"Beaucoup de personnes ont dit que c'était impossible": la joie revancharde de Jimmy Gressier après son sacre sur 10.000m

Et soudain, Jimmy Gressier a déboulé comme un boulet de canon. En milieu de peloton la majorité de la course, le Français a su se replacer à trois kilomètres de l'arrivée. Pas idéalement placé à l'entame du dernier tour, il a résisté avant de doubler ses concurrents dans une dernière ligne droite de légende. L'athlète de 28 ans a pu accélérer à 200m de l'arrivée pour s'offrir un sprint de haut vol et devancer en 28:55.77 l'Ethiopien Yomif Kejelcha (28:55.83) et le Suédois Andreas Almgren (28:56.02), remportant ainsi le titre sur le 10.000m des championnats du monde d’athlétisme à Tokyo. Gressier débloque par ailleurs le compteur de médailles de l'équipe de France au Japon.
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“Toute la course, je me suis parlé à moi-même. Je savais qu'on était sur des allures lentes. À deux tours de l'arrivée, je me disais 'personne ne veut y aller?' À partir de ce moment, je n'ai plus lâché la tête de course. Quand j'arrive dans le dernier 400m, ça s'excite. (...) J'ai fait un petit sprint comme si on me mettait une balle en profondeur au football. Le petit sprint du dernier 60m pour aller chercher le titre de champion du monde. Quand je rentre dans la dernière ligne droite, je me dis 'va chercher cette 3e place'. J'arrive 3e et je ne me satisfais pas de ça. Quand je passe devant, je me dis que c'est dur, il reste 30m. Ça se présente une fois, ça ne se représentera peut-être plus jamais de ta vie”, a-t-il rembobiné après la course.
"Beaucoup de personnes ont dit que c'était impossible"
Le fondeur, monté en puissance ces dernières années, reproduit la même fin de course qu'il y a quelques semaines à Zurich, quand il avait remporté la finale de la Ligue de Diamant dans un finish similaire sur 3000m, s'offrant alors l'Américain Grant Fisher (7:36.81), double médaillé olympique à Paris et huitième dimanche.
"Le 3000m m'a donné beaucoup d'espérances. Ça fait longtemps que je sais finir vite sur les entraînements. On a changé pas mal de choses avec mon entraîneur. J'arrive beaucoup moins cramé sur les courses. À l'époque, mon coach me disait que je pouvais suivre les meilleurs Africains. Je n'arrivais pas à le faire parce que je me cramais à l'entraînement. J'arrivais avec trop de confiance. Aujourd'hui, je contrôle beaucoup plus. C'est la maturité qui fait le résultat d'aujourd'hui. À la fin de la course, je me dis que je suis champion du monde. Je réalise sans top réaliser. Les émotions pour moi-même sont parfois difficiles à sortir. Je pleure plus quand je regarde The Voice et les gamins chanter que quand je suis champion du monde. Quand tu es dans l'action, tu fais ton job. Être champion du monde, ce n'est pas tous les jours. Le plus important, c'est que j'ai la médaille autour du cou. Je suis champion du monde, on ne pourra pas me l'enlever. Mes premières pensées vont à ma famille, mon staff."
"C'est pas bien de ne pas trop croire en moi, mais ce n'est pas grave"
Le nouveau roi du 10.000m en a également profité pour tacler ses détracteurs. "On a essayé de me faire du mal, de me faire passer pour quelqu'un que je n'étais pas. Vous me connaissez. Aujourd'hui, ça fait du bien d'avoir gardé ma ligne de travail. C'est la récompense pour le personnage que j'essaie d'être au quotidien. Beaucoup de copains disaient que j'avais une cote à 80, c'est pas bien de ne pas trop croire en moi, mais ce n'est pas grave. Beaucoup de personnes ont dit que c'était impossible (d'aller chercher un titre sur 10.000m) mais j'y ai toujours cru", a rappelé Gressier.
"Il y a des moments où on se prend quand même des claques. Je me rappelle Budapest où j'arrivais très fort (en 2023). À la cloche je pensais attaquer et je pensais finir champion du monde alors qu'au final je finis 9e. J'ai une petite pensée aussi pour David Douillet qui a été un peu méchant avec moi l'année dernière quand je ne profitais que d'un record de France et d'un moins de 27 minutes. L'année dernière j'étais blessé. Quand je suis arrivé aux JO, je n'étais pas à 100% de mes capacités mentalement et physiquement. J'ai besoin de temps pour savourer. Une petite bière va m'aider à savourer et me détendre."
Le Français, habitué aux podiums européens en cross, s'offre son premier titre international sur piste, lui qui avait terminé 12e des Jeux olympiques de Paris en explosant le record de France. Le titre acquis sur le 10.000m, Jimmy Gressier ne compte pas pour autant s'arrêter en si bon chemin. "J'espère que oui parce que je ne m'arrêterai pas là. J'aime la course à pied. J'aime me fixer des objectifs au quotidien. Je vais me concentrer sur le 5.000m." Les séries auront lieu vendredi 19 septembre, la finale est prévue le dimanche 21 septembre, le dernier jour des Mondiaux.