Razzano : « Je pense que Stéphane est fier de moi »

- - -
Virginie Razzano, dans quel état d’esprit avez-vous abordé cette rencontre ?
J’ai eu beaucoup de courage parce qu’avant de rentrer sur le court, je me sentais vraiment fragile, un peu perdue. Je sais pourquoi je l’ai fait. Je l’ai fait pour Stéphane, mon fiancé, qui m’avait demandé de jouer Roland-Garros quoi qu’il se passe. J’ai pris mon courage à deux mains pour affronter mon adversité et cette force que j’avais encore en moi.
Comment avez-vous pu jouer ?
C’est très difficile pour moi d’être là aujourd’hui. Ça me fait mal. Mais si je l’ai fait, c’est pour nous deux. Il voulait que je continue ma vie, même si dans des circonstances comme celles-ci, c’est très pénible. Il croit en moi et sait que j’ai cette force en moi. Si je l’ai fait, c’est parce qu’il fallait que je le fasse. Je me sens seule, même si j’ai beaucoup de gens autour de moi qui me supportent (elle pleure). J’ai encore cette force qui me fait avancer. Petit à petit. Le deuil est difficile à vivre, surtout quand on perd quelqu’un qui était (elle se reprend), qui sera toujours l’homme de ma vie, que j’aime et que j’aimerai toujours. Il y a des souvenirs très forts. Dans les bons et les mauvais moments. C’est une vie que nous avons créée ensemble depuis onze ans et que je continuerai à créer par mon sport, ma passion qui est ma force, mon courage et mon mental.
Est-ce pour lui ou pour vous que vous avez tenu à être là ?
C’est pour lui, pour moi, pour tous les deux. Pour tous ces gens qui m’ont soutenu. C’est aussi pour montrer qu’il y a des choses injustes dans la vie et très difficiles à vivre, mais pour dire aussi qu’on trouve toujours le courage, même si cela fait mal au fond de soi. On sait pourquoi on le fait, pour rester encore debout et continuer sa propre vie. Même si je suis en deuil et que je n’ai pas gagné, c’est quand même une belle victoire puisque je suis arrivé à entrer sur le terrain. Je ne dis pas que c’était facile, mais finalement, avec le peu de courage que j’avais, je l’ai fait. J’ai fait ce que j’ai pu. Je pense qu’aujourd’hui Stéphane est fier de moi. Comme beaucoup.