Schiavone en terre promise

L’Italienne, bientôt trente ans, a remporté un premier Grand Chelem, pour elle et son pays. Au métier, Francesca Schiavone a dominé Samantha Stosur (6-4, 7-6), rattrapée par ses émotions.

Une dernière balle en l’air, Schiavone écroulée sur cette terre où elle a mis le feu. Les espoirs de triomphe de Samantha Stosur attendront. A 29 ans, l’Italienne n’avait plus de temps à perdre. Elle transforme son premier essai à ce niveau, elle qui n’avait jamais grimpé au-delà d’un quart de finale en Grand Chelem. La fête du côté de Milan risque d’être aussi chaude que les embrassades avec son clan en tribunes après le dernier revers manqué de Stosur. Samedi, elle a tout embrassé, le succès, cette terre ocre qui la révèle enfin, le trophée que Mary Pierce venait de lui remettre.

Sur le podium, un énorme sourire a barré son visage. Schiavone y a subi la même courbe ascendante que sur le court. Tendue d’abord, avant de libérer ses émotions. « C’est la journée de ma vie », se lâche-t-elle enfin. Comme l’Australienne, elle aussi, avait les nerfs en pelote, les échanges de politesse ont d’abord laissé les serveuses faire la loi. Au meilleur moment, l’accélération de l’Italienne lui offre la première manche. La seconde n’est pas plus spectaculaire : une pelletée de fautes directes, un break de chaque côté avant le jeu décisif. Bien plus agressive, opportuniste et maîtresse de ses émotions, Schiavone le survole (7-2) pour offrir à l’Italie son premier Grand chelem.

Une première depuis 1933

Même la blessure de son idole, Valentino Rossi, quelques heures avant sa finale, ne saurait gâcher son bonheur. Lundi, grâce à son incroyable sacre à Roland-Garros dont elle n’était que la tête de série n°17, elle fera son entrée dans le Top 10 (6e). Pour la première fois de sa longue carrière, elle qui soufflera ses trente bougies dans quinze jours. Sa malheureuse adversaire, déjà demi-finaliste l’an passé et vainqueur de trois numéros 1 en une semaine (Hénin, Serena Williams, Jankovic) a davantage le temps d’espérer gravir de nouveau tous les échelons jusqu’à ce podium.

« Tu es encore très jeune », lui a glissé Schiavone, première joueuse non classée dans les dix premières têtes de série à s’imposer à Paris depuis 1933. Ses principaux faits d’arme au long d’une carrière irrégulière ont été réalisés en Fed Cup, dont elle disputera une nouvelle fois la finale en novembre. D’ici là, elle aura bien le temps de réaliser la portée de son incroyable exploit.

Silvère Beau