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Roland Garros : Pourquoi ça coince

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Avec deux propositions reçues, mais insuffisantes, l’appel d’offres pour les droits télé de Roland Garros s’est révélé infructueux. La Fédération va devoir revoir sa copie. Et pourra désormais négocier directement avec les diffuseurs.

L’organisation avait commencé à rêver. BeIN, Canal, une concurrence acharnée, des recettes en augmentation… Le canevas semblait tissé. Mais patatras ! L’appel d’offres des droits télé domestiques de Roland Garros, qui prenait fin ce jeudi, a donné lieu à un bilan infructueux : aucun des trois lots mis sur le marché n’a été attribué et seules deux offres ont été reçues par la Fédération française de tennis alors que… dix diffuseurs avaient retiré un dossier de candidature. Etonnement. Camouflet, même. « Aucune offre n’a été faite à un niveau correspondant à nos attentes, confirme Gilbert Ysern, directeur général de la FFT et patron du Grand Chelem parisien. On a eu deux offres, une d’Eurosport et une de France Télévisions, mas aucune n’était dans les clous du cahier des charges. »

Celle d’Eurosport était loin du compte sur le plan financier. Celle de France Télé jugée irrecevable car le groupe public n’a pas tenu compte des lots et préféré lancer une offre globale. Une attitude difficile à comprendre car la découpe avait été effectuée pour permettre à France Télé de continuer à diffuser la compétition mais à moindre coût. « France Télé ne cesse de répéter qu’elle n’a pas les moyens de se payer Roland Garros, explique Ysern, l’irritation à fleur de mots. Je pensais que ceux qui plaidaient sa cause avaient compris qu’il était acquis qu’elle ne garderait qu’une partie des images. On s’était efforcé qu’il y ait un lot important réservé à des diffuseurs en clair. On a montré toutes nos bonnes intentions. J’aurais aimé une autre attitude de ce partenaire historique. »

Ysern : « Sur la valeur globale, je ne pense pas qu'on se trompe »

Autre point d’étonnement : l’absence de BeIN et Canal, auxquelles deux des trois lots semblaient « réservés ». « Je ne les critique pas, chaque diffuseur est dans son droit de décider d’y aller ou pas, juge le directeur général de la FFT. Mais ça pose question et on ira leur poser. » Le tennis a-t-il pu pâtir de la guéguerre entre les deux autour des droits du rugby ? Les critiques de Jean Gachassin, président de la Fédé, sur les investisseurs qataris ont-elles vexé du côté de BeIN ? « On est sur des enjeux importants, je ne peux pas imaginer que ce soit un critère », insiste Ysern. Et maintenant, dans tout ça ? « On efface tout et on recommence », lance Ysern. « Nous allons revenir vers le marché, interroger à nouveau ses acteurs, précise le directeur de Roland Garros. Il faut essayer de comprendre pourquoi la majorité des candidats se sont désistés car il a manifestement dû se passer quelque chose. »

Viendra alors le temps d’une nouvelle phase d’approche. Pas immuables, les lots peuvent être ajustés par la FFT. Qui va désormais négocier directement avec chaque diffuseur et plus via un appel d’offres. « Nous restons confiants, convaincus de la valeur des droits de notre tournoi », résume un Ysern déçu mais qui garde la foi. Conscient, tout de même, de la nécessité de modifier une stratégie retoquée. « Il faudra qu’on revoit un peu notre copie car notre montage n’a pas pris, admet le directeur général de la Fédération. Sur la valeur globale de nos droits, je ne pense pas qu’on se trompe. On a beaucoup d’analyses qui le démontrent. Après, le marché décide. Si personne ne veut acheter votre produit, vous êtes en difficulté. Mais on n’en est vraiment pas là. » On espère ne jamais y arriver, surtout.

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A.H. avec C.G.