Del Potro, ce héros !

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« I love Delpo » ou encore « Del Patria » ! La presse argentine a accueilli comme il se doit la victoire de Juan Martin Del Potro en finale de l’US Open contre Roger Federer (6-7, 7-6, 4-6, 7-6, 6-2). Vainqueur à New York en 1977, Guillermo Vilas connaît désormais le nom de son successeur. Et le pays a dignement fêté le jeune héros de 20 ans. Le seul désormais avec Rafaël Nadal à avoir battu Federer en finale d’un Grand Chelem ! « Je rêve de ça depuis que je suis tout petit, explique-t-il. C'est incroyable. C'est la plus belle sensation de ma vie mais c'est encore un peu tôt pour vous décrire ça. Peut-être que je réaliserai la semaine prochaine. Mais là, je ne comprends pas encore ce qui m'arrive. »
Après avoir passé la nuit de son sacre dans un restaurant de Manhattan, cet amateur d’architecture est d’ailleurs attendu la nuit prochaine à Buenos Aires où tout un peuple sera là pour célébrer son premier titre en Grand Chelem. Lundi, le natif de Tandil est en tout cas entré dans la légende par la grande porte. En privant le numéro 1 mondial d’un seizième tournoi du Grand Chelem, ce fils de rugbyman et d’enseignante a vaincu le signe indien. Il s’est enfin offert la tête du Suisse pour la première fois en sept rencontres. Surtout, il a effacé de sa mémoire le triste souvenir du dernier Roland-Garros. Battu en cinq manches par Federer, il était tombé en larmes devant les journalistes présents sur place. De quoi s’interroger sur le mental et l’émotivité du champion. N’avait-il pas d’ailleurs remis en cause ses propres capacités au sortir d’un Roland-Garros 2008 complètement manqué et ponctué d’une sortie prématurée au deuxième tour ? « Je suis fatigué d'être une promesse, il me manque toujours quelque chose », s’était-il plaint, là encore en larmes.
Il fait oublier les déboires des footballeurs
Mais cette victoire est aussi celle de la reconnaissance au niveau national. En tribunes de presse, les journalistes argentins donnent de la voix devant les exploits de leur poulain. Dans son pays, il s’est fait une place dans le cœur de ses compatriotes. Eux qui n’ont d’yeux que pour Diego Maradona et sa sélection. Son aura est aujourd’hui telle que la presse harangue les footballeurs, très mal partis lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, à prendre exemple sur la nouvelle idole locale. Une renaissance pour celui qui s’était incliné sur ses terres l’année dernière en finale de la Coupe Davis contre Feliciano Lopez, provoquant l’agacement de son coéquipier David Nalbandian.
A 23 ans, Richard Gasquet porte un regard averti sur son cadet de seulement trois ans. « Cette victoire est une demi-surprise, avoue le Biterrois lorsqu’on lui demande d’analyser les performances du nouveau numéro 5 mondial. Il joue un tennis incroyable et avait tout pour battre Federer. C’est d’ailleurs largement possible qu’il soit numéro 1 dans les années à venir et qu’il gagne beaucoup de Grands Chelems car c’est un très grand joueur. » En croix sur le bitume américain après la balle de match, Juan Martin Del Potro prouve surtout qu’il est capable de se relever après les coups durs. Ce qui ne fait que renforcer sa détermination. « Il y aura d'autres épreuves du Grand Chelem et si j'en ai gagné une en battant Nadal et Federer, j'aurai peut-être d'autres occasions de le refaire. »