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Rezaï, les secrets du succès

Le succès de la Franco-Iranienne a Madrid correspond à l'arrivée de Patrick Mouratoglou dans le clan Rezaï.

Le succès de la Franco-Iranienne a Madrid correspond à l'arrivée de Patrick Mouratoglou dans le clan Rezaï. - -

Victorieuse surprise à Madrid, la Française tire enfin les bénéfices de sa collaboration avec l’entraîneur Patrick Mouratoglou, entamée fin 2009.

En battant Venus Williams (6-2, 7-5) dimanche à Madrid, Aravane Rezaï n’a pas signé qu’un exploit sportif. Propulsée à la 16e place du classement WTA après avoir maté Hénin, Jankovic et l’ainée des Williams, la Française a aussi réglé son compte à une histoire paternelle compliquée. « J’ai pensé à tous les moments difficiles que j’ai pu endurer, tout mon passé est revenu à la surface », a-t-elle glissé, très émue, après sa perf à la Caja Magica.
A l’image de nombreuses joueuses du circuit, la jeune Stéphanoise a longtemps été entraînée par son père, Arsalan. Un père qui lui a mis une raquette dans les mains à l’âge de 7 ans et qui très vite mise sur sa fille plutôt que sur le grand frère Anouch, réduit au rôle de sparring-partner. Dans le Forez, Aravane tape la balle tous les jours, déblaie la neige sur le court, et joue avec les phares de la voiture de papa quand la nuit tombe.
A l’école, la gamine se fait moins assidue. A partir de la 4e, elle suit ses cours par correspondance. Pour réduire les coûts, elle sillonne le circuit des tournois féminins à bord du camping-car familial, avec maman dans le rôle de la physiothérapeute.
Si la famille est soudée comme les cinq doigts du poing, le père d’Aravane ne se fait pas que des amis. Les tensions avec la FFF, à qui le clan Rezaï reproche de ne pas soutenir la joueuse, deviennent fréquentes. En 2007, c’est le clash. Arsalan s’en prend vivement à George Goven, le capitaine de l’équipe de France de Fed Cup. Insultes, excuses, sanction. Le père est interdit de stade pendant deux ans. « Oui, il y a eu des problèmes avec la Fédération, regrette-t-elle alors. Elle a une mentalité très fermée et ne veut pas que je m’entraîne avec mon père, mais tout le monde sait que des joueurs qui ont atteint un haut niveau, notamment Mary Pierce, y sont arrivés grâce à leurs parents. »

Son père n’a pas été écarté

La période est difficile et les résultats ne sont plus au rendez-vous. Face à une situation qui s’apparente à une fin de cycle, la joueuse prend un virage à la fin de l’année 2009. A 23 ans, elle s’attache les services de Patrick Mouratoglou et son académie dans les Yvelines. Papa est toujours là, mais ce n’est plus lui qui dirige les entraînements. « Mon père m’a transmis ma force de frappe (195km/h au service, ndlr), mais j’avais besoin de passer un cap, d’avoir une approche plus tactique du jeu », justifie-t-elle.
L’intelligence de Mouratoglou aura été de ne pas écarter les parents. « Si aujourd’hui, en France on n’a pas de bonnes joueuses, explique l’ancien mentor de Marco Baghdatis, c’est aussi parce à la fédération, pendant quinze ans, on a mis les parents dehors. Quand il y a les parents derrière, ils prennent un coup de pied dans le cul donc ils ne font pas demi-tour. A la fin, ils sont dans le top 10. » Après sa victoire à Madrid, la nouvelle Aravane a rendez-vous avec le chaud public de Roland-Garros. Un défi qui n’est pas pour déplaire à la jeune femme…

Louis Chenaille (avec E.S. à Madrid)