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"Je veux créer un laboratoire de l’athlétisme": Renaud Lavillenie fonde son propre club, ENVOL

Le perchiste Renaud Lavillenie en juin 2022

Le perchiste Renaud Lavillenie en juin 2022 - Icon Sport

Le champion olympique 2012 de saut à la perche, Renaud Lavillenie, ne portera plus les couleurs jaune et bleu du Clermont Athlé. Cela lui trottait dans la tête depuis plusieurs années déjà. Il a donc décidé de fonder sa propre structure, ENVOL, un club d’athlétisme multidisciplines qui n’est pas lié à un territoire en particulier. Avec comme modèle notamment l’académie de tennis de Rafael Nadal aux Baléares. L'ancien recordman du monde a détaillé les ambitions de son nouveau projet pour RMC Sport.

Renaud Lavillenie, qu'est-ce que ENVOL? Un nouveau club d’athlétisme classique?

Au sens historique du terme, non, ce n’est pas un club classique. Le but n’est pas de participer aux interclubs, ce n’est pas d’avoir X licenciés. Mais c’est une association de loi 1901 affilié à la Fédération française d’athlétisme, comme n’importe quel club en France. Le but est de faire la promotion de l’athlé, d’organiser des événements, comme ce que j’ai fait avec le All Star Perche, mais tout au long de l’année et dans plusieurs disciplines.

Que veut dire ENVOL?

J’ai mis pas mal de temps à trouver ce nom déjà, quelque chose qui me corresponde et qui ne soit pas basique en mode club machin chose… ENVOL a plusieurs sens: s’envoler littéralement comme avec le saut à la perche mais s’envoler personnellement, s’élever dans la vie. Pour l’instant, ce sont les prémices du projet. Avec le All Star Perche, j’ai l’événement, les animations, la découverte de la perche mais il me manquait la structure. Pour la première année, il n’y pas d’objectif, je ne vais pas recruter des athlètes.

Et tout ca n’était pas possible dans un club traditionnel, avec le Clermont Athlé par exemple?

Le monde associatif a très peu évolué depuis trop longtemps alors que la société et la consommation du sport beaucoup. Pour toutes ces raisons, il était plus facile de partir d’une page blanche et s’émanciper d’un club classique, avoir une vision à long terme. En étant athlète et dirigeant du club, je veux créer un laboratoire de l’athlétisme, des événements, aider les jeunes dans leurs carrières.

Le rêve ultime c’est de créer une académie comme celles de Rafael Nadal ou Patrick Mouratoglou en tennis?

Oui ce sont des grosses inspirations, c’est clair. Je veux créer une passerelle pour les jeunes vers l’athlé, être un centre de formation comme on peut en voir dans les sports collectifs. Un club traditionnel, aujourd’hui, cela ne va pas plus loin que de participer aux championnats de France. Faire grandir l’athlétisme c’est l’objectif, cela n’a pas été intégré par les clubs, pas poussé au bout en tout cas. C’est le moment de me lancer, j’ai 9 mois pour créer les premières briques et les mutations pourront commencer.

Mais de quelles structures disposez-vous?

Pour l’instant, on s’entraînera au stadium Jean-Pellez à Aubière. Il n’appartient pas au club de Clermont Athlé mais à la métropole donc je peux l’utiliser au même titre que n’importe quel club. Je n’ai pas voulu qu’ENVOL soit associé à un territoire en particulier car c’est un modèle qui pourrait s’exporter ailleurs.

Mais vous, Renaud Lavillenie, êtes aujourd’hui presqu’un symbole de Clermont, très lié en tout cas à l’image de la ville. N’est-ce pas paradoxal de ne pas vous y associer?

Il faut être objectif, même si je faisais partie du club de Clermont Athlé, je n’en portais le maillot que deux fois par an, pour les championnats de France. Le reste du temps, c’était le maillot de la France ou de mon équipementier. Et dans les faits, ENVOL sera auvergnat. Je n’ai pas besoin d’appartenir à une entité locale particulière pour être auvergnat. Les collectivités locales sont au courant de tout cela et n’y voient pas de problèmes.

"Entraîner c’est dans un coin de ma tête mais je me vois plus comme un consultant"

D’autres athlètes vont suivre dans ce projet?

La structure vient juste de se lancer. Et si je voulais recruter mon frère Valentin ou les frères Collet ou d’autres perchistes, il faudrait d’abord trouver un gros chèque. Il faut les payer les gars! L’idée n’est pas de construire une grosse team d’athlètes mais de former les jeunes. Il y a une seule athlète recrutée quand même: ma fille (Iris qui a 5 ans)!

Il fallait cinq licenciés pour pouvoir créer le club. Mais ce n’est pas aberrant, ma fille vient très souvent au stade avec moi. Ensuite, entraîner c’est dans un coin de ma tête mais je me vois plus comme un consultant. Le scénario idéal dans un premier temps c’est d’avoir un entraîneur rémunéré et moi pour chapeauter quelques séances, apporter mon expérience.

Vous allez participer aux championnats de France cet été avec le maillot d’ENVOL donc?

Absolument mais je n’ai pas encore de maillot officiel. Je ne fais pas de saison hivernale pour reposer une tendinite de l’été dernier donc j’ai un peu de temps devant moi, créer un logo qui claque. Mais j’ai déjà déposé les couleurs, ce sera bleu rose et blanc. C’est déjà les couleurs de ma casaque pour les chevaux, ou même de ma tenue de mariage!

Propos recueillis par Aurélien Tiercin