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Roland-Garros: ces Français que vous allez (re)découvrir capables de sauver la quinzaine

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Roland-Garros cru 2021 se résume en un chiffre: 0. Comme le nombre de joueurs français présents au troisième tour du Grand Chelem parisien. Une première dans l'histoire de l'ère Open. Avec la retraite de Jo-Wilfried Tsonga, Gilles Simon, l'absence de Gaël Monfils, les espoirs d'éclaircie tricolore reposent sur ces joueurs français que vous allez (re)découvrir cette année à Roland-Garros. 

Benjamin Bonzi, 2022 l’année de l’ascension  

Il ne fait pas beaucoup de bruit, mais il est diablement efficace, et a gravi les échelons. Désormais 53e mondial, Benjamin Bonzi (25 ans) s’installe durablement dans le top 100. Premières expériences en Masters 1000, première sélection en Coupe Davis, Bonzi a vécu un début de saison 2022 en mode accélérateur de particules.

"Il y a eu pleins de bonnes choses. Des bonnes surprises aussi avec cette première convocation en équipe de France. Je continue à apprendre tous les jours, il y a encore beaucoup à travailler mais pour l’instant c’est bien. Je commence à coller à ce niveau-là plus fréquemment, j’ai joué des joueurs forts comme Sinner, Karatsev, Sonego où j’arrive à trouver des solutions, des matches accrochés. Il faut passer ce cap, s’habituer à ces tournois, s’imprégner de ces ambiances, ce qui se passe sur les grands courts. Il y a encore du boulot mais c’est en chemin ».  

Toujours précautionneux, sans brûler les étapes, le Gardois s’est étoffé durant les douze derniers mois et s’affirmant notamment sur le circuit Challenger (6 titres rn 2021).  Il se présente Porte d’Auteuil avec un statut différent: "Je l’aborde très bien, on sait que Roland c’est à part. Le statut va forcément être un peu différent des autres années, je vais être un peu plus attendu mais cela va être à moi de bien le gérer et de ne pas me mettre une pression hors norme."  

Il fait partie des leaders de la nouvelle génération de joueurs français, et est prêt à reprendre le flambeau: "Il y a une transition un peu générationnelle. Il y a eu une génération en or. Après on fait notre chemin de notre côté. Cela ne sert à rien de se comparer sur les temps de passage, les résultats etc. Il y a toujours des exceptions, certains arrivent plus jeunes, d’autres moins jeunes. On essaie de faire notre chemin à nous. On va voir jusqu’où cela va nous mener que cela soit pour Arthur, Ugo Humbert, Hugo Gaston, moi, peu importe."  

"Il y a des jeunes qui arrivent. À notre rythme. On va tout donner, je ne sais pas combien on sera, si on sera Top 10,20, 30, 40, peu importe. Petit à petit il va falloir s’habituer à nous voir un peu plus les jeunes, avec cette nouvelle génération." 

Quentin Halys, l’espoir a fait sa mue  

Il a très vite été placé au centre des radars. Après sa victoire aux Petits As en 2010 (officieux championnat du monde des moins de 14 ans), Quentin Halys (25 ans) a été vu comme un grand espoir du tennis français. De belles performances chez les jeunes, souvent invité sur le Grand Chelem parisien jusqu’à l’édition 2018 où, non satisfait de son niveau de jeu, il refuse la wild-card proposée par la Fédération: "Je remercierai toujours la Fédération qui a toujours cru en moi et qui m’a toujours soutenu. Mais à un moment cela a été un petit peu un fardeau pour moi à porter. J’ai préféré la refuser. Je ne me sentais pas de la prendre du fait de mon niveau de jeu, et de ce que je produisais à ce moment-là au quotidien."

Par la suite, le Francilien s’éparpille un peu sur ses objectifs, certainement trop focalisé sur un objectif chiffré de classement avec l’obsession de franchir la barre du top 100. Les saisons défilent, et Halys stagne dans sa progression, perd un peu le fil, jusqu’à une grosse remise en question lorsqu’il est sorti du giron fédéral à l’été 2020. Il choisit alors de collaborer avec Nicolas Devilder (ancien 60e mondial) et de tracer un nouveau chemin. La spirale positive s’enclenche, les bons résultats arrivent (2 Challengers remportés cette saison à Pau et à Lille) et jusqu’à cette première entrée dans le Top 100 début mai. "Il y a eu énormément de semaines très positives, le niveau de jeu évolue. J’ai pas mal de victoires sur de très bons joueurs, mais j’ai hâte d’aller en chercher plus. En début d’année avec mon coach on s’était fixé l’objectif de rentrer dans les tableaux de Grand Chelem. C’est chose faite à Roland, j’espère que cela le sera aussi pour Wimbledon. Mais l’objectif n’est pas top 100, c’est de monter beaucoup plus haut."

Même si la terre battue n’est pas une surface qu’il "affectionne énormément", il se "sent très bien" et va vivre son premier Roland-Garros grâce à son classement. Un vrai pas franchi pour le francilien: "Cela me libère énormément, je ne dois plus rien à personne. Je me suis gagné le droit de jouer grâce à mes résultats et tous les tournois où j’ai bien joué". 

Halys veut désormais tracer sa route, et prendre la suite avec les autres jeunes joueurs tricolores de la génération Tsonga, Simon, Gasquet, et Monfils. "Maintenant que Jo, Gilles, et Richard sont plutôt sur la fin, on commence à se rendre compte de tout ce qu’ils ont pu faire, et qui sont des carrières vraiment exceptionnelles. Nous les plus jeunes, on a aussi envie de faire des choses, de les imiter même si ça va être très difficile car ils ont eu des carrières assez incroyables. Cela nous motive, on a une belle génération de Français qui est en train de commencer à monter, on est capable de faire des belles choses. J’espère que les Français seront là et qu’ils ne seront pas trop difficiles avec nous. À nous d’écrire notre ligne et de faire notre carrière." Il sera sur le Suzanne-Lenglen ce dimanche face à John Isner.

Manuel Guinard, seul contre tous  

Il vient de jouer le premier quart de finale de sa carrière sur le circuit principal à Lyon. Actuellement 158e mondial à 26 ans (302e mondial en décembre 2020), Manuel Guinard s’apprête à jouer pour la première fois le grand tableau de Roland-Garros où il va réaliser un rêve de gosse: "Roland, cela te prend aux tripes. C’est toujours énorme de venir jouer à Paris, sur ces terrains qui giclent grave, cela va à 10000 c’est parfait !" (sourire).

On pourrait dire que le Breton arrive sur le tard, mais il a dû pendant longtemps se battre seul contre tous. Peu de monde croyant vraiment en lui à cause notamment de son retard sur ces fameux temps de passage chez les jeunes. Il y a eu ensuite la rencontre avec son entraîneur Sébastien Villette alors que Guinard se posait pas mal de questions sur son avenir dans le tennis. Ils forment, non pas du un duo, mais un trio avec Arthur Rinderknech. Une structure d’entrainement sur-mesure qui s’exprime pleinement à Saint-Grégoire, en Bretagne: "On part du principe que l’on n’a rien sans rien. On bosse tellement les schémas que je ne peux plus les voir (rire). Si tu t’entraînes bien forcément à un moment donné, tu vas récolter quelque chose de bien. Cela passe par une grosse dose d’entrainement, et la rigueur sur le terrain."

Et cette rigueur a payé en 2022 avec un premier titre en Challenger en Italie fin mars. Pour son baptême du feu sur la terre parisienne, Manuel Guinard n’aura pas tâche facile face à Cameron Norrie, titré à Lyon. Il ne part pas favori mais encore une fois il est prêt à relever un nouveau défi.  

Anthony Rech