Pourquoi Tsonga a perdu la bataille

Le service du Français, dévastateur contre Djokovic, s'est grippé face à Fededer. - -
Difficile d’enchainer
Avant cet Open d’Australie, Jo-Wilfried Tsonga n’avait pas disputé la moindre rencontre en cinq sets. C’est désormais chose faite. Et de quelle manière ! En passant 3h33 et 3h52 sur le court contre Almagro en huitième de finale et Djokovic en quart de finale, le numéro 1 français ne s’est pas ménagé avant d’affronter le numéro 1 mondial. Avant cette rencontre, le Suisse avait disputé 8h56 contre… 13h15 pour son adversaire. « Peut-être a-t-il laissé trop de force. Ça ne pardonne pas contre un joueur comme Federer. Il impose un tel rythme qui fait que si on n’est pas à 100%, on ne peut pas résister », analyse l’ancien DTN Patrice Dominguez. « Il a manqué ce petit coup de rein », admet le battu du jour.
Trop fort, Federer
On ne présente plus Roger Federer. Le Suisse pèse 61 titres dont 15 en Grand Chelem. Autant dire que son adversaire doit non seulement être à 100 % de ses capacités, mais doit en plus espérer un « coup de moins bien » du Suisse. Et ce n’était visiblement pas le cas. Le Bâlois a ainsi compilé 85 points gagnants (contre 54 pour Tsonga). Soucieux de conclure rapidement l’échange, il n’a pas hésité à monter au filet conclure 22 de ses 30 tentatives pour un taux de réussite énorme de 70 %. « Il n’y a aucune honte à l’admettre. Il y a une classe d’écart », admet d’ailleurs l’entraîneur du Français, Eric Winogradsky. « Federer a été époustouflant dans tous les comportements du jeu », admire de son côté Guy Forget. Et le joueur lui-même de conclure : « Il n’est pas numéro 1 mondial pour rien et je ne suis pas non plus numéro 10 pour rien... » (lire ci-contre).
Encore des lacunes à combler
Le service du Sarthois s’est montré trop irrégulier pour inquiéter Federer. Seulement 56% de première balle et 69% de points sur sa mise en jeu. Du coup, « Jo » s’est exposé aux retours du triple vainqueur du tournoi. Car Federer avait son plan : jouer à contre-pied, casser le rythme de l’échange et jouer des amorties. Et quand le Français tentait quelque chose de nouveau, l’essai ne s’avérait guère concluant. « Il a essayé de changer de système, mais Roger a compris le truc et a rapidement rectifié le tir », concède Winogradsky. « Le début de match a été crucial, explique en expert Dominguez. On avait dit qu’il fallait contenir Federer dans l’échange et bien servir. Ce que n’a pas été capable de faire Jo. Il ne pouvait pas monter au filet comme il l’a fait contre Djokovic et a subi le jeu. » Et l’ancien DTN de poursuivre : « On a vu que sur les courses vers l’avant ou à contre-pied côté revers, avec ses 88 kilos, Jo avait encore des progrès à faire dans ce domaine. »