui son 268e lundi à la première place mondiale, soit seulement quatre mois et demi de retard. Ce record, Federer y tient énormément. Et quand il veut quelque chose...
2010, année suprême ?
Il s’en est fallu de deux points, ceux qui lui ont manqué en finale de l’US Open 2009 contre Juan Martin Del Potro, pour que Roger Federer ne détienne aujourd’hui les quatre couronnes majeures. Le plus grand des défis est donc encore devant le Suisse, qui peut ambitionner un « vrai » Grand Chelem sur une année calendaire. Le point le plus chaud se situera probablement à Roland-Garros, où il a finalement triomphé en juin dernier mais sans croiser la route de Rafael Nadal. La donne sera-t-elle la même sans un Robin Söderling pour le débarrasser de sa bête noire espagnole, qu’il n’a jamais battue Porte d’Auteuil en une demi-finale et trois finales ? Sous réserve que le physique de Nadal cesse de le tourmenter... Mais le danger planera partout. Roddick a fait trembler le maître lors du dernier Wimbledon et Del Potro a ouvert la voie à New York à la génération des Murray, Cilic ou Tsonga. Pour peu que les jeunots remisent définitivement leurs complexes au vestiaire…