Monfils, les raisons d’un renouveau

Gaël Monfils à l'US Open - AFP
Il faudra un jour penser à disséquer Gaël Monfils. Recenser de l’intérieur les ressorts sur lesquels semble être monté le showman français. Le rebond, « la Monf’ » connaît. Ceux de la petite balle jaune comme ceux de sa carrière. On enterre son jeu ? Le phénix parisien renaît de ses cendres sur un coin de court, souvent là où on ne l’attend pas. On le pense en bout de course physique ? Il se remet à dispenser son tennis magique, sans carcan, parmi les meilleurs au monde quand il l’exprime au mieux. Il n’a plus de coach depuis un an et demi ? Il retrouve par deux fois les quarts de finale en Grand Chelem, à Roland-Garros en juin puis à l’US Open cette semaine, et peut même rêver à mieux à New York où il n’a pas encore concédé le moindre set cette année.
Enième renaissance. Du Gaël tout craché, quoi. Un joueur atypique, fantasque, unique, dont les trajectoires de carrière en soubresauts épousent la personnalité. Pour évoluer à son meilleur niveau, le garçon a besoin de confiance. De se forger un cocon mental, entouré par les siens, couvé de leurs encouragements. Gaël marche au cœur, à l’affectif. Alors la présence de sa « galaxie » aide. A l’US Open, comme à Paris, Monfils peut ainsi bénéficier du soutien d’une bande de potes venus du… Bronx, et rencontrés à l’occasion d’une visite organisée par son ancien kiné Philippe Manicom, aujourd’hui décédé. « Du coup, je me sens très bien ici et je pense que les gens me le rendent vraiment bien, explique l’intéressé. Je voyage seul donc avoir des amis au bord du terrain, ça fait beaucoup de bien. Je vais aussi un petit peu dans le Bronx pour les voir. »
Simon : « Je me suis dit que j’allais essayer de l’aider »
Côté coaching, on pourrait imaginer l’absence de soutien depuis de longs mois comme un point négatif. Tout le contraire avec Monfils, dont le jeu et la personnalité à part ont peut-être besoin de cette forme de liberté pour se réaliser pleinement. A l’écouter raconter sa relation sur ce plan avec… Gilles Simon, la théorie se tient. « J’ai mon petit Gillou qui m’aide un peu à chaque fois donc c’est cool. Il me donne des phases de jeu, des tactiques, c’est bien. Il veut que je prenne confiance en moi. » Et avec Monfils, un ami sera toujours plus efficace qu’un entraîneur pour atteindre cet objectif. « J’ai toujours pensé que si je le coachais, il gagnerait un tournoi du Grand Chelem, estime Simon. On a toujours beaucoup échangé avec Gaël et j’ai toujours eu l’impression qu’il devait faire mieux. Voir ce potentiel gâché, ça me gonfle. Je me suis dit que j’allais essayer de l’aider. »
Pour comprendre les renaissances du 3e joueur français et 24e mondial, il faut aussi saisir ce qui se cache derrière les moments où son cerveau semble lâcher. Comme ce jeu du deuxième set en huitième de finale de l’US Open où celui qui a fêté ses 28 ans ce lundi a laissé filer le service de son adversaire sans lutter. « Ce sont des matches où je suis très concentré mais je bouillis beaucoup et il faut que je me relâche, explique-t-il. Donc de temps en temps ça me fait du bien, je ne vous le cache pas, de déconnecter sur un ou deux points. » Si la réussite est à ce prix, comment lui donner tort ?