Mauresmo : « Je ne vais pas forcer Bartoli à continuer »

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Amélie Mauresmo, avez-vous senti venir cette annonce de Marion Bartoli ?
Je n’avais perçu de signes qui pouvaient montrer une certaine lassitude. J’ai été surprise. Pour nous, de l’extérieur, il faut en prendre acte et lui souhaiter du bonheur dans sa nouvelle vie. Je pense qu’il faut que Marion s’exprime un peu plus clairement sur les raisons.
Avez-vous été en contact avec elle ?
Je l’ai eue au téléphone. Elle m’a envoyé plusieurs textos au milieu de la nuit pour me prévenir de sa décision. Comme il y avait une série de textos qui arrivaient, ça m’a réveillée et du coup, je l’ai appelée. Ma première question, c’est juste de savoir si c’était quelque chose qu’elle avait mûrie. Et si elle ne se précipitait pas. La chose la plus importante, c’est qu’il n’y ait pas de regrets derrière. Et elle a l’air en accord avec cette décision. Elle avait l’air assez déterminée.
Elle met en avant ses problèmes physiques...
Oui, physiquement, il y avait des bobos. C’est évident. Ça ne va pas en s’améliorant avec l’âge. Plus on avance et plus le corps montre des signes de fatigue. C’est quelque chose qui n’est pas évident à gérer. Apparemment, c’était « too much ». Elle a beaucoup donné physiquement et mentalement.
Sa victoire à Wimbledon a-t-elle joué un rôle dans cette décision ?
C’est possible. Elle avait toujours annoncé son objectif de gagner un Grand Chelem. Une fois qu’elle l’a atteint… Je crois que ce n’est pas la motivation mais plus le corps qui pèche et qui montre des signes de fatigue. Mais le fait d’avoir accompli son rêve a certainement joué un rôle. (…) Elle est très fière de ce titre à Wimbledon. L’entrée sur le court, avec le rappel du palmarès… J’aurais pensé qu’elle allait apprécier ces moments-là désormais.
Est-ce aussi un coup dur pour l'équipe de France ?
C’est sûr que ça ne nous facilite pas la tâche. Je crois qu’il faut respecter cette décision et, avec le groupe, continuer à avancer. J’ai la chance d’avoir un groupe qui est composé de joueuses en train de se développer. On garde les mêmes objectifs.
Pourrait-elle revenir sur les courts dans quelques mois ou quelques années ?
L’avenir nous le dira. C’est toujours une possibilité quand quelqu’un annonce l’arrêt de sa carrière, surtout de manière surprenante, comme l’a fait Marion, et à cet âge. Il n’y a qu’elle qui pourra le dire.
Allez-vous essayer de la faire changer d'avis ?
Je pense qu’il faut qu’elle soit en accord total avec cette décision. C’est le seul discours que je peux tenir. Si elle n’est plus heureuse, si c’est une souffrance pour elle d’être joueuse de tennis, il faut arrêter. Je ne me vois pas forcer quelqu’un à continuer. Si elle en a envie, évidemment, il y aura beaucoup de monde pour la soutenir. Mais la pousser, non. Je pense qu’elle en saura plus dans quelques mois. Mais tout est possible.
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