Le Cléac’h remporte le Vendée Globe 2017

Le sourire est là. Le poing rageur aussi. Le reste ? Un maelström d’émotions qui l’envahit et le noie, lentement mais sûrement. Un comble, c’est le cas de le dire, lorsqu’on vient de passer 74 jours à faire le tour du monde, seul, sans assistance, à tout gérer, tout maitriser, tout dompter, aussi bien les éléments que sa propre condition et évidemment, celle de sa monture, un monocoque de 60 pieds (soit 18,28 mètres). « Ce qui va m’arriver, je n’y ai pas trop réfléchi. J’ai du mal à réaliser. J’imagine que ça doit être énorme ». S’il avait tout prévu pour atteindre ce jour de gloire, Armel Le Cléac’h n’avait pas vraiment anticipé la suite et le feu d’artifice qui serait le sien, lui l’éternel deuxième, le maudit, deuxième en 2008-2009 derrière Michel Desjoyeaux et 2012-13 du Vendée Globe. Et désormais vainqueur, devant le Gallois Alex Thompson.
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Oui, vainqueur. Un mot que s’est martelé tout au long de l’épreuve ce Breton de 39 ans, père de deux enfants, comme nous l’a confié quelques heures avant son arrivée un de ses anciens adversaires, François Gabart, lauréat il y a quatre ans, trois heures devant Le Cléac’h. « Il est sur le Vendée avec l’idée de gagner et uniquement de gagner. Il l’a dit et répété. C’était l’un des favoris et il a parfaitement assumé ce statut. » Pour ne plus jamais être Poulidor, Le Cléac’h s’est mis dans les meilleures conditions. Celui qui a plongé dans le grand bain de la voile à l’âge de 7-8 ans, lorsque son père lui faisait vivre des croisières de 2-3 semaines en mer pendant les vacances d’été, n’a lésiné sur aucun détail. Son bateau, Banque Populaire, allait être conçu pour cette course, cette gagne. Pendant quatre ans, il supervise à 100 % l’élaboration de son futur destrier. Qui va tenir jusqu’au bout… enfin presque.
« C’était une belle bagarre »
« Le problème le plus embêtant qui m'est arrivé, c'est d'avoir cassé une voile dans le Pacifique, confiait Armel Le Cléac’h à Michel Desjoyeaux en début d’après-midi. Du coup, je n'ai pas pu l'utiliser pendant un mois et demi. » La fameuse voile ? Le J1, le plus grand foc de son bateau, armuré à l’étrave et quasiment placé en tête du mât. Une avarie survenue au mois de décembre et qui ne l’a handicapé, selon lui, que « dans la remontée de l’océan atlantique. » De toute façon, il en fallait plus pour faire dévier le « Chacal » de son objectif, de son rêve, de la ligne glorieuse qu’il s’est tracée sur cette édition.
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Alex Thomson l’a certainement vite compris. Pendant longtemps, les deux hommes ont été au coude à coude. Depuis le début de la course même, initié le 6 novembre dernier. « On a la pression depuis un petit moment avec Alex Thomson, confiait Le Cléac’h en hommage à son meilleur ennemi de l’épreuve avant sa victoire du jour. C'était une belle bagarre, assez intense. On n'a pas toujours chaumé en route. » A 42 ans, Alex Thomson - qui devrait arriver vendredi à 2 heures du matin - ne sera pas le premier étranger à remporter le Vendée Globe. Il était écrit que cette première serait pour Armel Le Cléac’h. Huit ans d’attente et énormément d’émotions à son arrivée à Port Olona, devant près de 350 000 personnes. Cela valait bien le coup de ne pas tout maitriser… cette fois.