Roland-Garros: la folle aventure de Cecchinato, 72e mondial, des matchs truqués au dernier carré

Il n'avait remporté qu'un match sur le circuit principal en 2017. Et jamais passé le moindre tour en Grand Chelem, en quatre tentatives (une dans chaque tournoi). Marco Cecchinato en demi-finales de Roland-Garros, c'est une sublime anomalie, que tous ceux qui ont suivi sa rencontre épique face à Djokovic ce mardi auront savourée (6-3, 7-6 [4], 1-6, 7-6 [11]). Son parcours est un délice, et après avoir failli tout perdre en 2016, empêtré dans une affaire de paris truqués, le voilà porté par un alignement de planètes presque difficile à croire.
La renaissance hongroise
L'exploit prend peut-être racine à Budapest fin avril, où l'Italien de 25 ans se fait éliminer au dernier tour de qualification, avant d'être repêché comme lucky loser… et de gagner le tournoi cinq jours plus tard, son premier sur le circuit ATP, en faisant sauter quelques clients (Basic, Dzumhur, Struff, Seppi, Millman). Il ne gagne que deux matchs dans les trois tournois suivants avant Roland, mais ses victoires sur Fognini et Cuevas montrent que Cecchinato est un joueur sur lequel il faut compter sur terre cette saison.
Roland a failli ne jamais commencer
Malgré le plein de confiance et un vrai bond à l'ATP (72e), il débute Roland-Garros fidèle à ses habitudes en Grand Chelem. Mené deux manches à rien face à Copil, il renverse la situation au bout du suspense (2-6, 7-6, 7-5, 6-2, 10-8) et rompt sa malédiction majeure. La suite est un festival d'exploits.
Sans pitié avec le lucky loser Trungelliti au deuxième tour, il s'offre successivement les têtes de série 10, 8 et 20 (Carreno Busta, David Goffin puis Djokovic) pour devenir le joueur le plus mal classé du dernier carré parisien depuis Andreï Medvedev (100e), finaliste en 1999.
La perf face Djoko, son partenaire d'entraînement à Monaco, est d'autant plus remarquable qu'elle est signée au terme du plus beau tie-break du tournoi (13-11), où tant de fois il a semblé à l'extrême limite de la rupture.
Un vice de procédure dans l'affaire des matchs arrangés
Difficile d'imaginer qu'en 2016, la carrière du Sicilien aurait pu prendre un tournant autrement plus douloureux, avec une suspension de 18 mois pour une affaire de matches arrangés. Soupçonné d'avoir volontairement lâché deux rencontres en 2015 et d'avoir divulgué des informations confidentielles sur un Isner-Seppi pendant Roland 2015, il a finalement échappé aux sanctions grâce à un vice de procédure, poursuivant sa carrière anonyme sur le circuit secondaire. 194e en février 2017, le voilà promis à intégrer le top 50 au moins. Avec pour prochaine montagne, l'Autrichien Dominic Thiem qui lui barre la route de la finale. Impossible? Sans doute, mais ça ne l'a pas dérangé depuis le début du tournoi.