Federer, cinq sets boulevard

Roger Federer - -
Le peuple de l’herbe a bien failli perdre son roi. Alejandro Falla est passé très près de créer l’une des plus grosses surprises de l’histoire du jeu face au maître des lieux. En position de conclure sur son service dans le quatrième set, le Colombien a tremblé au pire moment. Redevenu impérial dans le jeu décisif, Roger Federer n’a laissé ensuite que des miettes au 60e joueur mondial. Après avoir manqué le dernier carré d’un Grand Chelem il y a un mois à Paris pour la première fois en 23 tournois majeurs, il a frôlé cette fois l’humiliation d’une défaite au premier tour dans son tournoi préféré. Presque incompréhensible pour le Suisse qui avait gobé tout cru ce même Colombien il y a deux semaines sur le gazon de Halle (6-2, 6-1). Inquiétant surtout, tant le Bâlois persiste bien malgré lui à afficher les premiers signes d’un déclin.
On ne dira certainement pas ça si la thèse de l’accident est confirmée, et que le numéro 2 mondial range un septième trophée dans sa vitrine privée du club londonien. C’est tout à fait possible puisque Roger Federer est toujours en vie et qu’il ne sera bien sûr pas facile à battre. Dans le dernier set, le seul où il a joué à son niveau, il a survolé les débats, retrouvé son revers, sa niaque et sa vista. Tout l’attirail avait été laissé au vestiaire pendant près de trois heures, malgré les gains heureux des 3e et 4e manches. Depuis une défaite face à Mario Ancic au premier tour en 2002, Federer a toujours atteint la finale, pour six triomphes.
Pour la sixième fois de sa carrière, Federer, mené deux sets à rien, est donc sorti vainqueur d’un duel en cinq sets. Le soulagement de la victoire ne masquera pas la crispation entrevue et, surtout, un niveau tennistique médiocre jusqu’à la fin de la troisième manche. Il lui fallut alors un premier miracle pour se sortir du traquenard, à 4-4 et trois balles de break pour Falla. Solidité et envie retrouvées, le Suisse les sauva toutes en même temps que sa tête, sur laquelle repose toujours la couronne. Dans la semaine, la Reine Mère va venir poser son auguste séant sur les fauteuils cossus de Wimbledon. Il eut été dommage que le roi des lieux soit déjà reparti.