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Port du voile dans le sport: "Certaines jeunes filles ont choisi d’arrêter", comment le volley applique l'interdiction des signes religieux

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Invité d’Apolline Matin sur RMC ce mercredi matin, Eric Tanguy, président de la Fédération française de volley-ball, s’est exprimé sur l’interdiction du port des signes ostentatoires religieux mis en place dans son sport cette saison et objet de crispations au sein du gouvernement.

Il a, en quelque sorte, devancé le débat actuel du gouvernement. Eric Tanguy, président de la Fédération française de volley-ball (FFVB) fait appliquer depuis cette saison l’interdiction du port de signes religieux au sein de son sport en professionnel, comme en amateur. La règle avait été votée lors d’un changement de statut en octobre 2023 avant d’être appliquée après plusieurs mois de pédagogie et de communication. Il y a un mois, le Sénat a adopté l’interdiction du hijab en compétition intégré à une proposition de loi LR. Alors qu’elle doit être validée par l’Assemblée Nationale à une date indéterminée, le débat a enflammé le gouvernement ces derniers jours.

En rappelant l’objectif du ministère des Sports de "donner accès à la pratique sportive à toutes et à tous", la ministre des Sports Marie Barsacq s’est attirée les foudres de plusieurs ministres dont ceux de l’Intérieur Bruno Retailleau et de la justice, Gérald Darmanin. Cela a provoqué un rappel à l’ordre du Premier ministre François Bayrou lors d’une réunion mardi au cours de laquelle il a insisté sur la nécessite de tenir un discours unique: à savoir soutenir la proposition de loi sur l’interdiction du hijab.

Eric Tanguy, président de la Fédération française de volley, partage cette ligne de conduite. "Je suis entièrement d’accord avec le Premier ministre", confie-t-il dans Apolline Matin sur RMC ce mercredi. "D’ailleurs, je pense que c’est du rôle de l’Etat et des parlementaires de statuer sur cette question. On décide d’une règle quelle qu’elle soit, je suis profondément attaché aux valeurs de mon pays et au respect de la loi. Dès l’instant qu’il y a une règle, on la met en application surtout lorsqu’on accepte de conduire la délégation de service publique, telle qu’elle est confiée à notre Fédération."

Certaines Fédérations (football, rugby, basket) partagent la même règle que le volley, d’autres (Hand, athlé, judo, tennis) non. "On n’a pas interdit uniquement le voile, on a interdit le port de tout signe religieux ostentatoire dans les compétitions, conformément à l’engagement républicain que nous signons", reprend Eric Tanguy. "Quand on s’engage à respecter les principes de la République, notamment celui de la laïcité, il faut aussi le mettre en œuvre et le sport est un lieu où toutes les religions et opinions politiques peuvent cohabiter entre elles. Le culte et la pratique d’une religion n’est pas acceptée dans nos compétitions puisque c’est un lieu laïc par définition."

Depuis sa mise en place, il constate "quelques petits problèmes" mais pas de "gros". "Je sais par des retours de présidents ou présidentes de clubs que certains arbitres sur des compétitions au regard des joueuses ou des entourages ont eu quelques difficultés à le mettre en place. Il a fallu discuter mais on n’a pas eu de gris problèmes."

Cette règle n’a pas, en tout cas, fait diminuer le nombre de pratiquants même si le dirigeant a constaté des cas de joueuses préférant abandonner la pratique en raison de cette interdiction. "La Fédération française de volley est en croissance de licenciés depuis la sortie du Covid", explique-t-il. "Nous étions 136.000 licenciés en 2021, nous sommes 222.000 aujourd’hui et sûrement en augmentation cette année. Ce point n’a pas eu d’impact mais je regrette que certaines personnes, ou certaines jeunes filles, aient choisi d’arrêter le volley-ball pour choisir une autre fédération afin de pratiquer leur sport parce qu’elles privilégient l’appartenance à leur religion plutôt que de participer à des compétitions. C’est un point de vue personnel."

NC