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Adrien Balduzzi: "Ce championnat du monde de para-athlétisme est une vraie réussite"

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À deux jours du terme de l’évènement, le directeur du championnat du monde para-athlétisme Paris 2023 se réjouit de l’affluence, de l’organisation et des performances des athlètes. Satisfaisant à un an des Jeux paralympiques.

Plus de 100.000 personnes étaient attendues sur l’ensemble de la compétition. Mais à l’œil nu, le stade Charléty semble loin de faire le plein…
Et pourtant, on va être à 105.000 personnes. On est en moyenne entre 10.000 et 15.000 spectateurs par jour répartis entre les animations dans les coursives et les tribunes. On est sur des jauges de 3.000 à 4.000 le matin et 6.000 à 8.000 le soir. Le stade fait 20.000, donc bien sûr que ça paraît vide. Mais il faut se dire qu’à Dubaï, lors des derniers championnats du monde, il y avait eu 5.000 personnes sur l’ensemble de l’évènement. La plupart des athlètes vous disent qu’ils n’ont jamais eu une atmosphère aussi belle dans un stade. On n’est pas encore où il faudra qu’on soit dans un an, mais on est au-dessus de ce qui se fait habituellement. Pour nous, c’est une vraie réussite. C’est de la billetterie payante, les gens viennent et reviennent. On est en train de créer une base de fans qu’on va pouvoir engager de plus en plus. L’enjeu de cet évènement était aussi là, d’acculturer le public.

Sentez-vous justement ce nouveau public conquis?
Le plus dur est de venir la première fois. Les gens nous disent: "Je ne pensais pas qu’ils (les athlètes) étaient capables de faire ce genre de performances, même moi en valide, je ne pourrais pas". Ça questionne les gens sur eux-mêmes. On sent les gens contents, on brasse des populations, on peut croiser un Iranien, un Israélien, un Brésilien et puis plus loin un bénévole et un membre du staff. Tout le monde est mélangé. Vous pouvez croiser un athlète à la buvette avec sa famille à disposition pour des photos. Ensuite, il y a le volume de personnes et là on ne s’attendait vraiment pas à être aussi haut. Dans les ventes de billets, on s’aperçoit que les gens ont racheté des billets après être venus. On a envoyé un mail à tous ceux qui avaient pris un billet depuis le début de la compétition leur offrant un billet pour lundi, histoire de finir en beauté.

Et battre ainsi un record d’affluence sur des championnats du monde para-athlétisme...
Oui, on est à 120.000 billets émis et aux alentours de 102.000 personnes qui sont réellement venues dans le stade. On veut marquer le coup et battre le record d’affluence sur ce dernier jour. Les athlètes, eux, seront en feu.

Un "test grandeur nature" pour les partenaires des Jeux paralympiques

À l’issue de cette matinée du 8e jour, 26 records du monde ont déjà été battus depuis le début de la compétition, comment l’expliquer?
Les conditions d’accueil et de la piste sont idéales pour les athlètes. En termes de températures et de soleil, on n’est pas mal. Et puis Charléty est un œuf. Quand vous êtes sur la piste, il y a très peu de vent, ça facilite la performance. Et puis il y a le matériel qui évolue. Prenez le fauteuil de Marcel Hug par exemple (champion du monde 1.500m et 5.000m ces derniers jours), il coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros. Quand vous avez un fauteuil en carbone qui a été fait en soufflerie, ça contribue à faire évoluer le sport. Enfin, l’engouement entre en jeu. Quand vous avez le clap sur la piste de saut en longueur au pied des tribunes, les athlètes n’ont pas l’habitude. Hier, les Américains faisaient des cœurs avec les doigts au public parce qu’ils sentent une ferveur qui les poussent.

En revanche côté Français, avec trois médailles de bronze actuellement, c’est une frustration...
On a beaucoup d’espoir pour ce (samedi) soir, il y a de belles chances de médailles (Kouakou en 400m T20, Fairbank, Brignone en 800m T53, Adolphe en 100m T11). On est certes un peu déçu en termes de résultat, mais il vaut mieux être en préparation et avoir ce niveau de performance à un an des Jeux plutôt que sur les Jeux. Ça permet de se remettre en question dès maintenant, de s’apercevoir que la réalité n’est plus la même, qu’il y a une amélioration de matériel et de performance depuis quatre ans et se remettre au boulot. On verra dans quelques mois si ç’a payé. Mais on y croit, une belle génération arrive derrière. La DTN et le service des sports sont performants, il n’y a pas de raison que ça ne le fasse pas dans un an.

Le test est-il pour vous concluant à un an des Jeux paralympiques de Paris ?
Concernant les indicateurs de performance organisationnelle, bon nombre d’entre eux sont réalisés. Pour nous ce n’est pas un test, ça reste un vrai championnat du monde. Pour l’environnement en revanche, que ce soit la RATP, les aéroports, l’hôtelier… c’est un test grandeur nature. Ils connaissaient peut-être le monde olympique, pas le monde paralympique. Ils ont pu voir toutes les spécificités et les adaptations qu’il va falloir dans un an et c’est bien de s’en rendre compte un an avant. Il y a beaucoup de détails à prendre en considération: les flux, les pentes, le temps pour monter dans le bus… Tenez, un exemple: la délégation indienne est arrivée à 40. On leur a mis un grand bus, mais chaque athlète avait trois valises plus deux fauteuils de lancer. Il a fallu rajouter deux autocars uniquement pour le matériel. Si on n’anticipe pas ça sur les Jeux, avec le volume qui sera encore plus massif, ça peut devenir très complexe.

Clément Brossard