L’US Open en cinq questions

Jo-Wilfried Tsonga - AFP
Enfin l’heure de Tsonga ?
On ne l’avait plus vu arriver aussi en forme à un tournoi du Grand Chelem depuis bien longtemps. Avant l’US Open, Jo-Wilfried Tsonga a fait le plein de confiance. Peu importe son élimination prématurée à Cincinnati, le Français arrive surtout avec un titre en Masters 1000 décroché à Toronto, le 10 août dernier. Et pas de n’importe quelle manière. Lui qui n’avait pas battu de membre du Top 10 cette saison, s’en est offert quatre d’affilée au Canada (Djokovic, Murray, Dimitrov, Federer). Sûr de son physique retrouvé après une grosse préparation, Tsonga peut viser loin. A un détail près : son tableau est plutôt bien rempli. Il pourrait notamment retrouver Andy Murray en 8e et Novak Djokovic en quart.
Notre consultante Sarah Pitkowski reste donc mesurée sur les chances du Français et rappelle son passé peu glorieux dans ce tournoi. « Il a déjà raté deux fois l’US Open pour blessure, il n’a jamais dépassé les quarts de finale dans ce tournoi du Grand Chelem, rappelle la membre de la Dream Team RMC Sport. C’est celui où il a été le moins loin jusque-là. Il faut le prendre en compte parce que chaque joueur de tennis a une histoire avec les Grands Chelems. Et quand on analyse le tableau, il jouerait d’abord Murray, puis Djokovic si tout se passe bien. On a tendance un petit peu à s’enflammer. Restons raisonnable sur ses chances. » D’autant que Tsonga a un autre objectif en tête : les demi-finales de Coupe Davis face aux Tchèques, mi-septembre à Roland-Garros, et dont il a fait une priorité.

Où en est Djokovic ?
C’est sans doute la plus grosse interrogation de ce début de tournoi. Mis K-O par Jo-Wilfried Tsonga à Toronto (6-2, 6-2), ce « Djoker » n’a plus grand-chose à voir avec l’éblouissant tombeur de Roger Federer en finale de Wimbledon. Si l’absence de Rafael Nadal ne peut que le rassurer, le n°1 mondial arrive sans certitudes. La faute à une situation personnelle en pleine mutation, entre son mariage et son bébé à venir. Compliqué sur le plan émotionnel mais le Serbe peut compter sur l’expérience de son entraineur Boris Becker pour redresser la barre. Sans doute paie-t-il aussi ses performances en série depuis le début de saison, ses quatre titres (Indian Wells, Miami, Rome et Wimbledon) et sa remontée fantastique sur Rafael Nadal, désormais son dauphin à l’ATP. Reste qu’il vise à New York une cinquième finale consécutive. Autant dire que « Nole » est un peu chez lui à l’US Open, qu’il n’a cependant remporté qu’une fois lors de sa folle année 2011.

Federer peut-il regagner un tournoi du Grand Chelem ?
En l’absence de Rafael Nadal et avec un Novak Djokovic pas au mieux de sa forme, Roger Federer hérite du statut de favori du tournoi. Finaliste à Toronto et tout juste sacré à Cincinnati, le Suisse semble avoir retrouvé le niveau auquel il nous a si souvent habitués. Bien loin de l’image vieillissante du joueur proche de la retraite qu’il offrait l’an dernier à la même période. « Aujourd’hui, le favori c’est Roger Federer, ça c’est une certitude, insiste Sarah Pitkowski. L’absence de Nadal laisse des ouvertures. Djokovic ne semble pas vraiment dans son tennis en ce moment aussi… » A 33 ans, le quintuple lauréat (2004 à 2008) a surtout repris confiance en son physique, lui qui a enchainé les pépins l’an dernier. De quoi aborder son 60e tournoi du Grand Chelem consécutif dans les meilleures conditions et rêver d’un 18e sacre en Majeur.
La nouvelle vague au pouvoir ?
Depuis quelques mois, de nouvelles têtes ont décidé de venir perturber le Big Four. Parmi eux, le plus en forme se nomme Milos Raonic. Le Canadien de 23 ans a désormais prouvé qu’il était plus qu’un service surpuissant pour atteindre la sixième place au classement ATP : quart de finale à Roland-Garros, demi-finale à Wimbledon… Finale à l’US Open ? Autre joueur mort de faim : Grigor Dimitrov, 23 ans lui aussi, 8e à l’ATP, également demi-finaliste à Wimbledon. D’autant que le Bulgare bénéficie d’un tableau plutôt ouvert, avant un quart potentiel face à Roger Federer. A moins qu’un Gaël Monfils ou un Richard Gasquet ne vienne perturber ses plans. Et pourquoi ne pas miser sur Roberto Bautista Agut, l’une des révélations de la saison. Et le n°19 mondial a affuté ses armes en embauchant l’ancien entraineur de David Ferrer (Javier Piles), pour espérer passer un cap en Grand Chelem, où il n’a dépassé le troisième tour en huit participations (Open d’Australie 2014).

Serena va-t-elle redevenir Serena ?
En cette fin de saison, on a vu Serena Williams tituber au milieu d’un court, en train de faire bronzette sur la plage, mais rarement exploser ses adversaires sur le terrain. C’est simple : cette saison, elle n’a jamais atteint un quart de finale en Grand Chelem. Si elle se sort du piège Taylor Townsend au premier tour, elle pourrait se diriger vers un 8e compliqué face à Samantha Stosur et un quart contre Ana Ivanovic. Mais l’Américaine débarque à Flushing Meadows avec en ligne de mire un cinquième sacre, sur la lancée de ses titres glanés à Stanford et Cincinnati.