Tsonga : « Je n’ai jamais été le plus doué »

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Jo, on vous a senti très ému après votre victoire…
C'était très intense. Toute la nuit, ce matin, j'ai pensé à ce que j'allais faire, comment j'allais jouer. Est-ce que je vais gagner ? Est-ce que je vais perdre ? Lorsque j'ai remporté le dernier point, je me suis senti libéré. C'est pour ça que j'avais beaucoup d'émotions.
Avez-vous beaucoup gambergé ?
Oui, depuis hier soir, cela trotte dans ma tête, cela n'arrête pas. Tu dis : « Qu'est-ce que j'ai mal fait ? Qu'est-ce que je peux mieux faire ? Est-ce qu'il faut que j'arrive chaud ? Est-ce qu'il faut que j'arrive détendu ? Ou vaut-il mieux être relax pour bien aborder le truc ? Toutes ces questions me passaient par la tête hier. Quelque part, c'était un peu un supplice jusqu'au moment où finalement, j'ai tapé ma première balle, je me posais quand même 100 000 questions. J’ai eu un peu peur. J'avais vraiment envie de gagner ce match. Cela a été difficile. Je n'arrêtais pas de sautiller sur le match tout simplement parce que j'avais les jambes qui ne tenaient pas très bien. Je préférais plutôt les activer, plutôt que de rester trop impassible.
Que s’est-il passé quand Wawrinka est revenu à 4 partout dans le 5e set ?
J’avais envisagé toutes les possibilités, donc toutes les solutions aussi. Je m'étais dit que si cela ne se passait pas comme je voulais, il fallait que je continue à être agressif, à m'activer. Il ne restait plus que 2 ou 3 jeux, mettre une pression constante, montrer que j'étais là même si j’avais perdu ce break et que cela ne me démontait pas.
Vous atteignez les quarts de finale à Roland-Garros pour la première fois de votre carrière…
Je suis heureux d'être en quarts de finale. Pour un joueur qui n'est pas censé être bon sur terre battue, c'est déjà une bonne étape. J'espère que je vais continuer. Je crois en moi, je crois en ce que je fais depuis que je suis tout jeune, je me bats. Je n'ai jamais été le plus doué de ma génération. J'étais bon mais je n'ai jamais été le plus doué. Je n’ai jamais été le joueur qui avait le plus de « talent » Je donne tout ce que j'ai et j'espère que cela va continuer à me sourire comme ça me sourit depuis quelque temps.
« La pression sera sur Djokovic »
Vous avez rencontré Novak à Rome récemment et il vous a battu. Pensez-vous que cette fois-ci, vous aurez l'avantage de jouer à la maison ?
De toute façon, ce sera différent. Tous les matches sont différents. Vous ne savez pas comment se sentira votre adversaire, comment vous vous sentirez. De toute façon, ce sera différent parce que je serai devant mon public. C’est trois sets à gagner et c'est un match en 5 sets. C'est différent.
Novak aura la pression…
Ce sera plus dur pour lui parce que lui a besoin de gagner. Pour moi, pour l'instant, j’ai réalisé mon meilleur résultat jusqu'à présent. Tout ce qui est à venir, c'est du plus. Bien entendu, je serai libéré sur le court parce que je n'aurai strictement rien à perdre contre ce joueur qui est numéro un mondial. De toute façon, je pense que la pression sera sur ces épaules.
En 2009, vous battiez Novak tout le temps…
Parce qu’il était moins fort ! (rires)
Comment a-t-il réussi à inverser le truc, lui ?
Il a progressé, il était jeune aussi. Il était très jeune. J'ai deux ans de plus que lui. Depuis, il a pris beaucoup en maturité. Il joue beaucoup mieux tout simplement. Il a fait progresser tous ses coups. Il joue notamment beaucoup mieux en coup droit qu'avant. Avant, il distribuait beaucoup moins avec son coup droit. Il avait, je pense, une lacune qu'il n'a plus du tout. Il servait un peu moins bien. Il y avait moins d'expérience. Voilà, c'est sûr que c'est un joueur complet, il sait tout faire. Il joue bien la volée. C'est un joueur qui a du touché, il est capable de frapper en coup droit comme en revers, il retourne extrêmement bien.