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Mondiaux d'athlétisme: pourquoi Hilary Kpatcha est une vraie chance de médaille pour la France en finale de la longueur

Hilary Kpatcha aux Championnats du monde d'athlétisme à Tokyo, le 13/09/2025

Hilary Kpatcha aux Championnats du monde d'athlétisme à Tokyo, le 13/09/2025 - Ben STANSALL / AFP

La France de l’athlétisme croise les doigts pour débloquer son compteur médaille dès le deuxième jour de compétition, ce qui soulagerait tout le monde, grâce à Hilary Kpatcha. La Toulousaine dispute la finale de la longueur ce dimanche à partir de 13h40 heure française. Grâce à un saut à 6m85 au Stade National de Tokyo, elle a terminé les qualifications avec la deuxième meilleure performance des engagées. La suite logique d’une saison de haut-vol, qui l’a vu tout changer dans son entourage et flirter avec le record de France.

Hilary Kpatcha retombe toujours sur ses pattes et en cette fin mai, c’est à 3 petits centimètres du record de France de Eunice Barber qu’elle a atterri. "J'arrive en ayant fait la meilleure saison de ma vie. Je ne sais pas si le record tombera bientôt, mais en grand championnat, c’est la place qui compte." 7m02 validés en mai 2025, record personnel, plus très loin donc du record national de 7m05 vieux de 22 ans déjà.

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"Je vise la plus haute place, je ne dis pas forcément le titre de championne du monde, mais la plus haute place." A 27 ans, se retrouver dans cette position est déjà exceptionnel pour cette athlète à qui on prédisait tout l’or du monde, avant de connaître des blessures à répétition. En bronze lors des championnats du monde U20 en 2016, elle devient championne d’Europe U23 en 2019 et incarne l’avenir des Bleus.

De Toulouse à l’INSEP, nouveau coach, nouveau manager

Un avenir tout tracé mais la fragilité de la jeune femme va la freiner sans cesse. "Cette année, j’ai beaucoup travaillé la technique de course mais surtout, on a bossé sur mon corps. Avant, j’avais toujours des soucis aux ischios, aux adducteurs, au bassin, au dos. Je suis une planche de bois. Raide ! Donc plutôt que de travailler la musculation avec charge lourde, on bosse sur la souplesse et l’élasticité."

Plus globalement, Hilary Kpatcha a tout changé dans sa vie en après les JO de Paris 2024. "J’ai déménagé de Toulouse pour venir à l’INSEP. Avec Kafétien Gomis (deux fois médaillé européen à la longueur) comme coach et Renaud Longuèvre qui coordonne mon projet. Cela m’a fait beaucoup de bien, ça m’enlève de la charge mentale là où avant je portais seule mon projet." Une réussite majeure pour le moment puisque la saison s’est déroulée sans blessure et avec des résultats, trois podiums en Diamond League et le titre de championne de France notamment.

30cm de gagnés par rapport aux Jeux olympiques de Paris

Renaud Longuèvre, ancien manager de l’équipe de France dans ses grandes années, se satisfait de la performance de son athlète lors des qualifications de ces championnats du monde. "Elle a très bien maîtrisé. Le premier essai (6m54) est un peu timide, un peu crispé car elle sait qu’elle a plus à perdre qu’à gagner. Par contre, elle a très bien réagi sur le deuxième avec un bon niveau d’engagement."

Un saut à 6m85 et Kpatcha peut retourner au frais, déjà qualifiée en finale avec la deuxième meilleure performance derrière l’Américaine Tara Davis. La progression par rapport à la saison dernière est nette, puisqu’aux Jeux olympiques de Paris, elle s’était extirpée à l’arrache des qualifications avec un bond 6m59, pour finir 11e de la finale olympique avec seulement 6m54.

Une première médaille féminine aux Mondiaux depuis 2017 ?

Cette fois tout va mieux pour l’ex-prodige de la longueur. "Je suis régulière autour des 6m80. C’est une marque qui permet de gagner des meetings, voire des Diamond League. L’objectif est d’avoir un nouveau pic à 7m car si on regarde les statistiques, les derniers podiums des grandes compétitons se jouent autour des 7m." Une réelle ambition pour Hilary Kpatcha, extrêmement détendue et souriante à l’approche de la grande finale. Renaud Longuèvre, maître en séance de motivation, sait que tout est possible, même si le titre de championne du monde sera difficile à aller chercher.

"Tara Davis me semble archi favorite. Elle est championne olympique et s’est qualifiée très facilement (6m88 dès le premier essai). Sa vitesse d’approche est ultra impressionnante. Mais en qualif, le saut d’Hilary avait de la réserve sur la planche. Il y a moyen d’aller plus loin que ses 6m85. Il faut sauter loin et voir le classement dans un deuxième temps." Aucune française n’est montée sur un podium mondial depuis 2017 déjà (Mélina Robert-Michon au disque) et à la longueur, il faut même remonter à 2005 avec Eunice Barber.

Aurélien Tiercin, à Tokyo