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Nicolas Mahut : « On en parlera encore dans dix ans »

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Une semaine après son match légendaire perdu face à John Isner (70-68 dans le dernier set), le tennisman français s’efforce de voir plus loin. Sans oublier son copain Mathieu Montcourt, disparu l’an passé.

Nicolas, que reste-t-il de ce match complètement dingue de plus de onze heures ?
Il y a toujours la frustration, la déception, la tristesse d’avoir perdu ce match, mais il y a aussi, depuis que je suis rentré en France, le nombre de sollicitations que j’ai pu avoir. J’ai senti qu’il y avait eu un véritable engouement, que beaucoup de personnes m’avaient soutenu, encouragé. Je ressens aujourd’hui beaucoup de fierté quand j’entends dire que j’ai été un exemple et un modèle pour les jeunes et que j’ai véhiculé des valeurs sportives. J’ai l’impression en fait que petit à petit, la fierté prend le pas sur la déception.

Et si 2010 marquait un déclic dans votre carrière, avec ce match irréel et une victoire, enfin, au premier tour de Roland-Garros ?
J’espère que c’est le début de quelque chose et pas la fin d’une histoire. Je sais que ce match que je viens de jouer restera dans l’histoire. Celle de Wimbledon, mais aussi celle du tennis. Je pense qu’on en parlera encore dans dix ou quinze ans, voire plus ! J’ai quand même un regret. J’ai une pensée pour Mathieu Montcourt (tennisman français décédé en 2009 à l’âge de 24 ans, ndlr). Il ne faut pas oublier qu’il est décédé il y a pratiquement un an jour pour jour et que depuis son décès, je joue pratiquement tous mes matchs avec son badge, « Fight for Math ». Là j’ai oublié, j’ai reçu ma dotation avec des polos neufs et j’ai oublié avant le match de mettre les badges. Après, tout s’est enchainé trop vite. Je dis ça parce que je sais que mon match va rester dans l’histoire et j’aurais aimé qu’il soit avec moi.

Rêviez-vous de marquer l’histoire de votre sport de cette manière ?
C’est vrai que tout gamin je rêvais de marquer l’histoire en gagnant des grands tournois. Aujourd’hui je l’ai marquée d’une autre manière, mais j’en suis très fier. Je pense qu’à Wimbledon on retiendra mon nom à jamais. Ce dont je me souviendrai, c’est que, et John et moi, on a vraiment laissé une belle image du tennis et du sport en général. Pour moi, c’est le plus important, on se souviendra de nous deux comme deux guerriers et deux joueurs qui ont été vraiment fair-play, on a pensé au jeu. Je suis très fier d’avoir mon nom au patrimoine du tennis.