Vendée Globe: pourquoi Desjoyaux défend Banque Populaire après l’éviction de Clarisse Crémer post-maternité

Michel Desjoyaux, comment réagissez-vous à la décision de Banque Populaire d’écarter Clarisse Crémer à un an et demi du Vendée Globe 2024?
Ça s’enflamme sur les réseaux sociaux mais regardez les textes, et notamment l’avis de course du Vendée (le mode de qualification a changé pour cette édition 2024, ndlr). Mettez-vous à la place du sponsor qui a l’habitude de l’incertitude de cet univers… Si au mois de juin 2024, à quelques mois du Vendée, le processus de qualification fait que cet équipage, c’est-à-dire Clarisse et le bateau, n’est pas retenu pour participer au Vendée 2024, c’est tout un engagement et un investissement non négligeable qui s’écroulent. Je ne peux pas imaginer que Banque Populaire n’ait rien fait pour essayer de trouver une solution pour permettre, avec certitude, à Clarisse d’être au départ. Il ne s’agit pas de sexisme ou de maternité. C’est juste le problème d’un concurrent vis-à-vis des règles qui sont les mêmes pour tout le monde. A terme, peut-être qu’il faudra faire évoluer les règles en se servant de ce cas d’école. Mais il ne faut pas oublier que ce processus de qualification qui va jusqu’à juin 2024 est déjà engagé pour engranger un maximum de milles. On ne change pas les règles en cours de compétition juste parce qu’il y a un particulier qui coince.
En un an et demi, ne pensez-vous pas que Clarisse Crémer aurait eu le temps d’engranger les milles?
Il y a une incertitude non négligeable que ça ne passe pas.
Il y a quatre ans, Banque Populaire savait que Clarisse Crémer avait un projet de maternité. Et ils lui ont renouvelé leur confiance…
Quand Banque Populaire sollicite Clarisse pour le Vendée précédent (en 2020), elle n’est pas vraiment bankable. C’est quand même Banque Populaire qui, au début, a pris le risque de proposer à Clarisse. Pour le coup, parce que c’est une femme. Elle n’avait pas un CV énorme. Elle avait très peu d’expérience. Aujourd’hui ce n’est certainement pas de gaité de cœur que la décision est prise. Il y a eu certainement beaucoup de démarches entreprises pour trouver une solution.
Peut-elle trouver un autre sponsor d’ici 2024?
Si elle trouve un sponsor qui accepte de prendre le risque d’échouer en 2024, c’est un risque à prendre. Peut-être qu’une autre équipe que Banque Populaire prendra cette opportunité-là. Pourquoi pas?
Il n’y a pas de protection pour les femmes dans les règlements…
Il y en a dans d’autres sports mais c’est assez récent et c’est très bien, cela ne pose aucun problème. N’oublions pas qu’il n’y a pas de discrimination hommes-femmes dans les courses à la voile et notamment dans la course au large. C’est tant mieux. Après, qu’il faille modifier le règlement pour 2028, peut-être. Ce sera étudié. La question a peut-être déjà été posée. Peut-être faudra-t-il s’adapter mais le règlement, aujourd’hui, est comme il est. Et il faudra vivre comme ça jusqu’à la fin de ce Vendée Globe.