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Barcelona World Race : Le Cam-Stamm, l’improbable duo

Bernard Stamm (à gauche) et Jean Le Cam

Bernard Stamm (à gauche) et Jean Le Cam - AFP

Expérimentés en solitaire et réputés pour leur fort caractère, Jean Le Cam (55 ans) et Bernard Stamm (51) s’attaquent au tour du monde en duo à l’occasion de la Barcelona World Race, dont le départ est donné ce 31 décembre. Un attelage pas forcément naturel à première vue mais qui semble s’être trouvé et visera la victoire.

Les tours du monde en solitaire, ils connaissent. Neuf à leur actif exactement. Mais cette fois, il va falloir naviguer de concert. A deux. Réputés pour leur expérience, mais aussi pour leur fort caractère, Jean Le Cam (55 ans) et Bernard Stamm (51 ans) vont s’essayer à la colocation à l’occasion de la troisième édition de la Barcelona World Race, tour du monde en duo sur monocoque Imoca dont le départ sera donné de la capitale catalane ce 31 décembre. Un attelage qui étonne dans le monde de la voile. Mais qui semble bien fonctionner après plus de six mois de préparation commune. Avec une ambition comme ciment de leur entente : gagner.

« On se sert l’un de l’autre pour faire en sorte que tout soit mieux, explique Stamm. Jean dit que l’ennemi d’une bonne entente, c’est l’ego. L’ego, tout le monde en a, mais il veut parler de l’ego mal placé. Et ça, visiblement, on n’en a pas. » Son partenaire, deuxième du Vendée Globe 2004-2005 (et 5e de l’édition 2012-2013), précise : « Ce qui est plaisant, c’est le partage, l’enrichissement qu’on peut avoir l’un de l’autre. On fait beaucoup de solitaire, où on ne voit pas ce que fait l’autre car on est concurrent. Là, on voit la façon dont l’un et l’autre prévoient les choses et s’organisent. » Et Le Cam de résumer la relation forgée entre les deux au fil des semaines d’une belle formule : « Bernard, c’est une merveille. Si Dieu ne l’avait pas inventé, il faudrait le recréer. »

Le Cam : « C’est comme un mariage »

Une déclaration d’amour qui va désormais passer à l’épreuve des tempêtes. Partis pour passer environ trois mois ensemble sur un bateau d’à peine 20 mètres de long, les deux marins vont devoir apprendre à cohabiter dans des conditions intenses. « Il faut apprendre à vivre en communauté, on va dire, résume Le Cam. C’est le côté humain qui est intéressant. Quand on décide de vivre à deux, c’est un engagement. C’est comme un mariage. » Une comparaison nuancée dans un sourire par Stamm : « Une vie de couple, ce n’est pas ça, enfin je crois. Après, même avec sa femme, on ne reste pas aussi longtemps ensemble. Dans une journée, on s’en va, on se quitte, on revient… » Cette fois, pas d’échappatoire possible.

Sur Cheminées Poujoulat, un bateau laissé libre par un autre équipage et loué par Stamm après avoir vu son ancien monocoque se casser en deux dans une tempête l’an dernier, le duo franco-suisse (Bernard Stamm vient de Genève) tentera de succéder aux doublettes victorieuses des deux premières éditions, une franco-irlandaise en 2007-2008 (Jean-Pierre Dick et Damian Foxall) et une franco-française (Dick et Loïck Peyron) en 2010-2011. « C’est un duo très regardé, confirme Jacques Caraës, directeur de course de la Barcelona World Race. Jean et Bernard sont des gens très affutés, d’expérience. Ils font forcément partie des leaders envisagés. Ils ont peut-être plus de sérénité que les jeunes équipages qui ne se sont jamais lancés sur cette course. C’est un atout d’avoir déjà plusieurs tours du monde à son compteur et il va certainement falloir compter sur ce duo. » Pas si improbable que ça, finalement. Mais très ambitieux.

A.H. avec Camille Gelpi