"Je tombe souvent dans les pommes": la vitesse des bateaux, un danger pour les skippers du Vendée Globe

Photo prise à bord de l'IMOCA Groupe Dubreuil de Sébastien Simon aligné sur le Vendée Globe 2024 - Vendée Globe
"On va déjà à 30 nœuds, à quoi bon naviguer à 40", s’interroge Romain Attanasio. C’est déjà le troisième Vendée Globe du skipper de Fortinet – Best Western mais sûrement le plus dur. "Je trouve que je fatigue plus que sur les deux autres, mais je n’avais pas le même bateau." La raison? Des IMOCA qui vont toujours plus vite. Les records de vitesse ne cessent en effet d’être battus depuis le début de la course, approchant les 40 nœuds, soit près de 75km/h.
"C’est délirant", déplore Romain Attanasio.
"Dans les conditions où la mer est forte et courte, le bateau part à 35 nœuds dans les vagues, s’emplafonne dans la vague d’en face et s’arrête à 15 nœuds. Tout ça à chaque vague. Les chocs sont énormes."
Des blessures à répétition
Conséquences de ces chocs, les bobos se multiplient. "On est surpris. Sur les dernières éditions, je n’avais pas autant d’appels. On a environ deux appels de skippers par jour", constate Laure Jacolot, médecin du Vendée Globe. La semaine dernière, Damien Seguin s’est notamment blessé au genou et au cou après avoir été propulsé sur un chandelier.
"A un moment, il va falloir faire une autocritique de notre sport", alerte le skipper d’Apicil.
"Peut-être qu’on va devoir revenir en arrière, accepter d’aller moins vite mais d’avoir moins de risques. Ce serait dommage qu’il y ait un gros accident un jour qui nous oblige à faire un gros virage."
"On se pose des questions"
Romain Attanasio, lui, a déjà fait plusieurs malaises à bord de son bateau. "Je tombe souvent dans les pommes, Laure Jacolot dit que je suis vagal", ironise le skipper. "Le bruit, le sifflement des foils ajoutés aux chocs ce n’est pas évident." La médecin du Vendée Globe constate aussi la multiplication des problèmes de digestion. "On se pose des questions avec ces bateaux qui vibrent plus. Ça a des répercussions sur le système digestif mais sur le cerveau aussi. Ils se plaignent de maux de tête, un peu comme les bébés secoués." Ce qui pousse aussi Romain Attanasio à se remettre en question.
"On repousse toujours la limite, il va falloir s’arrêter", soupire-t-il.
Devant, Charlie Dalin, Yoann Richomme et Sébastien Simon vont encore plus vite que le deuxième groupe. "Vivement le retour dans l’Atlantique", déclare le skipper du Groupe Dubreuil Sébastien Simon. Le trio de tête approche du point Nemo, le point du Pacifique le plus éloigné de toute terre.